8. Le Paradoxe de l'« Adventisme Historique »

Mise en ligne Mai 17, 2012 par Etoile du Matin dans Le Fondement de Notre Foi

 

Le Paradoxe de l’ « Adventisme Historique »

 

   Le premier chapitre du « Fondement de notre Foi » donne un court historique sur la manière dont nos doctrines ont été élaborées. Les quatre points suivants ont été établis au sujet de nos doctrines :

 

 

   Nous avons également appris que pendant le développement de nos doctrines « une lumière était accordée pour nous aider [les pionniers du début] à comprendre les Ecritures touchant Christ, sa mission, et son sacerdoce. » (Spécial Testimonies, Series B, no. 2, p. 56, 57) Sa mission, telle qu’elle est révélée par l’incarnation, et son sacerdoce dans l’expiation du sanctuaire furent développés dans les chapitres 2 à 7. Nous avons vu que la Bible, l’Esprit de Prophétie, et les pionniers étaient tous d’accord au sujet de ces doctrines. Ces doctrines sont véritablement « historiques », par rapport à la structure du fondement de l’église. Il nous faut encore étudier la vérité quant à la nature du Christ avant l’incarnation. Notre compréhension de la nature du Christ affectera directement notre compréhension de la doctrine de Dieu, et c’est là que commence notre paradoxe de « l’Adventisme historique ».

   Le dictionnaire définit le mot « paradoxe » comme « une croyance contraire à l’opinion reçue, » ou comme « une affirmation contradictoire qui, à première vue, semble vraie » (Webster’s New Collegiate Dictionary, 11ème édition) [1]. Alors qu’il y eut un temps durant lequel on a essayé de cacher l’enseignement passé de l’église à ce sujet, comme dans Questions on Doctrine et Movement of Destiny, la tendance actuelle est d’utiliser nos enseignements passés comme arguments contre ceux qui prétendent être des « Adventistes historiques ». Remarquez le défi posé par l’Eglise Adventiste du Septième Jour, tel qu’il fut publié dans Issues [2] :

   Pour ceux qui souhaiteraient définir l’ « Adventisme historique » en termes de contenu doctrinal spécifique, la date de 1872 pose un véritable dilemme. Pour s’en tenir à ce qui liait les Adventistes de cette époque, il faudrait exclure toute référence à la nature du Christ, ou à un type d’obéissance particulier. Si quelqu’un souhaitait cependant défendre d’autres éléments de cette époque, et les considérer comme facteur liant pour aujourd’hui, (bien que les Adventistes de cette époque plus reculée refusaient d’être liés par autre chose), la question se pose : Serait-il prêt à accepter tout le contenu de cette époque ? Les défenseurs modernes du soi-disant Adventisme historique sont-ils vraiment prêts à retourner à une position non-Trinitaire ? (Issues, p. 39)

   L’église, et presque tous les ministères indépendants affirment croire à la doctrine de la Trinité. Issues affirme que les premiers Adventistes n’y croyaient pas. A travers Issues, l’église demande assez logiquement comment les indépendants peuvent prétendre être « historiques », tout en refusant d’accepter la doctrine de Dieu telle qu’elle fut enseignée par nos pionniers, d’où le paradoxe de l’ « Adventisme historique ». Ce problème fut évincé par l’un des principaux penseurs du mouvement indépendant. Dans un livret, par ailleurs bien écrit et sérieusement considéré, Ralph Larson écrivit :

   Tout comme nous l’avons bien expliqué dans nos écrits publiés, nous comprenons et utilisons le terme « historique » pour nous référer aux vérités défendues par quasiment tous les Adventistes avant l’apparition du livre Questions on Doctrine, en 1957.

   Nous n’ignorons pas l’histoire de notre église. Nous sommes bien conscients que la formation de nos doctrines fut un processus graduel, les principes de base ayant été établis durant les premières années, d’autres perfectionnements étant arrivés plus tard. Nous sommes également bien conscients de la différence entre « repères » et « piliers » de notre foi, ainsi que d’autres choses moins importantes.

   Mais ces choses ont été clarifiées, et notre théologie fut perfectionnée bien avant 1957, et lorsque nous nous décrivons comme « Adventistes historiques », nous nous référons à la foi commune d’avant 1957. Une fois de plus, cela est clairement dit dans nos écrits.

   C’est pourquoi nous sommes surpris de lire les dix-huit pages du livre Issues traitant de l’Adventisme historique, pages 35-53. Le chapitre en question nous demande de nous pencher sur les premières années de l’expérience des Adventistes du Septième Jour pour définir le terme « Adventisme historique ». Dans le cadre de notre discussion présente, cela n’a que peu, ou pas d’intérêt. Nous parlons d’avant-1957, et non d’avant-1857. (Issues : The Real Issue, the Side Issues, and the Pseudo Issues, pp. 39, 40) [3]

   Les deux points doctrinaux majeurs, discutés dans ce livret, sont l’incarnation et l’expiation. Nous acceptons de plein gré que ces doctrines semblent n’avoir quasiment pas changées de 1857 à 1957. Ainsi, pour ces doctrines, défendre la théologie d’avant-1957, ou celle de 1857 reviendrait presque à la même chose, d’après leurs angles d’approche. On ne pourrait pas dire la même chose au sujet de la doctrine de Dieu. L’auteur du livret en question affirme que les « principes de base » de notre foi furent établis durant nos premières années. En fait, cet auteur a écrit une excellente étude pour documenter que les points fondamentaux furent établis au début. D’après les écrits d’Ellen G. White, la période à laquelle ils furent établis fut en 1850 ; c’est pourquoi nous ne devrions pas être surpris de trouver le défi posé par l’église, tel qu’il est publié dans Issues. On ne peut absolument pas considérer la doctrine de la Divinité comme un petit problème, quelque chose de secondaire. L’église et les ministères indépendants ont tous deux montré, que ce soit au travers de leurs publications récentes ou de leurs cassettes, qu’ils considèrent la doctrine de Dieu comme une question majeure. En fait, la plupart réagissent rapidement pour défendre leur point de vue, et attaquer tout ce qui ne s’accorde pas avec leur position chérie.

   Les faits sont clairs et indéniables, et prouvent que les pionniers de l’Eglise Adventiste du Septième Jour croyaient en une doctrine distinctement différente de la doctrine Trinitaire actuelle. Chercher à considérer la pensée Adventiste du début « comme un cancer confiné, grossier mais limité, » (The Sanctuary and the Atonement, p. 530) comme le fit Froom, serait sérieusement malhonnête. Le témoignage de l’histoire ne laisse aucun doute. Les premiers Adventistes du Septième Jour étaient tous anti-Trinitaires. Qu’est-ce que cela signifie pour nous, aujourd’hui ? Sœur White affirme que Dieu nous a donné la vérité dans notre expérience des débuts. Comment allons-nous donc expliquer le changement ? Que disent les écrits d’Ellen G. White à ce sujet ? Mais avant tout, que disent les Ecritures au sujet de cette doctrine des plus importantes ? Alors que certains semblent désespérés de voir une controverse exploser au sujet de la doctrine de Dieu, nous devrions nous réjouir de ce que Dieu nous donne à chacun une occasion d’étudier ce sujet pour nous-même afin d’avoir la vérité, pure et sans mélange. Le conseil suivant nous a été donné :

   Il n’y a absolument pas de protection contre l’erreur, si ce n’est la vérité.

   Ils sont nombreux dans l’église à considérer ce qu’ils comprennent et ce qu’ils croient comme un acquis ; mais ils ne connaissent pas leur propre faiblesse jusqu’à ce qu’une controverse survienne. Alors qu’ils seront séparés de ceux qui partagent la même foi, et obligés de défendre et d’expliquer tout seuls leur croyance, ils seront surpris de réaliser combien confuses sont leurs idées quant à ce qu’ils avaient accepté comme vérité…

   Cette lumière devrait nous conduire à une étude diligente des Ecritures, ainsi qu’à un examen très poussé des positions qui sont les nôtres… Les croyants ne doivent pas se reposer sur des suppositions et des idées mal définies de ce qui constitue la vérité. Leur foi doit être fermement fondée sur la Parole de Dieu, afin que lorsque le temps d’épreuve arrive, et qu’ils sont conduits devant des conciles pour donner les raisons de leur foi, ils puissent être à même de donner une raison de l’espérance qui est en eux, avec douceur et crainte… (God’s Amazing Grace, p. 30) [4]

   Ceux qui désirent sincèrement la vérité ne refuseront pas d’exposer leurs positions à l’investigation et à la critique, et ne seront pas agacés si l’on ne partage pas leurs opinions et leurs idées.

   Nous avons beaucoup de leçons à apprendre, et beaucoup, beaucoup plus à désapprendre. Seul Dieu et le ciel sont infaillibles. Ceux qui pensent ne jamais avoir à abandonner une position chérie, ou ne jamais avoir l’occasion de changer d’opinion, seront déçus. (The Review and Herald, 26 juillet 1892) (Voir aussi Counsels to Writers and Editors, p. 37)

   Nous allons commencer par examiner les croyances de nos pionniers. La position de l’église de l’époque peut être comprise à la lumière des vues qu’entretenaient ses dirigeants au sujet de la Divinité.

 

Joseph Bates

   Ils sont peu nombreux, parmi les premiers Adventistes, à avoir autant été estimés que Joseph Bates. Débutant à l’âge de quinze ans, il passa les vingt-et-une années suivantes de sa vie comme marin et capitaine. On l’appelait chaleureusement « Capitaine Bates ». Dans son autobiographie, il nous révèle non seulement ses premières expériences dans le christianisme, mais également sa position quant à la doctrine de la Trinité [5] :

   Durant le printemps de l’année 1827, nous fûmes bénis par un réveil religieux à Fairhaven, tout particulièrement dans l’Eglise Chrétienne. [6] A cette époque, mon propre esprit était plus ou moins exercé à s’unir avec d’autres groupes de chrétiens. Pendant plusieurs années avant notre mariage, ma compagne avait été membre de l’Eglise Chrétienne. Suite à notre mariage, j’ai assisté aux services avec elle lorsque j’étais chez moi, et je me suis plus ou moins familiarisé avec leurs positions Bibliques. Ils prenaient les Ecritures comme leur seule règle de foi et de pratique, et renonçaient à tout credo.

   Mes parents étaient membres de l’Eglise Congrégationaliste, établie depuis longtemps. Jusque là, tous leurs enfants s’étaient convertis, et ils espéraient que nous nous unirions aussi à eux. Mais ils embrassaient quelques éléments de foi que je ne pouvais pas comprendre. Je n’en nommerai que deux : leur mode de baptême, et la doctrine de la trinité… Concernant la trinité, je conclus qu’il était impossible pour moi de croire que le Seigneur Jésus-Christ, le Fils du Père, était aussi le Dieu Tout-puissant, le Père, un seul et même Être. Je dis à mon père, ‘Si tu peux me convaincre que nous sommes un dans ce sens, que tu es mon père et que je suis ton fils ; et aussi que je suis ton père et que tu es mon fils, alors je peux croire en la trinité.’ (The Autobiography of Elder Joseph Bates, p. 204, 205)

   Bates rejoignit l’Eglise Chrétienne, puis aida plus tard à construire le bâtiment de l’Eglise Chrétienne de Washington Street à Fairhaven, dans le Massachusetts, où il avait grandi. Bates écrivit son autobiographie en 1868, juste quatre années avant sa mort en 1872. Il n’y a pas le moindre indice nous disant qu’il ait changé de position au cours des 45 années depuis 1827. A sa mort, Joseph Bates ne croyait pas en la Trinité.

 

L’Eglise Chrétienne

   Avant de poursuivre au cas par cas l’étude de la position des pionniers de l’Eglise Adventiste du 7ème Jour, intéressons-nous à l’Eglise Chrétienne, dont Bates était membre. Cela nous sera profitable par la suite.

   De nombreux prédicateurs du Retour étaient issus de l’Eglise Chrétienne. Joshua Himes, l’un des plus forts défenseurs de William Miller, est particulièrement intéressant. Dans sa thèse de maîtrise, Erwin Gane nous donne l’histoire suivante de l’Eglise Chrétienne :

   L’Eglise Chrétienne a débuté aux environs de 1800. Aucun individu n’est reconnu comme le dirigeant, ou le fondateur de la secte. Ses membres étaient issus d’un bon nombre de confessions religieuses plus conservatrices telles que les ‘Calvinistic Baptists’, les ‘Free-will’, et les ‘Six-principle Baptists’, les Méthodistes et les Presbytériens. Etant donné leurs expériences variées, les membres gardèrent leurs diverses opinions sur le plan doctrinal. Himes nous montre que la caractéristique distinctive de ce groupe naissant était la « tolérance universelle ». En ce qui concerne la doctrine de la Trinité, Himes écrivit, « Ils étaient tout d’abord Trinitaires ; par la suite, ils ont presque unanimement rejeté la doctrine de la Trinité comme non scripturaire. » (Erwin Gane, The Arian, or Anti-Trinitarian Views Presented in Seventh-day Adventist Literature and the Ellen G. White Answer, p. 7, Juin 1963) [7]

   La citation de Himes donnée ci-dessus a été tirée d’un article qu’il écrivit sur l’Eglise Chrétienne pour l’Encyclopédia of Religious Knowledge, [8] du Rév. T. Newton Brown. Ainsi, sa position est d’autorité non seulement pour lui-même, mais aussi pour d’autres. Gane commente : « Il est très significatif que Himes, l’un des pères spirituels de l’Eglise Adventiste du Septième Jour, ait défendu ces doctrines. Il est encore plus significatif que d’autres pionniers de cette Eglise avaient été membres de l’Eglise Chrétienne, avant d’accepter les croyances de l’Adventisme du Septième Jour. » (Idem, p. 8) Le plus significatif est peut-être que l’un de ces pionniers était James White.

 

James White

   Aucun homme n’a eu une aussi grande influence sur le mouvement Adventiste naissant que le Pasteur James White, écrivain prolifique, prédicateur dynamique, et administrateur capable. Baptisé à l’âge de quinze ans, James White était membre de l’Eglise Chrétienne, tout comme Joshua Himes et Joseph Bates. Après avoir entendu William Miller prêcher, en 1842, il devint un adhérent enthousiaste de la doctrine Adventiste. L’année d’après, il fut consacré pasteur, puis il se maria avec Ellen G. Harmon par la suite.  Bien qu’il mourut à l’âge précoce de soixante ans, il fut un moteur du peuple Adventiste pendant plus de trente-cinq ans. Ses vues avaient du poids dans l’église, et étaient représentatives de l’Adventisme à ses débuts. L’une des premières affirmations au sujet de la Trinité par le Pasteur James White fut publiée dans une des premières éditions du The Day Star. Dans un exposé au sujet de Jude 3 et 4, il écrivit :

   La façon dont les spirites se sont débarrassés du seul Seigneur Dieu et de notre Seigneur Jésus-Christ fut tout d’abord l’emploi du vieux credo non biblique de la trinité, c’est-à-dire que Jésus est le Dieu éternel, bien qu’ils n’aient pas un passage pour le soutenir, alors que nous avons le témoignage abondant et manifeste des Ecritures, qu’il est le Fils du Dieu Eternel. » (The Day Star, 24 juillet 1846)

   Six années plus tard, le Pasteur White réfuta l’affirmation selon laquelle les « commandements de Dieu » et la « foi de Jésus » reviennent au même. Il affirma :

   Le fait d’affirmer que les paroles du Fils et de ses apôtres sont les commandements du Père est aussi loin de la vérité que la vieille absurdité trinitaire enseignant que Jésus-Christ est le Dieu éternel lui-même. (The Review & Herald, 5 août 1852)

   Alors que l’année d’après le pasteur White partageait le message avec les lecteurs de l’Ouest, il décrivit une rencontre avec le « frère Cottrell » (le père de Roswell F. Cottrell), et affirma la chose suivante à son sujet :

   Le frère Cottrell a près de quatre-vingt ans, et se souvient du jour obscur de 1780 ; il a été un observateur du sabbat depuis plus de trente ans. Il fut précédemment uni aux Baptistes du 7ème Jour, mais différait de ce corps de croyants sur certains points de doctrine. Il rejeta la doctrine de la trinité, la doctrine de l’état conscient des morts entre la mort et la résurrection, ainsi que la punition éternelle des méchants dans un état conscient. Il croyait que les méchants allaient être détruits. Frère Cottrell enterra récemment sa femme, que l’on disait être l’une des excellentes de la terre. Peu de temps après, ce pèlerin âgé reçut une lettre de certains amis du Wisconsin, prétendant être de Mme Cottrell, sa femme, qui dort en Jésus. Mais lui, croyant que les morts ne savent rien, était préparé à rejeter d’un bloc cette hérésie selon laquelle les esprits des morts, sachant tout, reviennent et conversent avec les vivants. La vérité le soutient dans son âge avancé. Il a trois fils à Mill Grove qui, avec leurs familles, sont des observateurs du Sabbat. (The Review and Herald, 9 juin 1853) [9]

   Alors qu’il était éditeur de la Review, le Pasteur White publia les citations suivantes du Catéchisme Doctrinal Catholique, qui montraient que les protestants ne se fondaient pas uniquement sur les Ecritures :

Q. Avez-vous d’autres preuves que les protestants ne se fondent pas sur les écritures ?

R. Oui ; tellement que l’on ne peut en citer que quelques-unes dans ce petit ouvrage. Ils rejettent bien des choses clairement établies dans les Ecritures, et en professent plus que celles contenues dans ce Livre Divin.

Q. Donnez-en des exemples.

 R. Si les Ecritures étaient leur seule règle de conduite, ils devraient pratiquer le lavement des pieds, d’après le commandement de Jésus dans Jean 13. Ils ne devraient pas observer le dimanche, mais le samedi, d’après le commandement, « Souviens-toi du jour du sabbat pour le sanctifier », car ce commandement n’a ni été changé, ni abrogé dans les Ecritures.

Q. Avez-vous d’autres arguments pour prouver que l’Eglise a le pouvoir d’instituer des fêtes ou des préceptes ?

R. Si elle n’avait pas ce pouvoir, elle n’aurait pas pu faire ce qu’approuvent tous les théologiens modernes, elle n’aurait pas pu substituer l’observance de dimanche, premier jour de la semaine, à celle du samedi, septième jour de la semaine, un changement pour lequel on ne trouve pas d’autorité scripturaire.

Q. Remarquez-vous d’autres vérités importantes enseignées par l’Eglise, mais qui ne sont pas clairement établies dans les Ecritures ?

A. La doctrine de la Trinité, une doctrine certainement nécessaire au salut, n’est pas explicitement et clairement établie dans les Ecritures, dans le sens protestant de l’interprétation de l’Ecriture par l’Ecriture. (The Review and Herald, 22 août 1854) [10]

   En 1856, le Pasteur White écrivit l’affirmation suivante en réponse à une « communication… d’un ami estimé » : [11]

   Le ‘mystère de l’iniquité’ commença à œuvrer dans l’église à l’époque de Paul. Il étouffa finalement la simplicité de l’évangile, et corrompit la doctrine de Christ, et l’église alla dans le désert. Martin Luther, et d’autres réformateurs, se levèrent avec la force de Dieu, et munis de la Parole et de l’Esprit, firent des pas de géant dans la Réforme. La plus grande faute que nous pouvons reprocher à la Réforme est que les Réformateurs aient cessé de réformer. S’ils avaient continué, allant de l’avant, jusqu’à l’abandon total des derniers vestiges papaux, tels que l’immortalité naturelle, l’aspersion, la trinité, et l’observance du dimanche, l’église serait à présent libre de ses erreurs anti-scripturaires. » (J. S. White, Review & Herald, 7 février 1856)

   Comme nous l’avons vu, alors qu’il était l’éditeur de la Review le Pasteur White écrivit et publia des articles exprimant des positions non-Trinitaires. Il publia également la Déclaration de Foi de 1872 dans la première édition de The Signs of the Times, en 1874. Cette déclaration non-Trinitaire dit en partie :

   I. Il y a un seul Dieu, personnel, être spirituel, le créateur de toutes choses, omnipotent, omniscient, éternel ; de sagesse infinie, saint, juste, bon, véritable et miséricordieux ; qui ne connaît l’ombre d’un changement, et qui est partout présent par son représentant l’Esprit Saint. Ps. 139 : 7.

   II. Il y a un seul Seigneur Jésus-Christ, le Fils du Père Eternel, par qui Il créa toutes choses, et par lequel elles consistent. (A Declaration of the Fundamental Principles Taught and Practiced by the Seventh-day Adventists [12]). [13]

   Le pasteur D.E. Robinson qui épousa la petite-fille aînée de James White, et qui était « très proche de la famille White, affirma dans une interview que James White n’a jamais accepté la doctrine de la Trinité. » (Christy Matthewson Taylor, The Doctrine of the Personality of the Holy Spirit as Taught by the Seventh-day Adventist Church up to 1900, [14] p. 7, 8) Russell Holt écrit avec perspicacité :

   L’évidence de ses écrits semble indiquer que depuis son affiliation spirituelle avec l’Eglise Chrétienne jusqu’à sa mort à l’âge de 60 ans, James White s’opposa à la doctrine de la trinité, sur la double base de la logique et des Ecritures, tout en maintenant un concept précis de la position exaltée du Christ, et de sa divinité. La conclusion obtenue est intrigante étant donné sa relation unique et particulière avec la messagère du Seigneur, qui était son épouse. Elle était sûrement au courant de son opinion à ce sujet. L’approuvait-elle ? Si non, pourquoi a-t-il maintenu sa croyance ? S’est-elle simplement retenue de le corriger ? Pourquoi ? Les questions qui se posent sont fascinantes, mais difficiles à satisfaire. Au moins pour James White lui-même, on peut démontrer qu’il fût un anti-trinitaire cohérant. (Holt, op. cit., p. 7)

 

La Trinité, rejetée par les Adventistes Historiques

   Joseph Bates et James White n’étaient pas les seuls à maintenir une position anti-Trinitaire. Les premiers Adventistes, avec leurs expériences variées, rejetaient la position Trinitaire pour différentes raisons.

   L’un des arguments les plus fréquemment cités par les premiers Adventistes pour rejeter la doctrine de la Trinité était qu’elle ne pourvoyait qu’à un sacrifice humain à la croix, au lieu d’un sacrifice divin. La position Trinitaire demandait une Christologie à deux natures, humaine et divine, avec une séparation permanente de ces deux natures, dont seule la nature humaine mourut à la croix. Au contraire, la Christologie des pionniers consistait en une nature, la nature divine et la nature humaine étant « mélangées » en une seule. En 1868, J.H. Waggoner (le père de E.J. Waggoner), publia son œuvre, The Atonement. [15] Une seconde édition fut publiée en 1872, et une édition augmentée, en 1884. Dans le chapitre intitulé « La Doctrine de la Trinité, subversive à l’Expiation », il écrit ce qui est représentatif de l’ « Adventisme Historique » :

   Je vais sans doute sembler irrévérent pour beaucoup de parler de cette façon de la doctrine d’une trinité. Mais nous pensons qu’ils devront voir la chose sous un angle différent, s’ils étudient calmement et candidement les arguments que nous allons présenter. Nous savons que nous écrivons avec le sentiment le plus profond de révérence pour les Ecritures, et avec le plus grand respect pour toute Ecriture, et tout fait Scripturaire. Mais la révérence pour les Ecritures n’implique pas nécessairement la révérence pour les opinions humaines quant aux Ecritures.

   Nous n’avons aucunement l’intention de présenter quelque argument que ce soit quant à la doctrine de la trinité qui n’ait pas un rapport avec le sujet considéré, c’est-à-dire l’Expiation.

   De nombreux théologiens pensent vraiment que l’expiation, en rapport avec sa dignité et son efficacité, dépend de la doctrine d’une trinité. Mais nous ne voyons pas ce qui les lie. Au contraire, les adeptes de cette doctrine tombent vraiment dans la difficulté qu’ils semblaient anxieux d’éviter. Leur difficulté est la suivante : ils considèrent le rejet d’une trinité comme étant équivalant à un rejet de la divinité du Christ. Si cela était le cas, nous devrions nous accrocher à la doctrine d’une trinité aussi tenacement que possible ; mais ce ne l’est pas. Ceux qui ont lu nos remarques sur la mort du Fils de Dieu savent que nous croyons fermement à la divinité du Christ ; mais nous ne pouvons accepter l’idée d’une trinité, comme le font les trinitaires, sans abandonner notre idée de la dignité du sacrifice offert pour notre rédemption. 

   Nous voyons ici comment les extrêmes les plus éloignés se rejoignent remarquablement dans la théologie. Les Trinitaires les plus hauts et les Unitaires les plus bas sont parfaitement en accord quant à la mort du Christ – la foi des deux se rejoint dans le Socinianisme. Les Unitaires croient que Christ était un prophète, un enseignant inspiré, mais seulement humain ; que sa mort n’était que la mort d’un corps humain. Les Trinitaires maintiennent que le terme « Christ » comprend deux natures distinctes et séparées ; l’une qui fut seulement humaine ; l’autre, la deuxième personne de la trinité, qui vécut dans la chair pendant une brève période, mais qui ne pouvait pas souffrir, ou mourir ; que Christ qui mourut était seulement la nature humaine dans laquelle la divinité avait vécu. Les deux catégories ont un sacrifice humain, et rien de plus. Peu importe combien le Fils préexistant était exalté, peu importe combien glorieux, combien puissant, ou même combien éternel il était ; si l’humanité seule mourut, le sacrifice était seulement humain. Et aussi loin que la mort substitutive du Christ est concernée, il s’agit là du Socinianisme. Ainsi, la remarque suivante est juste : la doctrine d’une trinité dégrade l’Expiation, étant donné que sa base ne repose que sur un sacrifice humain. (The Atonement in the Light of Nature and Revelation, [16] p. 164-166 ; édition de 1884)

 

Uriah Smith

   Ecrivant dans The Review and Herald du 27 mars 1888, Uriah Smith répondit à un article du Free Methodist, [17] de Chicago. C.E. Harroun Jr., l’auteur de l’article, avait proposé « l’idée selon laquelle Christ n’avait pas une double nature alors qu’il était ici sur la terre ». Smith avait répondu à cela : « Il n’a pas répondu à l’assertion faite par les Adventistes du Septième Jour selon laquelle si seule la partie humaine mourut, le monde ne reçoit qu’un sacrifice humain, et non un sacrifice divin, comme nous le défendons. » (The Review and Herald, 27 mars 1888)

   La vue commune de la doctrine de la Trinité ne pourvoyait qu’à un sacrifice humain ! Les pionniers des débuts cherchaient à élever le sacrifice du Christ à un plus haut niveau, celui d’un sacrifice divin.

 

J.M. Stephenson et « L’Expiation »

   Certaines des idées précédentes au sujet de la nature de l’expiation en rapport avec la doctrine de la Trinité furent rédigées par J.M. Stephenson. Du 22 août au 5 décembre 1854, la Review publia une série de neuf articles de première page par Stephenson, sous le titre, « L’Expiation ». Au début de la série, James White, éditeur de la Review, encouragea les lecteurs à « lire attentivement chaque article lors de sa publication ». Après avoir discuté la vue Unitaire du sacrifice, Stephenson poursuit en discutant de la vue Trinitaire du sacrifice :

   La vue Trinitaire est, je pense, tout aussi critiquable. Ils prétendent que le Fils de Dieu avait trois natures distinctes en même temps ; soit, un corps humain et une âme humaine, unis avec sa nature Divine : le corps étant mortel, l’âme étant immortelle, et la Divinité co-égale, co-existante, et co-éternelle avec le Père éternel. Et bien, pas un seul des avocats de cette théorie n’affirme que son âme ou sa Divinité mourut. [Pour eux], seul le corps de cet être triple mourut « la mort de la croix » ; c’est pourquoi, d’après cette vue (qui présente la mort du Christ comme le grand sacrifice expiatoire pour les péchés du monde), nous n’avons que le sacrifice de la partie inférieure du Fils de Dieu – son corps humain. (The Review and Herald, 21 novembre 1854)

   Pour Stephenson, la position Trinitaire est diamétralement opposée à ce qui est écrit dans Esaïe 53 : 12, « il a répandu son âme dans la mort » (Version King James). Au lieu d’un Christ qui offrit toute sa personne (« âme » – nephesh) comme sacrifice pour les péchés du monde, Stephenson estimait que les Trinitaires ne présentaient que le sacrifice inapproprié d’un corps humain. A l’incarnation, Christ « ne perdit pas son identité personnelle dans sa transition de Dieu à homme, de la Parole à la chair. » (Idem.) Commentant Jean 1 : 14, il affirma :

   « La Parole, » « Dieu », « le seul engendré du Père », fut fait chair ; non pas que la chair fut faite, puis la Parole placée dedans ; ou unie à elle, mais « la Parole fut faite chair ». L’implication naturelle de ce langage est que le seul engendré du Père fut réellement converti en chair, et comme la chair indique la vraie nature des êtres pour lesquels il devint un substitut, nous pouvons raisonnablement supposer qu’il devint chair ; que la nature Divine fut faite humaine ; non, que la substance même par laquelle il était originellement composé fut convertie en chair ; autrement, il ne serait pas un vrai homme, un vrai substitut pour l’homme. Pour l’être, il doit représenter la nature de l’homme, tout autant que sa condition. (Idem.)

   L’un des auteurs ayant influencé les écrits de Stephenson au sujet de l’expiation fut Henry Grew. Grew était un pasteur Baptiste, « champion de la vue Conditionnaliste, qui persuada George Stoors et Charles Fitch – et confirma ainsi nos propres vues Conditionnalistes des débuts en temps qu’Adventistes. » (Movement of Destiny, p. 155) Dans la dernière section de son étude en neuf parties, Stephenson cita l’œuvre de Henry Grew, An examination of Divine Testimony of the Nature and Character of the Son of God, comparant l’enseignement de Jésus-Christ et de ses apôtres avec celui des Trinitaires :

Jésus-Christ et Ses Apôtres

 

Les Trinitaires

Pour nous il n’y a qu’un seul Dieu, le Père. 1 Cor. 8 : 6

 

Pour nous il n’y a qu’un seul Dieu, le Père, le Fils et le Saint-Esprit.

Mon Père est plus grand que moi. Jean 14 : 28 (KJV)

 

Le Fils est aussi grand que le Père.

Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création. Col. 1 : 15

 

Qui est le Dieu invisible, le Jéhovah incréé.

Pour ce qui est du jour et de l’heure, personne ne le sait, ni les anges dans le ciel, ni le Fils, mais le Père seul. Marc 13 : 32

 

Le Fils est omniscient, et connaissait ce jour aussi bien que le Père.

Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Mat. 28 : 18. Selon que tu lui as donné pouvoir sur toute chair, afin qu’il accorde la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. Jean 17 : 2

 

Il n’y a aucun pouvoir donné qui puisse qualifier le Fils de Dieu à donner la vie éternelle à son peuple.

Dieu, qui a créé toutes choses par Jésus-Christ. Eph. 3 : 9 Par lequel il a aussi créé le monde. Héb. 1 : 2

 

Jésus-Christ a créé toutes choses par son propre pouvoir indépendant.

Révélation de Jésus-Christ, que Dieu lui a donnée. Ap. 1 : 1

 

Révélation de Jésus-Christ, par sa propre omniscience.

Car il y a un seul Dieu, et aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ homme. 1 Tim. 2 : 5

 

Il y a un seul médiateur entre Dieu et les hommes ; qui est également le Dieu suprême et homme en une seule personne.

Qui renient Dieu le seul Souverain et notre Seigneur Jésus-Christ. Jude 4

 

Qui renient Dieu le seul Souverain, et notre Seigneur Jésus-Christ, qui est aussi Dieu le seul Souverain, et une personne distincte.

Jésus de Nazareth, cet homme à qui Dieu a rendu témoignage devant vous par les miracles, les prodiges et les signes que Dieu a opérés par lui au milieu de vous. Actes 2 : 22 (KJV)

 

Jésus fit ses miracles par sa propre omnipotence.

Car comme le Père a la vie en lui-même, ainsi il a donné au Fils d’avoir la vie en lui-même. Jean 5 : 26

 

Le Fils existe par lui-même.

Je vis par le Père. Jean 6 : 57

 

Le Fils vit par lui-même.

Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Mat. 3 : 17.

 

Celui-ci est le seul vrai Dieu, la même essence numérique que le Père.

Afin qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. Jean 17 : 3

 

Afin qu’ils te connaissent, toi qui n’est pas le seul vrai Dieu, distinctement de celui que tu as envoyé.

Afin qu’au nom de Jésus tout genoux fléchisse (…) et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. Phil. 2 : 10, 11.

 

Afin qu’au nom de Jésus tout genoux fléchisse – et que toute langue con-fesse que Jésus-Christ est Seigneur à sa propre gloire. (The Review and Herald, 5 décembre 1854)

   Le Comité de Recherches Bibliques Adventiste du Septième Jour écrivit que « la Christologie de Stephenson avait assurément l’intention d’honorer Christ, et aussi de corriger des conceptions erronées quant aux souffrances du Christ. » (The Sanctuary and the Atonement, [18] p. 532) Le Comité de Recherches affirma plus loin : « En effet, d’après Stephenson, la condescendance du Christ en laissant Sa divinité afin de devenir un homme était si grande, qu’il nous faut réaliser que Son expérience terrestre n’était qu’une partie de Son sacrifice en notre faveur. » (Idem) En finissant la section appelée, « Expiation, Christologie, et la Trinité », le comité affirma que « l’anti-Trinitarisme des débuts …ne peut être justement accusé de vouloir rabaisser notre Seigneur. Il œuvra avec amour pour élever les conceptions populaires au sujet de l’expiation. Movement of Destiny n’aurait pas eu besoin d’être embarrassé. » !  (Idem, p. 533)

   En 1869, la Review imprima un article écrit par Roswell F. Cottrell. Le père de Cottrell était le R.F. Cottrell auquel James White s’était référé plus haut. Cet article est significatif, car d’après Arthur White, il « présente bien l’attitude des pionniers et des croyants quant à la Trinité, » et révèle ce qu’ils pensaient au sujet de Jésus-Christ. [19]

 

« La Doctrine de la Trinité », par R.F. Cottrell

   Réimprimé de la Review and Herald, 1er juin 1869.

   Celle-ci a été une doctrine populaire et considérée comme orthodoxe depuis que l’évêque de Rome fut proclamé pape par sa force. On estime que c’est une hérésie dangereuse de la rejeter ; mais chaque personne a le droit d’expliquer cette doctrine à sa propre manière. Tous semblent penser devoir y adhérer, mais chacun dispose d’une liberté parfaite pour réconcilier ses déclarations contradictoires ; c’est ainsi qu’une multitude de vues sont défendues par ses amis, tous orthodoxes, je suppose, aussi longtemps qu’ils adhèrent nominalement à la doctrine.

   Pour ma part, je ne me suis jamais senti appelé à l’expliquer, ni à l’adopter et à la défendre, et je n’ai pas non plus prêché contre elle. Mais j’estime probablement autant le Seigneur Jésus-Christ que ceux qui se nomment Trinitaires. Ceci est la toute première fois que je prends le stylo pour dire quelque chose concernant cette doctrine.

   Mes raisons pour ne pas l’adopter, ni la défendre, sont : 1. Son nom n’est pas biblique – La Trinité, ou Dieu trin, est inconnue de la Bible ; et j’ai entretenu l’idée que des doctrines nécessitant des mots inventés dans la pensée humaine pour les exprimer, sont des doctrines inventées. 2. Je ne me suis jamais senti appelé à adopter et à expliquer ce qui est contraire à tout le bon sens et à toute la raison que Dieu m’a donnés. Toutes mes tentatives pour expliquer un tel sujet ne le rendraient pas plus clair pour mes amis.

   Mais si l’on me demande ce que je pense de Jésus-Christ, ma réponse est : je crois tout ce que les Ecritures disent de lui. Si le témoignage le représente comme étant dans la gloire avec le Père avant l’existence du monde, je le crois. S’il est dit qu’il était au commencement avec Dieu, qu’il était Dieu, que toutes choses ont été faites par lui et pour lui, et que rien de ce qui a été fait n’a été fait sans lui, je le crois. Si les Ecritures disent qu’il est le Fils de Dieu, je le crois. S’il est déclaré que le Père envoya son Fils dans le monde, je crois qu’il avait un Fils à envoyer. Si le témoignage dit qu’il est le commencement de la création de Dieu, je le crois. S’il est dit qu’il est l’éclat de la gloire du Père, et l’image expresse de sa personne, je le crois. Et lorsque Jésus dit, ‘Moi et mon Père sommes un,’ je le crois ; et lorsqu’il dit, ‘Mon Père est plus grand que moi,’ je crois également cela ; il s’agit de la parole du Fils de Dieu, et indépendamment de cela, c’est parfaitement raisonnable et semble aller de soi.

   Si l’on me demande de quelle façon je crois que le Père et le Fils sont un, je réponds qu’Ils sont un dans un sens non contraire au bon sens. Si le ‘et’ de la phrase signifie quelque chose, le Père et le Fils sont deux êtres. Ils sont un dans le sens où Jésus a prié pour que ses disciples soient un. Son langage est, afin qu’ils soient un, ’tout comme nous sommes un’.

   On pourrait objecter : ‘Si le Père et le Fils sont deux êtres distincts, ne transgressez-vous pas le Décalogue, en adorant le Fils, et en l’appelant Dieu ?

   Non ; c’est la volonté du Père ‘que tous les hommes honorent le Fils, tout comme ils honorent le Père’. Nous ne pouvons pas transgresser un commandement, et déshonorer Dieu, tout en lui obéissant. Le Père dit du Fils, ‘que tous les anges de Dieu l’adorent’. Si les anges devaient refuser d’adorer le Fils, ils se rebelleraient contre le Père. Les enfants héritent du nom de leur père. Le Fils de Dieu a, par hérédité, obtenu un nom plus excellent que les anges. Ce nom est le nom de son Père. Le Père dit du Fils, ‘Ton trône, ô Dieu, est éternel’. Héb. 1 : 8. Le Fils est appelé ‘Dieu puissant’. Esaïe 9 : 6. Et lorsqu’il reviendra à nouveau vers la terre, son peuple qui l’attendra s’exclamera : ‘Voici, c’est notre Dieu’. Esaïe 25 : 9. En faisant cela, nous rendons un honneur suprême au Père. Si nous déshonorons le Fils, nous déshonorons le Père ; car il nous demande d’honorer son Fils.

   Mais bien que le Fils soit appelé Dieu, il y a un ‘Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ’. 1 Pierre 1 : 3. Bien que le Père dise au Fils, ‘Ton trône, ô Dieu, est éternel’ , ce trône lui est donné de son Père ; et puisqu’il aima la justice, et détesta l’iniquité, il dit plus loin, ‘c’est pourquoi, ô Dieu, ton Dieu t’a oint d’une huile de joie au-dessus de tes égaux’. Héb. 1 : 9. ‘Dieu a fait Jésus Seigneur et Christ’. Actes 2 : 36. Le Fils est le ‘Père éternel’, non de lui-même, ni de son Père, mais de ses enfants. Son langage est : ‘Moi et les enfants que Dieu m’a donnés’. » (Italiques dans l’original)

   Le souci de Cottrell n’était pas seulement d’expliquer aux Trinitaires pourquoi il ne pouvait pas être d’accord avec eux, mais, bien plus, il souhaitait présenter sa croyance au sujet de Jésus-Christ. Cottrell, tout comme Waggoner, insistait sur le fait que Christ est Divin et mérite l’adoration. Bien qu’ils n’attribuaient pas à Christ les concepts de co-égalité et de co-éternité avec le Père,  ils ne considéraient pas Christ comme un être créé, mais plutôt comme le Fils littéral et engendré. Tout en ne cherchant pas à décrire la manière dont Christ vint à l’existence, ils croyaient que les Ecritures pensaient littéralement ce qu’elles disaient au sujet du Christ, le Fils de Dieu.

 

Origines papales – Fondations païennes

   Un autre pionnier Adventiste à avoir rejeté l’enseignement Trinitaire fut J.N. Loughborough. Dans un article de la Review, Loughborough répond à la question : « Quelles objections sérieuses y a-t-il à l’encontre de la doctrine de la Trinité ? » (Review and Herald, 5 novembre 1861) Loughborough répondit : « Il y a de nombreuses objections que l’on pourrait émettre, mais vu notre espace limité, je les réduirai aux trois suivantes : 1. Elle est contraire au bon sens. 2. Elle est contraire aux Ecritures. 3. Son origine est païenne et fabuleuse. » (Idem.) Alors que pour les deux premiers points il suit des raisonnements semblables à ceux des autres pionniers, Loughborough introduit également l’origine païenne de la doctrine. Il écrit :

   3 – Son origine est païenne et fabuleuse. Au lieu de nous conduire vers les Ecritures pour nous prouver la trinité, on se réfère au trident des Perses, en affirmant que « de cette manière, ils voulaient nous enseigner l’existence d’une trinité, et s’ils avaient la doctrine de la trinité, ils avaient dû la recevoir par la tradition du peuple de Dieu. Mais toutes ces choses sont des suppositions, car il est certain que l’église juive ne soutenait pas une telle doctrine. Mr Summerbell nous disait : « L’un de mes amis, étant dans une synagogue de New York, demanda au Rabbi d’expliquer le mot ‘Elohim’. Un trinitaire du clergé, se trouvant justement là, répondit, ‘‘Eh bien, cela se réfère aux trois personnes de la Trinité ». C’est alors qu’un Juif s’avança et lui dit de ne plus mentionner ce nom, ou il se verrait obligé de le contraindre à quitter le bâtiment ; car dans la synagogue, il n’était pas permis de mentionner le nom d’un dieu étranger, quel qu’il soit. » (Discussion entre Summerbell et Flood au sujet de la Trinité, p. 38) Milma, dit que l’idée du Trident est fabuleuse. (Histoire de la chrétienté, p. 34)

   Cette doctrine de la trinité entra dans l’église à la même époque que le culte des images, l’observance du jour du soleil, et n’est ni plus, ni moins, que la doctrine Perse remodelée. Depuis sa première apparition, il fallut environ trois cent années pour en faire ce qu’elle est maintenant. Elle débuta vers 325 ap. JC, et sa formulation ne fut pas complétée avant 681. (Idem.) [20]

   Loughborough retrace l’histoire de la doctrine de la Trinité de ses origines païenne à son admission papale. Cette admission papale fut reconnue par A.T. Jones. Dans un article de la Review, « Nécessité Historique du Message du Troisième Ange », Jones présente Michael Servetus comme opposant Calvin, et « la doctrine Catholique de la Trinité. » (The Review and Herald, 17 juin 1884) En 1891, Jones publia son œuvre monumentale, The Two Republics [21]. Le chapitre 14, intitulé « Etablissement de la Foi Catholique », se penche sur la doctrine de la Trinité et son acceptation dans l’église papale. Le Handbook for Today’s Catholic, [22] une publication d’après Vatican II, affirme que la doctrine de la Trinité est la doctrine fondamentale de l’Eglise Catholique !

   Le mystère de la Trinité est la doctrine centrale de la foi Catholique, sur laquelle se fondent toutes les autres doctrines de l’Eglise. Dans le Nouveau Testament, il est souvent question du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Une lecture attentive de ces passages bibliques conduit à une conclusion inévitable : chacune de ces Personnes est présentée comme ayant des qualités qui ne peuvent appartenir qu’à Dieu seul. Mais s’il n’y a qu’un seul Dieu, comment cela peut-il être possible ?

   L’Eglise étudia ce mystère avec un soin particulier et, après quatre siècles de clarification, elle décida de définir la doctrine de la façon suivante : dans l’unité de la Divinité il y a trois personnes – le Père, le Fils, et le Saint-Esprit – réellement distinctes les unes des autres. Ainsi, dans les termes du Credo d’Athanase : « Le Père est Dieu, le Fils est Dieu, et le Saint-Esprit est Dieu, et pourtant il n’y a pas trois dieux, mais un Dieu. » (Handbook for Today’s Catholic, p. 16 ; 1994)

   Remarquez l’admission franche de l’écrivain Catholique Graham Green, au sujet du statut non scripturaire de la doctrine de la Trinité :

   Nos opposants [les Protestants] prétendent parfois qu’aucune croyance ne devrait être dogmatiquement maintenue, si elle n’est pas explicitement présentée dans les Ecritures (ignorant que ce n’est que par l’autorité de l’Eglise que nous reconnaissons la véracité de certains Evangiles plutôt que d’autres). Mais les Protestants ont accepté des dogmes tels que celui de la Trinité, pour laquelle il n’existe pas d’autorité précise dans les Evangiles… (Graham Green, « The Catholic Church New Dogma : The Assumption of Mary, [23] » Life, 30 octobre 1950)

 

 

« Si les Ecritures disent qu’il est le Fils de Dieu, je le crois. S’il est déclaré que le Père envoya son Fils dans le monde, je crois qu’il avait un Fils à envoyer. » (R.F. Cottrell, The Review and Herald, 1er juin 1869)

 



[1] N.T. : Le Petit Larousse Illustré donne la définition suivante : Pensée, opinion contraire à l’opinion commune. retour

[2] N.T. : Issues est un livre qui fut publié par l’Eglise Adventiste, au sujet des ministères indépendants en son sein. retour

[3] Problèmes : Le vrai problème, les autres problèmes, et les faux problèmes. retour

[4] La grâce étonnante de Dieu. retour

[5] Ellen White l’a hautement recommandé comme une bonne lecture pour nos jeunes gens, l’appelant un « trésor ». (Voir The Review and Herald, 11 décembre 1879) retour

[6] The Christian Connectionretour

[7] Les Vues Ariennes ou Anti-Trinitaires, présentées dans la littérature des Adventistes du Septième Jour, et la réponse de Ellen G. White. retour

[8] L’Encyclopédie de la connaissance religieuse. retour

[9] Dans un magazine trimestriel, Russell Holt commenta : « En comptant la trinité parmi les doctrines qui n’étaient pas retenues par les Adventistes du Septième Jour, James White implique au moins l’approbation du ‘frère Cottrell’ de la réjection de la doctrine. Cela est particulièrement vrai à la lumière de sa propre déclaration récente contre la trinité. (Russel Holt, The Doctrine of the Trinity in the Seventh-day Adventist Denomination : Its Rejection and Acceptance, p. 5) retour

[10] Cela fut également publié par Uriah Smith dans The Review and Herald du 24 septembre 1859. retour

[11] Seules les initiales H. M. furent données. retour

[12] Une déclaration des Principes Fondamentaux enseignés et pratiqués par les Adventistes du Septième Jourretour

[13] Ces « principes fondamentaux » furent présentés comme « une courte déclaration de ce qui est et a très largement été sa position [de notre peuple] » (préface des croyances). La même déclaration fut publiée dans les Yearbooks [livres de l’année] de 1889, de 1905, et ceux de 1907 à 1914. La préface disait en partie : « Les propositions suivantes peuvent être considérées comme un résumé des caractéristiques principales de leur foi religieuse, au sujet desquelles il y a, aussi loin que nous le savons, unanimité dans le corps entier. » (Yearbook de 1889) L’affirmation imprimée en 1872 affirmait qu’elles étaient « très largement » acceptées. Le préface du Yearbook de cette même déclaration déclara qu’il y avait « jusque là », aussi loin qu’ils le savaient, « unanimité dans le corps entier ». Voir appendice, p. 341, pour une copie complète de la Déclaration de 1872. retour

[14] La doctrine de la personnalité du Saint-Esprit, telle qu’elle fut enseignée dans l’Eglise Adventiste du Septième Jour jusqu’en 1900retour

[15] L’Expiationretour

[16] L’Expiation, à la lumière de la nature et de la Révélationretour

[17] Méthodiste libre. retour

[18] Le Sanctuaire et l’Expiationretour

[19] Voir Robert Diener, A History of the Godhead in the Seventh-day Adventist Church, p. 2. retour

[20] Voir Appendice p. 350 pour l’article entier. retour

[21] Les deux Républiques. retour

[22] Manuel du Catholique d’Aujourd’huiretour

[23] Le Nouveau Dogme de l’Eglise Catholique : l’Assomption de Marieretour