Deux manières de lire la Bible

Mise en ligne Sep 21, 2014 par Etoile du Matin dans Coin Enfants

Deux manières de lire la Bible

   Voudrais-tu un autre chapitre, chère Liliane ? » demanda Katie Everard à sa cousine invalide qu’elle était venue soigner.

« Pas maintenant, merci ; ma tête est fatiguée », telle fut la réponse.

   Katie ferma sa Bible avec un léger désappointement. Elle savait que la maladie de Liliane était incurable, et quelle serait la meilleure manière pour se préparer à la mort que d’entendre constamment la lecture de la Bible ? Liliane pourrait certainement écouter, si elle n’avait pas assez de force pour lire elle-même.

   Katie ne se sentait jamais tranquille avant d’avoir parcouru au moins deux ou trois chapitre quotidiennement, sans compter une portion des Psaumes ; elle avait déjà lu la Bible entière plusieurs fois. Et là Liliane, dont les jours sur cette terre étaient comptés, était fatiguée après la lecture d’un seul petit chapitre !

« Quelque chose ne va pas, certainement » pensa Katie, qui n’avait jamais garder le lit un seul jour pour cause de maladie. « C’est triste lorsqu’un mourrant n’attache pas beaucoup de prix à la Parole de Dieu. »

« Liliane, » dit-elle, essayant d’adoucir le ton dur de sa voix, « je pensais que maintenant que tu es si malade, tu trouverais un réconfort tout spécial dans les Ecritures. »

   Liliane avait fermé ses yeux languissants, mais elle les ouvrit, et fixa son doux regard sur sa cousine et répondit : « Mais c’est le cas – elles me soutiennent ; j’ai médité toute la matinée sur un verset. »

« Quel est ce verset ? » demanda Katie.

« Je le verrai, et il me sera favorable » commença Liliane lentement ; mais Katie lui coupa la Parole –

« Je connais parfaitement ce texte – il se trouve dans le livre de Job ; il vient tout de suite après ‘Je sais que mon Rédempteur est vivant,’ et ce verset est : ‘Je le verrai, et il me sera favorable ; mes yeux le verront, et non un autre.’ »

« Que comprends-tu dans l’expression ‘et non un autre’ ? » demanda Liliane.

« Je n’ai jamais particulièrement considéré ces mots », répondit Katie. « Leur as-tu trouvé une signification particulière ? »

« Ils me semblaient difficiles, » répondit l’invalide, « jusqu’à ce que je lise que dans la Bible allemande cette partie du texte est un peu différente ; puis j’ai cherché dans ma propre Bible, et j’ai trouvé que dans la marge le mot est le même que dans la traduction allemande. »

« Je ne regarde jamais les références de la marge, » dit Katie, « bien que j’ai une grande Bible qui les contienne. » 

« Je les considère comme une aide remarquable pour comparer l’Ecriture avec l’Ecriture, » observa Liliane.

   Katie resta silencieuse pendant quelques secondes. Elle avait pris soin de lire chaque jour une large portion de la Bible, mais elle n’avait jamais recherché à ‘marquer, apprendre et digérer pour soi-même.’ Elle demanda maintenant plus humblement à sa cousine : « Quel est le mot qui se trouve dans la marge de la Bible, au lieu de ‘autre’ dans ce texte difficile ? »

« Un étranger, » répondit Liliane ; puis, joignant ses mains, elle répéta le passage tout entier, passage qui l’avait nourrit avec tant de délice : « Je le verrai, et il me sera favorable ; Mes yeux le verront, et non un étranger. »

« Oh ! Katie, » continua la jeune fille mourante, tandis que les larmes lui montaient aux yeux, « si seulement tu savais quelle douceur j’ai trouvé dans ce verset, toute la matinée, tandis que la douleur m’accablait ! Je suis dans la Vallée de l’Ombre – je vais bientôt traverser cette sombre rivière ; je le sais : mais Il sera avec moi, et non un ‘étranger’. Il est le Bon Berger, et je connais Sa voix ; je ne suivrais pas un étranger. 

« Oh ! » continua Liliane, « au grand matin de la résurrection, c’est le Seigneur Jésus que je verrai, mon Sauveur, mon tendre Ami, et non un ‘étranger’. Enfin je verrai Celui que j’ai aimé sans même Le voir. »

   Liliane ferma à nouveau ses yeux, et de grosses larmes coulèrent le long de ses joues pales ; elle avait parlé plus qu’elle n’en avait la force, mais ses paroles n’avaient pas été dîtes en vain.

« Liliane a retiré plus de réconfort et de profit dans un verset – non, dans quatre mots de la Bible que je n’en ai retiré du livre tout entier, » médita Katie. « Je n’ai fait que lire les Ecritures, - elle a médité sur elles. Je ressemble à quelqu’un qui ne fait que flotter sur la surface des eaux dans lesquelles se trouvent des perles ; Liliane y a plongé profondément et y a trouvé un trésor pour elle-même. »

            The King’s daughter, compilation d’histoires par J. E. White.

            Traduit de l’anglais. Copyright 1910.