Le jeune et beau pasteur

Mise en ligne Sep 22, 2014 par Etoile du Matin dans Coin Enfants

Le jeune et beau pasteur,

par Ella M. Robinson

   Voudriez-vous savoir comment Ellen Harmon, ma grand-mère, fit la connaissance de James White, qui devint son mari ? Voici l’histoire :

   Un jour, William Jordan et sa sœur invitèrent Ellen à se rendre avec eux à Orrington, une ville située à plus de 200 kilomètres vers le nord-est.

- Nous devons ramener un cheval et un traîneau que nous avons empruntés à un jeune pasteur adventiste appelé James White. Il a des ennuis avec quelques fanatiques. Si vous veniez avec nous, vous pourriez peut-être arranger les choses.

   Ce fut une décision difficile à prendre pour Ellen. Etait-ce vraiment son devoir d’y aller ? Elle redoutait la rencontre avec ces fanatiques. Et pourtant, elle avait promis d’aller partout où le Seigneur voudrait qu’elle aille. Elle pria, et il lui fut répondu que si elle entreprenait ce voyage avec une pleine confiance en Dieu, il enverrait un ange pour lui montrer ce qu’il faudrait faire et la protéger de tout mal.

   Bientôt Ellen et ses deux amis glissaient sur la neige au rythme des clochettes du traîneau et des sabots du cheval. Après un voyage qui dut prendre près de deux jours, ils atteignirent leur destination tard dans l’après-midi. Fatiguée par le long voyage, Ellen ne fit pas très attention au jeune pasteur à qui elle fut présentée ce soir-là.

   Le lendemain matin, après avoir prié ensemble, les trois amis décidèrent d’aller visiter, avec James White, le jeune pasteur, une famille qui demeurait près de la ville. James les conduirait avec le traîneau et le cheval qu’ils lui avaient ramenés.

   Quand ils arrivèrent, ils remarquèrent plusieurs traîneaux dans la cour et demandèrent :

-Y a-t-il une réunion ici aujourd’hui ?

- Non, leur répondit-on. Ces gens sont venus pour différentes raisons. C’est par hasard qu’ils sont arrivés à peu près en même temps.

   Ellen se souvint de la promesse qu’un ange l’accompagnerait. L’ange avait-il rassemblé ces personnes afin qu’elles puissent entendre le message de Dieu ? Tout le monde fut rassemblé au salon, et on demanda à Ellen de raconter ses visions. Elle se leva et se mit à parler, mais elle fut interrompue par un cri :

- Gloire ! Alléluia !

   Quelques-uns se mirent à battre des mains en sautant et en criant. Ellen s’arrêta dans son récit et leur parla sérieusement :

- Est-ce ainsi que se comportent des chrétiens ? Je ne lis nulle part dans la Bible que le Christ et ses disciples se soient jamais conduits d’une manière aussi déplacée. N’est-il pas notre exemple ?

   James White ouvrit alors sa Bible et lut que Dieu est un Dieu d’ordre, et non de confusion ; et que le Saint-Esprit parle au cœur par « un murmure doux et léger ». Il dit :

- Satan vous pousse à agir de cette façon afin que vos voisins en viennent à haïr de nom d’adventiste et ne veuillent plus jamais vous entendre parler du retour de Jésus.

   Après avoir quitté cette maison, les visiteurs se rendirent chez une autre famille, et pendant les semaines qui suivirent, ils organisèrent des réunions dans plusieurs villes des environs. Quelques fois, ils rencontraient des gens aux idées étranges. Un homme prêchait que Jésus était revenu sur la terre, avait ressuscité les morts et les avait emmenés au ciel.

- Ne savez-vous pas, demanda Ellen, que lorsque Jésus reviendra en puissance et en gloire, on entendra la trompette de Dieu dans le monde entier ; les saints qui sont morts dans le Seigneur seront rappelés à la vie, et ceux qui seront vivants seront transformés et « enlevés… à la rencontre du Seigneur dans les airs » ? Est-ce que cet événement a déjà eu lieu ? vous n’avez pas encore vu le Christ revenir en puissance et en gloire.

   Certaines personnes croyaient qu’il était de leur devoir de faire de longs voyages à pied afin de gagner le salut. D’autres jeûnaient, refusant de rien manger pendant plusieurs jours de suite, et ils insistaient pour que leurs amis fassent de même. Certains acceptaient comme venant du Seigneur toutes les idées qui leur passaient par la tête. Dès qu’ils s’imaginaient devoir faire une certaine chose, ils se précipitaient, sans s’arrêter pour se demander s’ils faisaient plaisir à Jésus et obéissaient aux instructions qu’il avait données dans la Bible.

   Chez une famille, une réunion avait déjà commencé quand James White, Ellen et ses amis arrivèrent. Quelqu’un à l’intérieur les vit arriver et ferma vite la porte à clef. « Au nom du Seigneur », Ellen ouvrit cette porte fermée et ils entrèrent. Quel étrange spectacle s’offrit à leurs yeux ! Une femme était allongée par terre, pleurant d’une façon pitoyable, et mettant les autres en garde de ne pas écouter Ellen Harmon. Ellen s’agenouilla près d’elle et, au nom de Jésus, elle chassa l’esprit mauvais qui la possédait. La femme se leva et reprit tranquillement sa place avec les autres. Elle n’interrompit plus la réunion, tandis qu’Ellen parlait de Jésus, qui rend les disciples bons, purs et raisonnables.

   Jour après jour, les visiteurs se rendaient de maison en maison, transmettant les messages de Dieu et reprenant les fanatiques. Dans bien des endroits, ils trouvèrent les croyants troublés par ces bruyants religionistes. Certains avaient donné l’impression, par leurs cris, que les adventistes n’étaient qu’un groupe de chahuteurs. Certains voisins avaient même porté plainte à la police.

   A l’entrée d’une ville, des sentinelles étaient postées pour empêcher tout pasteur de venir tenir des réunions. Mais le traîneau qui transportait les messagers du ciel glissa tranquillement devant les gardes. Une fois de plus, elle pensa à la promesse qu’un ange l’accompagnerait, et elle remercia Dieu qui avait permis que les sentinelles ferment les yeux.

   Les dernières réunions furent heureuses. Les faiseurs de trouble avaient été apaisés, et les humbles disciples de Jésus remercièrent Ellen Harmon et les Jordan d’être venus de si loin pour les aider, ainsi que leur jeune pasteur, à établir l’ordre dans leurs réunions.

   A la dernière réunion d’Orrington, Ellen vit dans une courte vision que son travail dans cette région était terminé et qu’elle devait immédiatement retourner à Portland. Autrement, elle serait en danger. Deux espions avaient jeté un regard par les fenêtres, mais comme celles-ci étaient très hautes et que les croyants étaient à genoux pour la prière, ils s’éloignèrent et rapportèrent qu’il n’y avait personne dans la maison.

   Le lendemain, de bonne heure, James White, Ellen et les Jordan prirent un bateau à rames avec un ami de James et se dirigèrent vers Belfast. Là, Ellen et les Jordan montèrent à bord d’un bateau à vapeur qui les ramènerait chez eux, tandis que James et son ami retournaient à Orrington. Là, on leur dit que des officiers s’étaient rendus à la maison du pasteur. James et son ami furent arrêtés, battus et jetés en prison. Mais ils furent relâchés quand les autorités apprirent qu’ils n’étaient en rien responsables des troubles dont les gens s’étaient plaints.

   James ne pouvait s’empêcher d’être anxieux pour Ellen. Elle était si jeune et si frêle, entourée de tant de dangers ! Comme elle aurait besoin de quelqu’un pour l’accompagner et la protéger ! Mais il est peu probable qu’il se soit vu lui-même dans ce rôle de protecteur selon la loi, car il a écrit que ni lui ni Ellen ne pensaient au mariage à ce moment-là.

   Cependant, il ne semble pas étrange que plus tard il lui ait demandé d’être sa compagne pour la vie. Il serait heureux de partager ses épreuves et les dangers auxquels elle était exposée. Il sentait qu’ils avaient besoin l’un de l’autre et qu’ils pourraient accomplir de plus grandes choses ensemble que séparément.

   Et… Ellen, je… Je vous aime. J’ai prié à ce sujet.

   Ellen respectait et admirait ce beau jeune homme qui était un chrétien sincère. Mais avant d’accepter de se marier avec lui, elle voulait être sûre que c’était bien la volonté de Dieu. Elle répondit :

- James, je vais aussi prier pour que Dieu nous fasse connaître sa volonté.

   Et à sa grande joie, tandis qu’elle priait, elle sentait de plus en plus que Dieu voulait qu’ils travaillent ensemble. La réponse ne vint pas dans une vision. Le Saint-Esprit parla tranquillement à son cœur, de même qu’il parle à tous les enfants de Dieu qui prient sincèrement pour être guidés dans le choix du compagnon de leur vie.

   Ce n’est que lorsque James et Ellen furent certains que c’était la volonté de Dieu qu’ils se marièrent.

   Parmi les papiers de la famille White, se trouve un document petit mais précieux, le certificat de mariage de James et Ellen White. Il n’a jamais été trouvé aucune mention d’invitations gravées, de cadeaux, de demoiselles d’honneur, de fleurs ; ni même d’une blanche robe de mariée, ou d’une lune de miel. Il est évident que James et Ellen étaient trop pauvres. De plus, une œuvre importante les attendait. Chaque instant et chaque centime devait être utilisé pour proclamer la bonne nouvelle de la venue de Jésus.

   James était heureux, car il aimait véritablement Ellen ; et Ellen était heureuse, car elle aimait James ; et tous deux aimaient Dieu de tout leur cœur.