Etoile du matin

Vol.2 - Mars 2012

Mise en ligne Avr 22, 2012 par Etoile du Matin dans Etoile du Matin 2012
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Printemps

« Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles.»    2 Corinthiens 5 : 17

 

Table des matières

Editorial 

Le jour du repos a-t-il été changé ?—–

Esprit missionnaire par John Andrews—–

Esprit de Jésus ou esprit de Satan ? par Marc Fury—–

Bénédictions et malédictions – David et Mical, par Lorelle Ebens—–

Histoire pour les enfants

 

Editorial

Car auquel des anges Dieu a-t-il jamais dit : Tu es mon Fils, je t’ai engendré aujourd’hui ? Et encore : Je serai pour lui un père, et il sera pour moi un fils ? Hébreux 1 : 5

   Chers amis lecteurs,

   Elisabeth et moi-même sommes interpellés par l’importance de la vérité au sujet de Dieu, de son Fils unique-engendré et de leur Esprit Saint. Les ennemis de la vérité sont de plus en plus agités, alors que leurs mensonges sont mis au grand jour. Au sein même de notre mouvement, de plus en plus de personnes se lèvent pour défendre la doctrine « chrétienne » de la trinité, enseignant sans honte les mensonges de Babylone comme étant la pure vérité biblique.

   Alors que la Bible enseigne d’une couverture à l’autre que Dieu a un seul Fils engendré, qu’Il a donné ce Fils pour le rachat de l’humanité, on prétend que croire au véritable Fils, engendré du Père dans les jours de l’éternité, est une hérésie mortelle nous conduisant droit à la mort éternelle. Paradoxalement, alors que l’on n’hésite pas à spiritualiser une vérité aussi fondamentale que l’identité du Fils engendré de Dieu, amplement soutenue par les Ecritures, on s’appuie sur quelques citations d’Ellen White pour élaborer toute une doctrine d’une troisième personne divine au sens strictement littéral, au point que Jésus n’est plus le seul médiateur entre Dieu et les hommes, mais qu’il nous faut « Dieu le Saint-Esprit » pour nous représenter auprès de Jésus. N’est-ce pas là la confusion ?

   En réalité, la vérité au sujet du Père et du Fils est magnifique, libératrice. Elle nous fait comprendre toute l’importance de la relation qui existe entre eux et qu’Ils désirent nous voir expérimenter dans nos foyers et nos églises, afin que les bénédictions qu’Ils ont en réserve pour nous puissent être déversées avec libéralité sur chacun de nous.

   Notre prière est que ce présent magazine puisse être pour vous une bénédiction. Que notre Dieu vous guide toujours plus dans Sa vérité et qu’Il vous permette de discerner le plan qu’Il a pour vous.

Les éditeurs d’EM.


Le Jour du repos a-t-il été changé ?

 

1. De quoi le commandement sur le sabbat fait-il partie ?

Exode 20 : 8-11 Le sabbat fait partie de la loi de Dieu.

2. Dans son premier discours rapporté par Matthieu, que dit Jésus de la loi ?

Matthieu 5 : 17 Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes ; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir.

3. Comment exprime-t-Il la perpétuité de la loi ?

Verset 18 : Car je vous le dis en vérité, tant que le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu’à ce que tout soit arrivé.

4. Que dit-Il de ceux qui violent l’un des plus petits commandements de Dieu et qui apprennent aux hommes à faire de même ?

Verset 19 : Celui donc qui supprimera l’un de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire de même, sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux. »

NOTE – Il est évident d’après ces passages que les dix commandements sont valables sous la dispensation chrétienne et que le Christ n’a pas enseigné qu’il fallait changer l’un ou l’autre. L’un deux ordonne l’observation du septième jour comme Sabbat. Mais la plupart des chrétiens agissent différemment ; ils gardent le premier jour de la semaine et beaucoup d’entre eux croient que c’est le Christ qui a fait le changement. Mais d’après ses propres paroles il est facile de voir qu’Il n’en a jamais eu l’intention. Ce changement vient des hommes et non de Dieu.

5. Que dit Dieu, par le prophète Daniel, concernant l’œuvre que se proposerait la puissance représentée par la petite corne ?

Daniel 7 : 25 Il prononcera des paroles contre le Très-Haut, il opprimera les saints du Très-Haut, et il espérera changer les temps et la loi. »

6. D’après l’apôtre Paul, que devait faire l’ « homme de péché » ?

2 Thessaloniciens 2 : 3, 4 Que personne ne vous séduise d’aucune manière : car il faut que l’apostasie soit arrivée auparavant et qu’on ait vu paraître l’homme du péché, le fils de la perdition, l’adversaire qui s’élève au-dessus de tout ce qu’on appelle Dieu ou de ce qu’on adore.

NOTE – Il n’y a qu’une manière pour une puissance quelconque de s’élever au-dessus de Dieu, c’est d’essayer de changer la loi de Dieu et d’exiger l’obéissance à sa propre loi au lieu d’encourager l’obéissance à celle de Dieu.

7. Quelle est la puissance qui prétend avoir l’autorité de changer la loi de Dieu ?

La papauté.

8. Quelle partie de la loi de Dieu la papauté a-t-elle surtout cherché à changer ?

Le quatrième commandement.

NOTE – « Ils [les catholiques] avancent le changement du Sabbat au jour du Seigneur, contrairement au Décalogue ; et ils n’ont pas d’autre exemple dans leur bouche que celui du changement du Sabbat. Ils prétendent avoir une très grande puissance parce qu’ils ont effacé un précepte du Décalogue. » (Confession d’Augsbourg, art. VII, § 12.)

9. Pourquoi Dieu avait-Il commandé aux Israélites de sanctifier le Sabbat ?

Ezéchiel 20 : 20 Sanctifiez mes sabbats, et qu’ils soient entre moi et vous un signe auquel on connaisse que je suis l’Eternel, votre Dieu.

10. La papauté reconnaît-elle avoir changé le Sabbat ?

NOTE – « Question. - Comment prouvez-vous que l’Eglise a le pouvoir d’ordonner des fêtes et des jours saints ?

« Réponse. - Par l’acte même de changer le Sabbat au dimanche, ce que les protestants admettent : ils se contredisent ainsi en observant strictement le dimanche et en violant d’autres fêtes ordonnées par la même église. »

« Question. - Comment prouvez-vous cela ?

« Réponse. - Parce qu’en observant le dimanche ils reconnaissent que l’Eglise a le pouvoir d’instituer des fêtes et de les imposer sous peine de péché ; en ne gardant pas les autres fêtes ordonnées par l’Eglise ils rejettent le même pouvoir. » - Henri  Tuberville, docteur en théologie du Collège anglais de Douay (1649).

On peut lire dans le Catholic Mirror, organe officiel du cardinal Gibbons et en date du 23 septembre 1893 : « L’Eglise catholique, … en vertu de sa mission divine, a changé le jour du samedi au dimanche. »

11. Les autorités catholiques reconnaissent-elles qu’il n’y a dans la Bible aucun commandement ordonnant la sanctification du dimanche ?

Oui.

NOTE – « Vous pouvez lire la Bible depuisla Genèse  jusqu’à l’Apocalypse et vous ne trouverez pas une seule ligne autorisant, établissant la sanctification du dimanche. Les Ecritures ordonnent la religieuse observance du Sabbat, jour que nous ne sanctifions jamais. » Cardinal Gibbons, La Foi de nos Pères, trad. de l’abbé Adolphe Saurel, Paris 1913, page 96.

12. Les écrivains protestants reconnaissent-ils ce fait ?

Oui.

NOTE – On peut lire dans le Watchman, journal baptiste, la déclaration suivante : « Nulle part les Ecritures n’appellent Sabbat le premier jour de la semaine. … Aucun texte de l’Ecriture n’autorise à faire ainsi. Il en résulte que l’observation du dimanche n’est pas une obligation scripturaire. »

« L’observation du premier jour de la semaine au lieu du septième repose sur le témoignage de l’Eglise, de l’Eglise seule. » Hobart Church News du 2 juillet 1894.

Les prétentions papales et l’assentiment protestant montrent clairement qui a changé le Sabbat.

13. De quelle manière ce changement s’est-il produit ?

Graduellement.

NOTE – « L’Eglise chrétienne est graduellement passée d’un jour l’autre, presque sans s’en rendre compte. » F.-W. Farrar.

14. Pendant combien de temps le Sabbat du septième jour fut-il généralement observé dans l’Eglise chrétienne ?

Pendant plusieurs siècles ; en fait, il n’a jamais cessé entièrement d’être observé.

NOTE – L’historien Socrate le Scolastique, qui écrivit au milieu du cinquième siècle, déclare : « Presque toutes les églises du monde célèbrent les mystères sacrés le Sabbat de chaque semaine. Cependant les chrétiens d’Alexandrie et de Rome, eu égard à une ancienne tradition, refusent de le faire. »

Sozomène, un autre historien de la même époque écrit : « Le peuple de Constantinople et de plusieurs autres villes s’assemblent le Sabbat ainsi que le jour suivant ; cette coutume n’est jamais observée à Rome ni à Alexandrie. » - Livre VII, chap. 19.

15. Quel est le témoignage frappant qu’apporte Néander, l’historien de l’Eglise bien connu, concernant l’origine de l’observation du dimanche ?

La fête du dimanche, dit-il « n’a jamais été qu’une ordonnance humaine. »

NOTE – « De très bonne heure, l’opposition au judaïsme introduisit la fête particulière du dimanche à la place du Sabbat… La fête du dimanche comme toutes les autres fêtes n’a jamais été qu’une ordonnance humaine. Les apôtres n’ont jamais eu l’intention d’établir un commandement divin à cet égard, bien au contraire. De même, l’Eglise apostolique primitive n’a jamais pensé transférer la loi du Sabbat au dimanche. Il se peut qu’à la fin du second siècle une fausse application de ce genre ait pris place, car c’est à partir de ce moment-là qu’il semble que le travail du dimanche ait été considéré comme un péché. » - Néander, Histoire Ecclésiastique.

16. Qui a le premier ordonné l’observation du dimanche ?

Constantin le Grand.

NOTE – La première loi concernant l’observation du dimanche est de Constantin et date de l’an 321.

17. Qu’ordonnait la loi de Constantin ?

« Que tous les juges, les habitants des villes et tous ceux qui travaillent à des métiers, chôment le jour du soleil ; mais que ceux qui sont situés à la campagne se sentent parfaitement libres de s’occuper de l’agriculture ce jour-là ; parce qu’il arrive souvent que nul autre jour n’est aussi favorable pour semer le blé et planter la vigne ; de peur que, laissant échapper le moment critique, les hommes ne perdent les commodités accordées par le ciel. » Cod. Justin., lib : II, tit. 12 de feriis, I, 3.

18. Que dit à ce sujet Eusèbe (270-338), évêque flatteur de Constantin et connu comme le père de l’histoire ecclésiastique ?

« Toutes les choses qui étaient prescrites à l’égard du Sabbat nous les avons transférées au jour du Seigneur. » ‑ Commentaire des Psaumes.

NOTE – Le changement du Sabbat résulta des efforts combinés de l’Eglise et de l’Etat et des siècles se passèrent sans que ce changement fût entièrement accomplit.

19. Quand et par quel concile l’observation du septième jour fut-elle défendue et celle du dimanche ordonnée ?

« Le Sabbat du septième jour a été observé par le Christ, les apôtres et les premiers chrétiens jusqu’à ce que le concile de Laodicée abolisse complètement son observation… Le concile de Laodicée (en 364)… affermit l’observance du jour du Seigneur et prohiba celle du Sabbat juif sous peine d’anathème. » - Prynne.

NOTE – Voici quelques-uns des pas successifs que l’Eglise a faits pour aboutir à ce changement :

« En 386, sous Gratien, Valentinien et Théodose, il fut décrété que toute affaire devrait cesser le dimanche. 

« Parmi les doctrines contenues dans une lettre du pape Innocent I écrite dans la dernière année de son pontificat (416) il est dit que le samedi doit être observé comme jour de jeûne…

« En 425, sous Théodose le Jeune, il fut ordonné de s’abstenir des plaisir du théâtre et du cirque le dimanche.

« En 538, au concile d’Orléans, … il fut ordonné que tout ce qui avait été permis précédemment le jour du dimanche serait encore légal, mais qu’il faudrait s’abstenir de labourer, de travailler dans les vignes, de tailler, de moissonner afin que les gens puissent plus facilement aller à l’Eglise…

« Aux environs de 590, le pape Grégoire, dans une lettre au peuple romain, dénonce comme prophètes de l’Antichrist ceux qui prétendent qu’il ne faut pas travailler pendant le septième jour. » - James T. Reingold

Le dernier paragraphe de cette citation indique qu’en 590 encore il y avait dans l’Eglise des personnes qui observaient le septième jour, le Sabbat de la Bible, et qui enseignaient à l’observer.

20. Qu’est-ce qui indique de qui nous sommes les serviteurs ?

Romains 6 : 16 Ne savez-vous pas qu’en vous livrant à quelqu’un comme esclaves pour lui obéir, vous êtes esclaves de celui à qui vous obéissez ?

21. Lorsque le Christ fut tenté de s’incliner et d’adorer Satan, quelle réponse fit-Il au tentateur ?

Matthieu 4 : 10 Retire-toi, Satan ! Car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras lui seul.

22. Que disent les catholiques de l’observation du dimanche par les protestants ?

« C’est l’Eglise catholique qui, par l’autorité de Jésus-Christ a transféré ce repos au dimanche en souvenir de la résurrection du Seigneur. Ainsi, l’observation du dimanche par les protestants est un hommage qu’ils rendent malgré eux à l’autorité de l’Eglise. » - Mgr de Ségur.

23. Que dit le Seigneur du culte non conforme à ses commandements ?

Matthieu 15 : 9 C’est en vain qu’ils m’honorent, en enseignant des préceptes qui sont des commandements d’hommes.

 

ESPRIT MISSIONNAIRE 

   L’ESPRIT de la religion chrétienne est un esprit missionnaire. Il conduit ceux qui sont les disciples du Christ à une vie d’efforts actifs, et les porte à faire un sacrifice continuel en faveur de ceux qui sont encore dans leurs péchés. Le chrétien ne peut faire de son intérêt personnel l’objet principal de sa vie. Il ne s’appartient pas, car il a été racheté à grand prix. Christ a donné sa vie pour lui. Le chrétien doit consacrer sa vie au service de Christ.

   Le Fils de Dieu a entrepris de chercher et de sauver ce qui était perdu. Il demande la coopération de tous ceux qui ont trouvé le pardon de leur péché par son sang. Il en appelle quelques-uns à consacrer tout leur temps et toute leur force à cette œuvre sacrée. Il veut que d’autres donnent une partie de leur temps aux affaires de ce monde. Mais ce n’est point pour qu’ils amassent des trésors sur la terre, mais afin qu’ils puissent rendre une assistance pécuniaire à l’œuvre de Dieu. Il demande de ces personnes d’être des hommes d’une stricte intégrité, d’être juste dans toutes leurs transactions, d’être droits, d’être vrai et de recommander la religion de Christ par l’excellence de leur vie et par la droiture de leur conduite.

   Quoiqu’ils s’occupent d’affaires, ils ne doivent pas faire de leur commerce, quelque honorable et juste soit-il, l’objet principal de leur vie. Ils doivent être diligents, économes, actifs et prudents. Mais ils doivent prendre du temps pour le service direct de Dieu. Ils doivent avoir du temps pour la prière secrète et pour le culte de famille, pour la lecture de la Parole de Dieu, pour le culte public, et pour les œuvres de miséricorde envers ceux qui sont dans l’affliction et envers ceux qui ne connaissent point Dieu. Ils ne peuvent accorder, peut-être, qu’une somme de temps limitée à cette œuvre sacrée, mais ils peuvent trouver un temps suffisant pour faire beaucoup, s’ils ont à cœur de s’y engager ; et l’excellence de leur vie et l’intégrité de leur conduite leur donnera une influence qui gagnera beaucoup d’âmes à Christ. Leur lumière luira de telle manière que d’autres verront leurs bonnes œuvres, et glorifieront leur Père qui est dans les cieux ; et ils obtiendront une récompense infinie au dernier jour.

   Mais quelques hommes sont appelés à vouer toute leur vie au ministère de la Parole de Dieu. Leur œuvre est la plus sacrée et la plus honorable, entre toutes celles que Dieu a assignées à l’homme mortel. Ils sont ambassadeurs pour Christ, comme si Dieu conjurait les hommes par eux. C’est à eux de proclamer les invitations de l’Evangile et les avertissements de la loi de Dieu. Ils doivent faire connaître les richesses de la grâce de Dieu ; la miséricorde infinie de Christ, l’excellence de la religion chrétienne, et la longueur, la largeur la profondeur et la hauteur de l’amour de Christ, qui surpasse toute connaissance.

   Ils doivent souffrir des afflictions et remporter la victoire dans ces afflictions, afin d’être capables de consoler quiconque est dans l’affliction. Ils doivent être un exemple de l’excellence des vérités qu’ils enseignent aux autres. Leur expérience doit être au-dessus de celle de ceux auxquels ils prêchent, afin de pouvoir les conduire plus loin dans les choses de l’Esprit de Dieu. Ils ne doivent pas consulter leur propre plaisir ni leur propre aise. Ils n’entrent pas dans le saint ministère pour obtenir un moyen d’existence, mais pour se charger d’une responsabilité sacrée.

   Ils doivent rendre compte à Dieu de leur temps, de leur force, et des talents que Dieu leur a confiés. Ils ne doivent pas dissiper leur temps, car c’est l’avantage le plus sacré que Dieu ait accordé aux hommes. Ce ne sont pas les jours seuls qui sont précieux, mais aussi les heures, les moments ; et le temps ne doit pas être traité comme s’il était sans valeur. Si le ministre de Christ dissipe son temps, il donne non seulement un mauvais exemple, mais il dissipe presque toujours le temps de ceux avec lesquels il s’entretient.

   Dieu montre la valeur qu’il accorde au temps en le donnant une seconde à la fois, et il nous demande de racheter le temps, parce que les jours sont mauvais. « Ce que ta main trouve à faire avec ta force, fais-le. » « Ne te vante pas du lendemain, car tu ne sais pas ce que ce jour enfantera. » « Il faut que je fasse, tandis qu’il est jour, les œuvres de celui qui m’a envoyé ; la nuit vient, où personne ne peut travailler. »

   Ce n’est point au ministre de Christ de dépenser son temps de la manière qui lui soit le plus agréable ; mais de la manière qui sera le plus utile à la cause de Dieu. Il n’occupera pas non plus son temps à des futilités. Il est des moments qui doivent être consacrés à des choses de petite conséquence, mais elles doivent être promptement expédiées, et les plus grands sujets qui appartiennent au ministère de la Parole de Dieu doivent occuper la première place. C’est un grand péché pour un ministre de Christ de perdre son temps ou celui des autres. Nous devons rendre compte à Dieu pour le temps que nous employons, et nous devons pouvoir montrer qu’à l’exception du temps nécessaire au repos, nous avons été actifs dans l’œuvre sacrée à laquelle Dieu nous a appelés. Nos vies ne sont que comme une vapeur qui paraît un moment, et puis s’évanouit.

   L’esprit missionnaire poussera le ministre de Christ à porter le message de vérité à ceux qui sont dans les ténèbres. On trouve en général que cette œuvre est pénible ; mais c’est la principale œuvre du serviteur de Christ. Il doit aller vers ceux qui sont dans les ténèbres et les ombres de la mort, et leur porter les précieuses vérités de la parole de Dieu. Il ne peut attendre que ces personnes désirent le recevoir, car dans la plupart des cas, cela n’arrivera jamais.

   Il doit rompre les obstacles que Satan met en son chemin et doit chercher à avoir accès auprès de ceux qui meurent dans leurs péchés. Quelques-uns se moqueront de lui, et il sera maltraité de plusieurs manières peut-être par la plupart de ceux qu’il cherche à sauver. Mais ces choses ne doivent pas l’ébranler, et sa vie ne doit pas lui être précieuse. Quelques-uns sont touchés et sauvés, et ils seront autant d’étoiles sur sa couronne de joies éternelles.

   Notre Seigneur Jésus-Christ quitta la gloire du ciel pour devenir missionnaire sur notre terre. Il souffrit la contradiction des pécheurs et finalement, souffrit une mort cruelle pour sauver ceux qui étaient ennemis de Dieu. Il nous est possible de coopérer avec lui dans l’effort de sauver les hommes perdus, si nous nous armons de l’Esprit qui était en Lui. Et quand l’œuvre sera finie, nous entrerons dans la joie de notre Seigneur. Ceux qui en sauveront plusieurs luiront de l’éclat du firmament dans le royaume de Dieu. 

John N. Andrews

Les Signes des Temps, novembre 1881.

  

Esprit de Jésus ou esprit de Satan ?

   Que de débats au sujet de l’Esprit de Dieu ! Et pourtant, la vérité est pour les pauvres en esprit. Eux au moins, sont assez simples et assez humbles pour comprendre et accepter la vérité comme de petits enfants.

   Dans le cadre de cet article, je me donne pour objectif d’établir le contraste qui existe entre le souffle sacré de Jésus, et le souffle maléfique de Satan, en m’intéressant tout d’abord à Jésus et à Satan eux-mêmes, puis à ceux qui ont respectivement marché sur leurs traces, montrant par leurs vies et par leurs paroles quel maître ils ont choisi.

Jésus et Satan :

   Tout d’abord, penchons-nous sur Jésus et Satan eux-mêmes, puisque c’est entre eux deux que la première jalousie a pris naissance, que le premier conflit a vu le jour et que les deux courants de pensées, de paroles et d’actions se sont clairement différenciés : celui du bien, et celui du mal.

   Jésus était le seul Fils engendré de Dieu. Depuis les jours de l’éternité, il avait été un avec Dieu ; non pas un dieu à deux tête, comme le dieu païen Janus, par exemple, mais un véritable Fils, né du Père dans les jours éternels, et ayant hérité de Lui sa nature divine et son nom, tout comme vous et moi avons hérité notre nature humaine et notre nom de nos parents.

   Car auquel des anges Dieu a-t-il jamais dit : tu es mon Fils, je t’ai engendré aujourd’hui ? Et encore : Je serai pour lui un père, et il sera pour moi un fils ? Et lorsqu’il introduit de nouveau dans le monde le premier-né, il dit : Que tous les anges de Dieu l’adorent ! (Héb. 1 : 5, 6)

   Mais voilà que dans le plan d’Amour de Dieu, son cher Fils engendré n’était pas le seul être qui devait voir le jour. Il voulait partager son amour avec des myriades d’anges, qui allaient quant à eux être créés de rien, tirés du néant par la Parole seule. C’est ainsi que par la volonté du Père, son Fils Jésus créa tous les anges, les séraphins et les chérubins, dont l’être le plus excellent fut Lucifer, couronnement de la création. Dieu étant Amour, il ne pouvait accepter de la part de ses créatures une obéissance forcée et leur accorda donc une entière liberté, preuve de son souci de liberté et de bonheur pour eux.

   Mais cet heureux état de choses prit fin. Il y eut un être qui pervertit la liberté accordée par Dieu à ses créatures. Le péché naquit dans le cœur d’un ange auquel, après Jésus-Christ, le Père éternel avait conféré le plus d’honneur et de gloire. (PP. p. 11)

   Nous voilà à la racine même du mal. Le vent de Dieu n’était qu’Amour, Joie et Paix. (Ce sont là les trois caractéristiques distinctives de son souffle sacré ; Premiers Ecrits, p. 55)  Mais voilà que le « Fils de l’aurore », baigné des rayons de la gloire divine, permit à la chose la plus terrible de prendre naissance dans son cœur : le mal lui-même ! Et c’est ainsi qu’avec la liberté que Dieu et Jésus lui avaient accordée, il choisit de devenir la source de ce souffle maléfique de haine, de tristesse et d’angoisse. Comment une telle chose a-t-elle pu arriver ? Cela est inexplicable.

   Imperceptiblement, Lucifer se laissa bercer par des pensées ambitieuses. « Ton cœur s’est enorgueilli de ta beauté ; et ton opulence t’a fait perdre la sagesse. » (PP, p. 11)

   …Jésus, le Fils bien-aimé de Dieu, avait la primauté sur tous les anges. Lucifer était jaloux du Christ et peu à peu il assuma le commandement qui revenait à Jésus seul. Le souverain Créateur convoqua tous les habitants du ciel, afin d’honorer tout particulièrement son Fils en présence de tous les anges. Le Fils était assis sur le trône avec le Père, la multitude céleste des saints anges étant rassemblée autour d’eux. Le Père fit alors savoir qu’il avait lui-même ordonné que Jésus, son Fils, soit son égal. …Son Fils exécuterait sa volonté et ses desseins, mais ne ferait rien de sa propre initiative. La volonté du Père serait accomplie en Jésus. (HR, p. 11)

   Nous voyons là que notre Dieu, le souverain Créateur est un être unique dont l’autorité est suprême. Son autorité est même supérieure à celle de son Fils, puisqu’il avait lui-même ordonné que son Fils soit son égal. De plus, son Fils ne devait rien faire de sa propre initiative, mais accomplir la volonté du Père. Je le demande : cela s’accorde-t-il avec le dogme païen d’un dieu trois en un ? Qui était le troisième, dans le ciel ? Le premier faux dieu de l’histoire : Satan en personne.

   Mais revenons à Lucifer. Malgré sa grande culpabilité, Dieu le Père ne l’avait pas encore rejeté, et Jésus-Christ était toujours disposé à le garder à la tête du commandement de ses anges. Quelle bonté ! Mais Lucifer, dont l’orgueil avait corrompu le cœur, s’endurcit ; et dès lors, il devint Satan, le chef des rebelles.

   A l’ouïe de ces paroles, les anges reconnaissent avec transports la suprématie du Fils. Ils se prosternent devant lui et lui offrent leur amour et leur adoration. Lucifer s’incline avec eux. Mais dans son cœur se livre, entre la vérité et la loyauté, l’envie et la jalousie, un effroyable combat. …Frémissant d’une émotion inexprimable, il se joint aux accents d’adoration qui, de la multitude angélique, montent vers le Père et le Fils. Mais il est bientôt envahi de nouveau par l’orgueil et l’obsession de sa propre gloire. Il s’abandonne de nouveau à la soif de suprématie et à l’envie vis-à-vis du Fils bien aimé. (PP, p. 13)

   C’est ainsi qu’il se positionna définitivement du côté du mensonge, de la rébellion et du mal, et qu’il entraîna un tiers des anges célestes avec lui. Comment était-ce possible ? Voyez-vous, bien-aimés, le mal est quelque chose de redoutable. Il nous fait croire que nous sommes les victimes d’un Dieu d’Amour, alors que nous sommes responsables du mal qui nous habite et dont nous sommes coupables. L’ambition, l’envie et la jalousie sont les trois premiers péchés ayant existé dans l’Univers entier. Ils ont leur racine dans la source du vent maléfique de Satan, qui s’est rapidement manifesté en opposition au souffle sacré de Dieu dans deux classes bien distinctes de personnes : celle qu’habite l’Amour qui va jusqu’à souhaiter le bien, la repentance et le pardon des pécheurs, de ceux qui nous font du mal – et celle qu’habite la haine qui va jusqu’à souhaiter le mal, la condamnation et la mort des justes, de ceux qui nous aiment et nous font du bien.

   Nous connaissons bien la triste histoire de la tentation et de la chute de nos premiers parents, où Satan réussit à faire tomber notre humanité. Il ne pouvait pas supporter de voir le bonheur de l’homme et de la femme que Jésus avait créés. D’ailleurs, il n’avait pas été consulté au sujet de la création de l’homme qui allait vivre sur la terre, alors raison de plus, il fallait que ces êtres heureux partagent son sort. Mais une fois que l’homme et la femme avaient mangé du fruit défendu, la véritable grandeur du caractère de Jésus eut une occasion de plus de sa manifester :

   Toute la famille d’Adam devait périr. Je vis sur le visage de Jésus une expression de sympathie et de douleur. Il s’approcha bientôt de la lumière éblouissante dont le Père était environné. L’ange qui était à mes côtés me dit : « Il a un entretien privé avec son Père ». Les anges semblaient très préoccupés pendant que Jésus s’entretenait ainsi avec le Très-Haut. Trois fois il pénétra dans la lumière éclatante qui l’entourait ; la troisième fois, il quitta le Père, et la personne du Fils de Dieu fut visible. Il paraissait calme, exempt de toute perplexité, rayonnant d’une bienveillance et d’une beauté indicibles.

   Il fit savoir à l’armée céleste qu’un moyen de salut avait été trouvé pour l’homme perdu, et comment il avait intercédé auprès du Père, offrant sa vie en rançon, acceptant de subir la mort afin que les humains puissent obtenir le pardon. Par les mérites de son sang et par l’obéissance à la loi divine, ils rentreraient dans la faveur de Dieu, seraient réintégrés dans le merveilleux jardin, et pourraient manger du fruit de l’arbre de vie. (HR, p. 39)

   Voilà le caractère de Jésus en contraste avec celui de Satan. Alors que Satan accuse Jésus de ses propres défauts, Jésus est prêt à offrir sa propre vie pour sauver l’homme que Satan a fait tomber dans le péché. Jésus donne sa vie pour sauver l’homme rebelle, remplir son cœur de gratitude, et obtenir de lui une soumission libre fondée sur l’Amour. Satan est prêt à prendre la vie même du Fils de Dieu pour maintenir les hommes dans une servitude forcée, et se réjouit dans la servitude de ceux qu’il domine.

   Même s’il nous semble parfois possible de cacher notre véritable caractère, l’identité du maître que nous avons choisi finit toujours par éclater au grand jour. Et si ce n’est pas de ce côté-ci de l’éternité, ce sera de l’autre côté. Bien sûr, ceux qui marchent dans les traces du premier grand apostat n’ont aucun scrupule à utiliser les mêmes méthodes que leur maître. Ils semblent d’abord avoir un avantage sur les saints de Dieu, mais le Père est fidèle et donne toujours à ses enfants une occasion de montrer au monde de quel côté ils se trouvent.

Les anges de Jésus et les anges de Satan :

   Dans le ciel même, où le premier grand conflit eut lieu, les anges prirent position pour Dieu et Jésus d’une part, ou pour Satan, l’ange déchu, d’autre part. Et très rapidement, nous voyons les deux souffles, influences ou caractères se manifester dans leurs disciples. D’un côté, les anges de Dieu furent remplit de l’amour de leur maître :

   De prime abord, les anges ne purent se réjouir, car leur Chef ne leur cacha rien, mais leur fit connaître le plan du salut. …Les anges se prosternèrent devant lui. Ils proposèrent de donner leur vie. Mais Jésus leur dit que par sa mort il sauverait un grand nombre de pécheurs dont la dette ne pourrait être payée par la vie d’un ange. …Jésus invita les armées célestes à adopter ce plan de salut que son Père avait approuvé, et à se réjouir de la mort du Christ, grâce à laquelle le pécheur pourrait obtenir de nouveau la faveur divine et jouir des bienfaits du ciel.

   Alors une joie inexprimable remplit le ciel. L’armée angélique entonna un chant de louange et d’adoration. (HR, p. 41)

   De l’autre côté, inspiré du souffle de leur nouveau maître, les anges déchus se mirent dès le début à œuvrer dans le même esprit que lui, tout d’abord pour séduire un maximum d’anges comme eux, puis pour perdre un maximum d’êtres humains et, si possible, l’existence même du Seul Fils engendré de Dieu ! Le mal vient à nous d’une manière si imperceptible que même des anges parfaitement saints et innocents sont tombés dans le piège. Et pas qu’un seul ! Un tiers des armées angéliques ! Mais quelle tactique les anges déchus utilisèrent-ils pour en tromper d’autres ?

   « Les anges furent expulsés du ciel parce qu’ils ne voulaient pas travailler en harmonie avec Dieu. Ils tombèrent de leur haute position parce qu’ils voulaient être exaltés. Ils en étaient arrivés à s’exalter eux-mêmes, et ils oublièrent que la beauté de leur personne et de leur caractère leur venait du Seigneur Jésus. Ce fait, les anges [déchus] cherchaient à obscurcir, que Christ était le seul Fils engendré du Père, et ils en vinrent à considérer qu’ils n’avaient pas besoin de consulter Christ. » This Day With God, p. 128

   Nous y voilà ! Toujours le même argument nous revient sous des formes différentes. Mais pour semer la confusion, la tactique des anges déchus a toujours été de chercher à obscurcir le fait que Christ est le seul Fils engendré du Père. Dans un premier temps, Satan a voulu le rabaisser à un être créé, afin de le mettre à son niveau et de justifier sa jalousie. Ce plan n’ayant pas réussi, il a poussé les hommes à croire que le Fils de Dieu n’était autre que le souverain Créateur Lui-même, semant ainsi la confusion et conduisant de nombreuses âmes à la dérive.

   Remplis de l’esprit de leur maître, les anges de Satan trouvaient une réjouissance diabolique à l’idée qu’en provoquant la chute de l’homme, ils avaient réussit à mettre en péril la vie même du Fils de Dieu :

   Satan se réjouit de nouveau avec ses anges à l’idée qu’en provoquant la chute de l’homme, le Fils de Dieu serait conduit à abandonner le rang éminent qu’il occupait au ciel. (HR, p. 42)

   Nous voilà donc en présence de ces deux souffles, de ces deux vents, de ces deux esprits. L’Esprit Saint de Jésus qui, se déversant sur l’humanité repentante, apporte l’Amour, la Joie et la Paix, d’une part ; et l’esprit malsain de Satan qui, se déversant sur l’humanité impénitente, apporte la haine, la tristesse et l’angoisse, d’autre part, dont la racine se trouve dans l’ambition, l’envie et la jalousie. Quel souffle habite en vous ? Le caractère de Jésus, c’est-à-dire son souffle de vie, sa présence spirituelle  dans le temple de votre âme ? Ou bien le souffle de Satan, son caractère emporté, capricieux et opiniâtre, celui qui habite le père du mensonge et de toute méchanceté ?

   La question est grave, et à moins de choisir consciemment et fermement les vents de Dieu qui mènent au port céleste, les voiles de notre barque se feront prendre dans les tempêtes sauvages de Satan, et nous sombrerons dans les abysses profonds de l’océan glacial.

Caïn et Abel :

   Adam et Eve ont péché. Quel dommage ! Par leur première désobéissance, ils ont fait une brèche dans la coque du bateau de notre bonheur, brèche qui permit aux flots de souffrances que nous connaissons aujourd’hui de s’infiltrer tragiquement dans notre monde et dans nos vies. D’ailleurs, avant même le premier meurtre, la dégénérescence sous toutes ses formes étant inconnue de nos premiers parents, ils en ressentirent les effets comme aucun de nous ne pouvons les ressentir. Nos sens ont été émoussés par des siècles de contact avec le mal sous toutes ses formes.

   Lorsqu’ils virent pour la première fois une fleur flétrie, une feuille desséchée, ce signe de dégénérescence leur causa un plus grand chagrin qu’on en éprouve aujourd’hui devant la mort d’un être cher. Et quand les arbres de la forêt se dépouillèrent de leur feuillage, un fait brutal leur apparut dans toute son horreur : tout organisme vivant est condamné à mourir. (PP, p. 39)

   Si leur chagrin fut si grand, alors qu’ils considéraient le fruit de leur péché dans une fleur flétrie ou une feuille desséchée, quel ne devait-il pas être devant le premier meurtre de l’humanité, celui de Abel par son frère Caïn ! Mais comment une telle chose a-t-elle pu avoir lieu ? Comment leur premier fils a-t-il pu en venir à tuer son frère ? Ne s’en étaient-ils pas limités à manger d’un fruit défendu ? Voyez-vous, c’est comme l’odeur fétide d’un tas de fumier : une fois qu’elle a trouvé une fenêtre ouverte, il lui suffit d’un courant d’air pour s’infiltrer rapidement dans toute les pièces de la maison. Et ce courant d’air arriva dans la vie de la première famille lorsque Caïn, le fils aîné de nos premiers parents, permit à la jalousie d’entrer dans son cœur :

   Abel fut berger, et Caïn fut laboureur. Au bout de quelques temps, Caïn fit à l’Eternel une offrande des fruits de la terre ; et Abel, de son côté, en fit une des premiers-nés de son troupeau et de leur graisse. L’Eternel porta un regard favorable sur Abel et sur son offrande ; mais il ne porta pas un regard favorable sur Caïn et sur son offrande. (Gn. 4 : 2-5)

   Etant berger, Abel avait l’avantage de pouvoir offrir une offrande de son propre troupeau à l’Eternel, tandis que Caïn était obligé de s’adresser à son petit frère pour obtenir une offrande acceptable. On peut penser que pendant plusieurs années déjà, Caïn avait laissé germer un esprit de mécontentement dans son cœur. Pourquoi, lui qui était agriculteur, ne pouvait-il pas simplement offrir des fruits de la terre ? Pourquoi Dieu avait-il demandé le sacrifice d’un agneau ? Bien sûr, il avait bien compris que c’était pour préfigurer la mort de l’Agneau de Dieu, qui ôte les péchés du monde. Mais les vents de Satan étant entrés dans le monde depuis plusieurs années déjà, il trouva une fenêtre ouverte chez Caïn. Rapidement la porte de son âme s’ouvrit à son influence maléfique, et la digue du bien qui l’avait empêché de briser le cinquième commandement se rompit.

   Et l’Eternel s’adressa à Caïn : Pourquoi es-tu irrité, et ton visage est-il abattu ? Certainement, si tu agis bien, tu relèveras ton visage ; et si tu agis mal, le péché se couche à ta porte, et ses désirs se portent vers toi : mais toi, domine sur lui.

   Cependant, Caïn adressa la parole à son frère Abel ; mais comme ils étaient dans les champs, Caïn se jeta sur son frère Abel, et le tua. (Gen. 4 : 6-8)

   On imagine difficilement ce que ressentirent Adam et Eve, en voyant le souffle maléfique de Satan prendre une telle ampleur dans leur vie. En se reconsacrant à Dieu par la foi en la promesse du Rédempteur promis, ils avaient pensé que la brèche avait été colmatée, mais ils avaient oublié une chose. Dieu a créé les hommes libres, et il en était de même pour leurs enfants. Même si l’humanité est une par sa nature, chaque être humain est un agent moral libre ; et c’est pour maintenir cette liberté que le seul Fils engendré de Dieu a donné sa vie.

   Caïn… nourrissait toutes sortes de pensées amères. Il murmurait de ce que Dieu, en raison du péché d’Adam, avait prononcé une malédiction sur la terre et sur le genre humain. Il s’abandonnait aux pensées mêmes qui avaient amené la perte de Satan : à l’ambition et au doute à l’égard de la justice et de l’autorité divines. …Abel le supplia de s’approcher de Dieu de la façon requise, mais il ne se montra que plus obstiné à en faire à sa guise. Etant l’aîné, il jugeait qu’il n’avait pas de leçons à recevoir de son frère, et méprisa ses conseils. (…)

   Abel choisit la foi et l’obéissance ; Caïn opta pour le doute et l’insoumission. Là était toute la différence. (PP, p. 49, 51)

   Que dire à cela ? Une fois de plus, les deux grands vents du bien et du mal sont manifestés : le souffle maléfique de Satan, qui n’est autre que l’œuvre de Satan et ses anges au travers du mal sous toutes ses formes ; et le souffle sacré de Dieu que nous appelons l’Esprit Saint : tout ce qui est vrai, tout ce qui honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est aimable, tout ce qui mérite l’approbation, ce qui est vertueux et digne de louanges. (Phil. 4 : 8)

   Ce n’était pas pour quelque faute commise par Abel que Caïn le haïssait et qu’il le tua, mais « parce que ses œuvre étaient mauvaises, et parce que celles de son frère étaient justes » (1 Jn 3 : 12). C’est ainsi que, dans tous les siècles, les méchants ont haï ceux qui étaient meilleurs qu’eux. La vie d’obéissance et de fidélité respectueuse d’Abel était pour le meurtrier un reproche perpétuel. « Quiconque fait le mal hait la lumière, et ne va pas vers la lumière, de peur que ses œuvres ne soient réprouvées » (Jn 3 : 20). « Tous ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ seront persécutés » (2 Tim. 3 : 12).

   …Lorsque par la foi en l’Agneau de Dieu, une âme renonce au péché, la fureur de Satan s’allume aussitôt. La vie sainte d’Abel réfutait la prétention de l’Adversaire selon laquelle il est impossible à l’homme d’observer la loi de Dieu. Quand Caïn, animé par l’esprit du Malin, vit qu’il ne pouvait dominer Abel, il s’emporta à tel point qu’il lui donna la mort. Partout où des hommes oseront revendiquer la loi de Dieu, on verra le même esprit s’élever contre eux. C’est là l’esprit qui, dans tous les siècles, a dressé les potences et allumé les bûchers où ont péri les disciples de Jésus-Christ. (PP, p. 53)

   Bien-aimés, vous l’avez bien compris, cette étude à le double but de montrer le contraste qui existe entre l’esprit de Satan et celui de Dieu, et de démasquer l’hérésie mortelle qui consiste à croire que le souffle de Dieu est un troisième être à part entière, entièrement distinct du Père et de son Fils. Un être co-égal et co-éternel à Dieu, appelé « Dieu le Saint-Esprit ». L’esprit du Malin n’est autre que le Malin lui-même vivant dans les hommes par le mal qui les habite. Et lorsque nous lisons que cet esprit a dressé des potences et allumé les bûchers où ont péri les disciples de Jésus-Christ, nous comprenons bien qu’il ne s’agit pas d’un être distinct de Satan agissant de sa propre initiative, mais de son influence maléfique, de ses propres attributs, agissant dans la vie des méchants.

   Il en va de même du souffle sacré de Dieu, que nous appelons le Saint Esprit, et dont nous avons souligné l’importance en y ajoutant des majuscules. Il s’agit de la vie spirituelle de Dieu, se manifestant dans le monde par la nature, les voies de la providence, les Saintes Ecritures, l’œuvre des saints anges, et la vie des enfants de Dieu.

« Le Saint-Esprit est le souffle de la vie spirituelle dans une âme. La communication de l’Esprit, c’est la communication de la vie du Christ. Celui qui la reçoit est mis en possession des attributs du Christ. Ceux-là seuls qui sont enseignés de Dieu, ceux en qui l’Esprit opère, et qui manifestent dans leur propre vie la vie de Christ, sont dignes de représenter l’Eglise et d’exercer un ministère en sa faveur. » (JC. p. 805)

         Marc Fury

 

Bénédictions et malédictions - Leçons de David et Mical

Lorelle Ebens

L’événement sacré :

   David fait monter l’arche de l’Eternel à la ville de Jérusalem « au milieu des réjouissances », avec une joie respectueuse et des louanges à Dieu.

   David dansait de toute sa force devant l’Eternel, et il était ceint d’un éphod de lin. David et toute la maison d’Israël firent monter l’arche de l’Eternel avec des cris de joie et au son des trompettes. 2 Samuel 6 : 14-15

   La musique, jouée par la harpe, le clairon, les trompettes et les cymbales, s’élevait vers le ciel, accompagnée de nombreuses voix humaines. « David dansait devant l’Eternel » dans sa joie, marquant le rythme de la musique.  (Patriarchs and prophets, p. 707 (en anglais))

   David dansait avec une joie respectueuse devant Dieu. … La musique et les danses offertes en tribut de louanges, à l’occasion du transfert de l’arche, n’avaient aucune ressemblance avec la dissipation qui caractérise la danse moderne. La première s’attachait à glorifier Dieu et à exalter Son saint nom, tandis que la seconde est une invention de Satan ayant pour but de conduire les hommes à l’oublier et à le déshonorer. (Idem)

Une bénédiction pour l’Église/le peuple d’Israël :

   Une fois l’arche en sûreté dans le tabernacle et que le service de louanges terminé, David béni le peuple tout entier et distribua de la nourriture et de la boisson. Chacun rentra dans son foyer le cœur tourné vers le ciel et béni de Dieu au travers de David.

   Après qu’on eut amené l’arche de l’Eternel, on la mit à sa place au milieu de la tente que David avait dressée pour elle ; et David offrit devant l’Eternel des holocaustes et des sacrifices d’actions de grâces. Quand David eut achevé d’offrir les holocaustes et les sacrifices d’actions de grâces, il bénit le peuple au nom de l’Eternel des armées. Puis il distribua à tout le peuple, à toute la multitude d’Israël, hommes et femmes, à chacun un pain, une portion de viande et un gâteau de raisin.[1] (2 Samuel 6 : 17-19)

   Le service terminé, le roi prononça lui-même une bénédiction sur tout le peuple. Puis, avec une munificence royale, il fit distribuer des rafraîchissements à la multitude. (Idem, p. 708)

   Toutes les tribus d’Israël étaient représentées dans ce service, la célébration de l’événement le plus solennel ayant marqué le règne de David. L’Esprit d’inspiration divine avait reposé sur le roi, et maintenant, alors que les derniers rayons du soleil baignaient le tabernacle d’une sainte lumière, son cœur s’élevait plein de reconnaissance vers Dieu de ce que le symbole béni de Sa présence fût placé si près du trône d’Israël. (Idem)

L’intention de bénir les membres de sa famille :

   Après un service d’une telle solennité, l’Esprit d’Inspiration s’étant reposé sur lui, et le cœur remplit d’une gratitude envers Dieu – étant béni de Dieu, David voulait transmettre cette bénédiction à sa famille.

   David s’en alla pour bénir sa maison. 2 Samuel 6 : 20

   Plein de ces sentiments, David dirigea ses pas vers son palais « pour bénir sa maison ». (Idem)

   MAIS – un autre esprit était à l’œuvre :

   Plein de ces sentiments, David dirigea ses pas vers son palais « pour bénir sa maison ». Mais l’un de ses habitants avait été témoin de ces réjouissances avec un esprit bien différent de celui qui avait animé le cœur de David. « Comme l’arche de l’Eternel entrait dans la cité de David, Mical, fille de Saül, regardait par la fenêtre, et, voyant le roi David sauter et danser devant l’Eternel, elle le méprisa dans son cœur. » (2 Samuel 6 : 16) Dans l’amertume de sa passion, elle ne put pas attendre que David fût rentré au palais ; elle alla à sa rencontre, et répondit à son aimable salutation par un torrent de paroles amères. L’ironie de ses paroles était sèche et tranchante :

   « Quel honneur aujourd’hui pour le roi d’Israël de s’être découvert aux yeux des servantes de ses serviteurs, comme se découvrirait un homme de rien ! » (2 Samuel 6 : 20) (Idem)

La bénédiction est coupée – malédiction

   Une explication nous est donnée concernant le choix de David d’un vêtement simple :

   Le roi, déposant ses vêtements royaux, s’était revêtu d’un simple éphod de lin, tel que le portaient les sacrificateurs. Il ne voulait point indiquer par là qu’il s’arrogeait les fonctions de sacrificateur, car l’éphod était parfois porté par d’autres que ces derniers. Dans ce service solennel, David voulait, devant Dieu, se mettre sur le même pied que ses sujets. Il fallait adorer Jéhovah en ce jour-là. Aussi devait-Il être le seul objet de la révérence du peuple. (Idem, p. 706)

   Dans son orgueil et son arrogance, Mical méprisa l’humilité de David, alors qu’il avait mit de côté ses vêtements royaux et se retrouvait sur un pied d’égalité avec le peuple. Elle n’agit pas avec respect envers son mari, mais déversa un torrent de paroles amères, tranchantes et sarcastiques. David était venu avec joie et avec une « aimable salutation » pour son épouse, mais celle-ci attira une malédiction sur elle-même – de la part de David, et de Dieu.

   David eut le sentiment que Mical avait méprisé et déshonoré le service de Dieu ; sa réponse fut sévère : « C’est devant l’Eternel, qui m’a choisi de préférence à ton père et à toute sa maison pour m’établir chef sur le peuple de l’Eternel, sur Israël ; c’est devant l’Eternel que j’ai dansé. Je veux paraître encore plus vil que cela, et m’abaisser à mes propres yeux ; néanmoins je serai en honneur auprès des servantes dont tu parles. » (2 Samuel 6 : 21, 22) A la censure de David s’ajouta celle de l’Eternel ; à cause de son orgueil et de son arrogance, Mical « n’eut point d’enfants jusqu’au jour de sa mort. » (verset 23). (Idem, p. 711)

Une leçon pour nous

   Pensons-nous à être en union directe avec Dieu ? Où sommes-nous plus inquiets au sujet de ce que les gens pensent de nous et de notre situation dans le monde ? Mical avait permis à la « position » et à la « situation » face aux yeux d’autres gens de submerger toute pensée de reconnaissance et de louange à Dieu. A cause de cela elle ne pouvait comprendre les actions de son mari, et le réprimanda pour cela. Cependant, si elle avait été en relation avec le « bon Esprit », elle aurait pu comprendre les actions de David, aurait été prête à le recevoir avec joie, et, avec la maison tout entière aurait été abondamment bénie.

   Combien de fois, en tant qu’épouses, n’avons nous pas compris les décisions ou les actions de nos maris ? Avons-nous répondu dans le même esprit que Mical ? Avons-nous bloqué la bénédiction que nous-mêmes et nos enfants aurions pu recevoir de nos maris, par nos attitudes ou nos paroles – notre manque de respect envers lui ? Avons-nous exprimé des paroles de correction ou de réprimande vis à vis de lui, au lieu de nous adresser à lui avec amour et soumission ?

Circonstances ayant rendu les choses difficiles pour Mical :

   Mical avait aimé David lorsqu’ils s’étaient mariés (1 Sam. 18 : 20, 28), et l’avait aidé à fuir devant Saül, son Père (1 Sam. 19 : 12). Alors que David était en exil et traqué par Saül, Mical avait été donnée à un autre homme (1 Sam. 25 : 44), et David prit deux autres femmes : Abigaïl et Achinoam. Une fois Saül décédé et David couronné roi sur Juda, ce dernier prit quatre autres femmes. Ensuite, lorsqu’Abner offrit d’amener Israël sous son règne, David demanda que sa première femme Mical lui fut rendue. Elle fut prise de chez son mari, Palthiel, et il la suivit en pleurant, mais dû rentrer chez lui (2 Sam. 3 : 14-16). Puis, lorsque David transféra la capitale d’Hébron à Jérusalem, il prit plus de femmes et de concubines (2 Sam. 5 : 13).

Lorsqu’on est dans le doute, la prière est la clé :

   Du côté relationnel, Mical aurait pu se trouver justifiée d’avoir des problèmes avec certaines des décisions et des actions de David. Il se peut aussi qu’elle ait été perplexe de devoir quitter son deuxième mari, qu’elle a peut-être aimé. David avait fait des erreurs, et n’était pas sans faute, tout comme nos propres maris sont humains et font des erreurs / ne sont pas sans faute. Cependant, la querelle qu’elle a eue avec lui était en rapport avec ses actions dans le culte, et sur sa manière d’agir en tant que roi d’Israël. Ce orgueil fut attisé par ce qu’à ses yeux les autres pouvaient penser de son mari.

   Lorsque nous nous posons des questions sur les actions ou les décisions de notre mari, la première chose que nous devons voir, il me semble, est quel esprit nous dirige. Sommes-nous en harmonie avec l’Esprit de Dieu – humilité, soumission, miséricorde ? Ou sommes-nous dirigés par un esprit d’orgueil, d’arrogance, d’amour du monde, d’amour de l’approbation des gens au dessus de l’approbation de Dieu ; ou la peur (le revers de l’orgueil), ou bien tout simplement « Je veux que ce soit à ma manière » ? Un examen de nous-même est toujours une bonne idée.

   Alors il serait bon de « prier au lieu de parler ». Tournez-vous vers notre bien-aimé Sauveur (qui est « le chef » « la tête » de votre mari) et demandez-Lui d’intervenir. Bien sûr, notre attitude et nos motivations pour la prière doivent également être examinées. Il ne s’agit pas de demander à Dieu de changer notre mari alors que nous pensons être dans notre bon droit. Nous devons être prêtes à changer si nous sommes dans l’erreur.

   Si le changement doit avoir lieu, Dieu peut parler au cœur de notre mari, et celui-ci peut changer d’idée. Dieu peut également nous encourager à parler à notre mari concernant le problème, d’une manière soumise (non en le réprimandant ou en le provocant.)

   Mical ne pouvait pas attendre le retour de David au palais, elle a prit les choses en main et alla à sa rencontre. Suivre les principes énoncés plus haut éprouve notre confiance en Dieu afin que ce soit Lui qui règle la situation, et que nous ne soyons pas impatientes de régler les choses par nous-mêmes. Si nous sommes patientes et attendons le temps de Dieu, lui demandant de nous guider sur la meilleure manière d’agir, nous serons BÉNIES et non MAUDITES.

   Que Dieu nous bénisse toutes alors que nous cheminons pour atteindre le point où nous refléterons la relation qui existe entre le Père et son Fils dans nos mariages et nos familles.

 

Histoire pour les enfants

Rama cherche Cana

   C’était une chaude matinée dans le village indien où habitait Rama. Prenant son sac en toile de jute, il se mit en route pour son travail. Il n’aimait pas ce travail, mais il fallait bien qu’il le fasse.

   Voyez-vous, Rama était balayeur de rues, et chaque jour, il devait parcourir les rues poussiéreuses, débarrassant les caniveaux de leurs saletés.

   Rama n’était pas balayeur de rues parce qu’il aimait ce métier. Il était balayeur de rues parce que son père l’était, et parce que son grand-père, et tous ses ancêtres, aussi loin qu’on s’en souvenait, l’avaient été. En Inde, les garçons font généralement le même travail que leur père.

   Rama descendit donc la rue du village. Dans son sac, il mit les goyaves pourries, les noyaux de mangues et les peaux de papayes qui traînaient ici et là. Il dépassa l’école du village et s’arrêta assez longtemps pour regarder par la porte ouverte où il put voir bien des autres garçons du village assis par terre en tailleur et répétant leur leçon en ânonnant. Il voyait aussi le maître, assis sur une petite plate-forme, tenant un livre à la main et un bâton de l’autre.

   Rama n’était jamais allé à l’école, et il savait bien qu’il ne pourrait jamais y aller. Les balayeurs de rues n’allaient pas à l’école. Une fois, il avait demandé à son père de l’envoyer à l’école, et son père avait souri.

— Quand tu saurais lire, tu ne saurais pas mieux ramasser tes ordures, dit-il.

   Rama ne discuta pas. Il savait que c’était vrai.

   Petit à petit, le sac que Rama portait s’alourdissait. Il se détourna de son chemin pour éviter une vache qui reposait au milieu de la rue. Un peu plus loin que l’école, il arriva près d’une grande flaque remplie d’eau par la pluie de la veille.

   Dans cette flaque flottait un morceau de papier qui avait évidemment été arrachée d’un livre. Se demandant ce que les mots voulaient dire, Rama poussa le papier du bout de son bâton. Il le ramassa et le mit à sécher sur une pierre au soleil.

   Lorsque son sac fut presque plein, Rama alla le vider dans le trou aux ordures, à l’autre bout du village. Lorsqu’il revint près de la pierre, le papier était sec. Il redescendit la rue, cherchant quelqu’un qui pourrait le lui lire.

   A l’ombre d’un banian, non loin du temple, il vit un prêtre brahmane, profondément endormi. Il observa l’homme pendant quelques minutes, espérant qu’il s’éveillerait. Lorsqu’il le vit lever la main et chasser quelques mouches qui se promenaient sur son nez, il comprit que le prêtre était éveillé.

   Il s’avança vers le grand homme, mais pas trop près. Il lui tendit le papier, s’inclina, et parla très poliment.

— Très honoré père, que dit ce papier ?

Le brahmane ouvrit les yeux lentement et regarda autour de lui. Voyant le garçon, ses yeux brillèrent d’une colère soudaine.

— Va-t’en, chien ! Et que ton ombre ne tombe pas sur moi ! Comment ose-tu me parler ?

   Rama avait l’habitude qu’on lui parle sur ce ton, aussi ne se vexa-t-il pas. Ordinairement, il se serait retiré humblement et aurait été ailleurs. Mais cette fois il avait tellement envie de savoir ce que disait le papier qu’il s’inclina à nouveau et prit la parole pour la deuxième fois.

— Je t’en prie, père, honore ton serviteur en lui lisant ce papier.

   Le prêtre finit par acquiescer. Mais il ne voulut pas prendre le papier des mains de Rama.

— Jette-le ! commanda-t-il.

   Rama laissa tomber le papier par terre. Le prêtre tendit son bâton et fit glisser le papier vers lui. Il le ramassa, ajusta ses lunettes et lut rapidement d’une voix chantante. Lorsqu’il eut fini, il jeta le papier à terre et ferma les yeux pour poursuivre sa sieste. Mais Rama avait quelques questions.

— Père, où est Cana ?

— Je ne sais pas. Je n’ai jamais entendu parler de cet endroit. Et maintenant, va-t’en !

Avec un soupir, Rama ramassa le papier et le prit avec lui. Ce soir-là, lorsque son père revint du travail, Rama lui posa la même question.

— Père, où est Cana ?

— Je ne sais pas, mon fils. Pourquoi demandes-tu ? Es-ce que tu connais quelqu’un qui habite là ?

— Oui, père. Le prêtre m’a lu une histoire sur un mariage qui a eu lieu à Cana, et un homme très bon qui habite là. Je voudrais aller le voir.

— Il vaut mieux que tu n’y penses plus. Cana se trouve peut-être dans un pays lointain.

   Mais Rama n’arrivait pas à oublier Cana. Cet homme très bon, Jésus, habitait à Cana. Si seulement il pouvait trouver Cana, et Jésus, il savait qu’il aurait un ami. Jésus ne le traiterait pas de chien et ne le chasserait pas. Jésus l’aiderait.

   Pendant plusieurs jours, Rama demanda à tous ceux qu’il rencontra s’ils savaient où se trouvaient Cana. Hélas, personne n’avait entendu parler de cet endroit. Finalement, il rencontra un homme qui, simplement pour plaisanter, lui dit que Cana était un village à quelques kilomètres au nord de Lucknow. Ce soir-là, il posa des questions à son père au sujet de Lucknow.

— Lucknow ? Mais c’est une grande ville, à peu près à cent cinquante kilomètres d’ici.

— Comment est-ce que je pourrais m’y rendre ?

   Son père lui dit qu’il y avait qu’un moyen : prendre le train. A quelques kilomètres du village se trouvait une ville où passait le chemin de fer. Là, on pouvait prendre un train pour Lucknow.

   Un grand projet se dessina dans le cœur de Rama. Il irait à Lucknow et trouverait Cana. Il se mit à économiser de l’argent. Ce n’était pas facile, car il y avait très peu d’argent au village. Il vendit quelques-unes de ses précieuses possessions à d’autres garçons. Il chercha de petits travaux qui rapporteraient quelques pièces. Il prit même un bol en bois, alla se tenir à l’entrée du temple, et mendia. Il lui fallut bien des semaines pour économiser suffisamment d’argent afin d’acheter un aller-retour en troisième classe pour Lucknow, mais il y arriva finalement. Sa mère lui prépara un petit baluchon avec des fruits et du pain. Puis, traversant les collines pour se rendre à la ville où passait le chemin de fer, Rama prit le train pour Lucknow.

   C’était la première fois qu’il voyait un train, et il en eut peur. Mais lorsqu’il vit d’autres personnes y monter, il les suivit. Il arriva à Lucknow après un voyage qui dura quatre heures. Il fut surpris de découvrir une aussi grande ville. Le bruit et le trafic l’effrayèrent. Mais l’espoir de trouver bientôt Jésus lui donna du courage. Il se mit à poser et reposer la même question : « Où est Cana ? Où est Cana ? » Si Cana se trouvait près de Lucknow, tout le monde connaîtrait ce village. Comme il était triste tandis que, l’un après l’autre, les gens qu’il abordait lui disaient n’avoir jamais entendu parler de Cana !

   Rama erra dans Lucknow pendant trois jours. Puis, sa nourriture épuisée, il se rendit compte qu’il lui faudrait rentrer à la maison. Quelque part sur la terre se trouvait un pays, avec une ville appelée Cana, et Jésus y habitait, mais Rama se rendait compte qu’il ne les trouverait jamais.

   Tenant fermement son billet de chemin de fer à la main, il se tint sur le quai, attendant le train qui le ramènerait chez lui. Dans la bousculade, il se retrouva finalement assis dans le vieux compartiment de troisième classe, avec ses longs bancs de bois dur. Il s’assit près de la fenêtre ouverte, les mains croisées, attendant le départ du train.

   Le garde fit un signal avec son drapeau vert, et le mécanicien répondit en faisait siffler la locomotive. Lentement, le train se mit en marche. Au même moment, Rama vit un vieillard qui poussait une remorque le long du quai. Elle était remplie de livres et de journaux, et l’homme criait d’une voix forte et distincte :

— Qui veut acheter l’eau de la vie que donne Jésus ?

   « Jésus ! » Rama se leva d’un bond. Voilà quelqu’un qui connaissait Jésus. Il voulut sortir du compartiment par la fenêtre ouverte, mais l’un des passagers le retint à l’intérieur.

— Reviens ici, enfant de chouette ! Tu veux te faire tuer ?

— Laissez-moi ! Je dois descendre du train ! cria Rama en repoussant l’homme.

   Il courut au bout du compartiment, ouvrit la portière qui donnait sur le quai et avant que personne ne puisse l’en empêcher, il sauta du train en marche. Il n’avait jamais été en train avant son voyage à Lucknow, aussi ne s’attendait-il pas à ce qui se passa ensuite. Le train allant déjà assez vite, il roula plusieurs fois sur lui-même et se retrouva au fond d’un fossé.

   Il resta un moment sans bouger, complètement étourdi. Puis il se releva. Son pantalon était déchiré, et l’un de ses genoux saignait. Mais ce n’était pas cela qui allait l’arrêter. Sautant, courant, boitant, il retourna au quai pour retrouver l’homme qui avait parlé de Jésus. Il était déjà très loin, à l’autre bout du quai, prêt à quitter la gare.

   Comment cet homme l’accueillerait-il ? Mais aucune importance, il fallait qu’il se renseigne sur Jésus. Il courut après l’homme, s’arrêta, et parla doucement :

— Honorable maître, que faites-vous ? Qu’avez-vous dit ?

L’homme se retourna.

— Je vends des livres sur la religion chrétienne, dit-il.

Rama n’avait jamais rien entendu de semblable.

— Est-ce que vous connaissez Jésus ? demanda-t-il ?

   Rama regarda le vieillard dans les yeux en posant sa question, et il tremblait presque en attendant la réponse. L’homme tendit la main et prit celle du petit balayeur de rues. Il le regarda dans les yeux. Il y avait de l’amour dans sa voix lorsqu’il parla.

— Oui, mon garçon, dit-il, je connais Jésus. Pourquoi ?

— Oh ! alors, dites-moi où je peux le trouver. Je croyais qu’il habitait à Cana, mais s’il s’est installé à Lucknow, je veux le voir.

   Le vieillard était profondément ému.

— Viens avec moi, dit-il gentiment.

Serrant bien fort la main de Rama dans la sienne, il se remit en route, poussant sa remorque devant lui.

— Je vais t’emmener là où tu pourras faire connaissance avec Jésus.

   Rama marcha assez longtemps avec le vieil homme, puis ils arrivèrent à la mission, aux abords de la ville. Ils passèrent le portail, et Rama entra dans une grande pièce où de nombreux garçons et filles mangeaient à de longues tables. Le vieillard parla à l’un d’entre eux. Le garçon se leva rapidement, alla à la cuisine et revint un moment plus tard avec un grand bol de riz à la sauce qu’il posa sur la table devant Rama. Rama mangea vivement, car il avait très faim. Puis le garçon remplit le bol une seconde fois, quelque chose qui n’était jamais arrivé à Rama.

   Ensuite, l’homme emmena Rama et lui donna un bain. C’était la première fois que Rama prenait un bain dans de l’eau chaude. L’homme lui avait même montré comment il fallait se servir du savon. Après le bain, Rama trouva des vêtements propres préparés pour lui ; tous ses haillons sales avaient été emportés. Mais Rama ne cessait de se demander quand on l’emmènerait voir Jésus.

   Une fois Rama habillé proprement, le vieillard l’emmena dans sa chambre à lui, et tous deux s’assirent. Puis il parla à Rama, lui racontant la merveilleuse histoire de Jésus : comment il était venu sur cette terre et avait vécu parmi les hommes, les aimant, les guérissant, changeant même l’eau en vin pour eux. Il lui dit la plus triste partie de l’histoire : comment Jésus mourut sur la croix, donnant sa vie pour que tous les hommes puissent vivre à jamais et ne plus mourir.

— Pourquoi a-t-il fait cela ? demanda Rama, tout émerveillé.

­— Parce qu’il aime tous les hommes du monde.

   L’amour ! Rama n’avait jamais beaucoup entendu parler d’amour dans sa vie. La plupart des gens le repoussaient.

— Voulez-vous dire que Jésus m’aime, moi ? Je ne suis rien du tout ; je ne suis qu’un balayeur de rues.

— Oui, il t’aime, et si tu le lui permets, il va devenir ton ami dès maintenant.

   Les larmes se mirent à couler le long des joues de Rama. Cela semblait trop beau pour être vrai. Le vieillard lui montra comment s’agenouiller. Rama écouta son ami parler à Jésus, très loin au-delà du ciel. Puis, toujours en prière, le vieillard prononça des mots que Rama répéta après lui.

   Rama resta à l’école. Le missionnaire écrivit une lettre aux parents du garçon afin qu’ils ne s’inquiètent pas. Ils furent surpris d’apprendre que leur fils allait aller à l’école. Cela leur fit grand plaisir.

   Rama étudia de grand cœur, et bientôt il put lire aussi bien que les autres garçons, car il était intelligent. Il aimait lire plus que tout, et il trouvait beaucoup de plaisir à parcourir les livres de la bibliothèque. Mais le livre qu’il préférait par-dessus tous les autres, c’était la Bible, le Livre qui parlait de l’Homme de Cana. 



[1] « Un flacon de vin » dans la version King James