10. Briser les chaînes de Duracell
Mise en ligne Mar 10, 2015 par Adrian Ebens dans Guerre d'identité
Section 2. Notre Destinée — Identité Reconquise
10. Briser les chaînes de Duracell
Il y eut une longue pause, alors qu’ils se serraient l’un contre l’autre. L’intensité de leurs émotions était profonde, mais ils savaient tous deux que l’heure était venue. Depuis la nuit des temps, le Père et le Fils vivaient dans une communion étroite, et cette communion allait maintenant être rompue. Le Fils de Dieu allait entreprendre la mission de réclamer Ses fils et ses filles humains. Le Père tout comme le Fils comprirent les risques et le prix impliqués, mais l’amour les fit persévérer.
Pendant un bref moment, le Père et le Fils percèrent le futur et regardèrent la mission se dérouler. La moquerie, le rejet, la haine, les crachats, les coups de pieds et les coups de fouets, les clous – tout se perdit dans l’insignifiance en comparaison à ce moment épouvantable où le ciel et la terre se tiendraient en silence et observeraient la séparation du Père et du Fils. Le Fils vit des millénaires de culpabilité, de souffrance, de rébellion et d’inutilité venir sur Lui ; Il se regarda vaciller comme une feuille, déchiré et brisé en voyant son Père se retirer et L’abandonner aux horreurs de LA MORT.[1]
L’étreinte se resserra – comment le Père pouvait-il L’abandonner à ce sort ? A un niveau plus profond, ils luttèrent tous les deux avec la possibilité de l’échec et de la perte par la puissance du péché. Le Fils de Dieu allait prendre la nature humaine sur Lui-même, ouvrant une opportunité au grand séducteur de le vaincre. Il n’y avait aucune garantie de succès. Comment pouvaient-ils planifier ensemble une telle folie, un tel risque ? Comment pouvaient-ils entretenir un tel plan ? Et pourtant, l’amour les fit persévérer.
La longue pause qui parut éternelle, finit par se terminer – ils se déterminèrent tous les deux à poursuivre le plan. Le Fils s’avança vers les limites du ciel. Il regarda une dernière fois le visage aimant de Son Père, et puis s’en alla.
Nous avons précédemment examiné[2] la longue liste des défis auxquels Dieu serait confronté afin de sauver ses fils et filles sur la terre, le développement du royaume de Satan dans le cœur de l’homme et la manière dont Satan nous contrôle grâce à notre sentiment d’incapacité. Pour mettre fin à ce pouvoir Jésus devait briser ce sentiment d’absence de valeur, il devait rétablir la conscience de notre identité d’enfants de Dieu et vaincre la fausse identité conçue par la pensée basée sur la performance.
Un profond sentiment d’appréhension a dû saisir le cœur de Satan, lorsqu’il a vu les anges chanter aux bergers l’hymne de joie annonçant la venue du Messie. L’étoile éblouissante qui a guidé les sages jusqu’à l’humble étable a sûrement ajouté à son inconfort. Vous pouvez imaginer qu’il a compris qu’un combat l’attendait lorsqu’il a vu le noble bébé. Il fut dans l’incapacité de briser le calme paisible reposant sur l’enfant, contrairement à son habitude. C’était une énigme, l’enfant était de chair et de sang, mais au fond de son cœur reposait une sorte de confiance paisible dans la main invisible du Dieu infini. Satan comprit qu’il était en difficulté.
Ce même esprit troublé reposait sur le cœur d’Hérode, et il nous est ainsi donné un aperçu du trouble qui agite l’esprit obscur du monde. Le sentiment profond d’insécurité qui régnait sur Hérode fit de lui une proie facile pour la campagne « de choc et de terreur » que Satan menait contre le royaume des cieux. Il voulait éliminer le petit enfant avant que le vrai combat ne commence. Mais la confiance paisible du Roi nouveau-né ne fut pas menacée et la providence lui fournit une issue de secours. Ainsi, il pourrait combattre le maître des ténèbres et, dans la chair humaine, repousser ses chaînes d’insécurité qu’il utilisait pour asservir la race humaine condamnée.
La vie de Jésus peut se résumer dans les paroles de Jean 8 : 29. « Celui qui m’a envoyé est avec moi ; il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable ». Les actions de Satan n’avaient pas d’importance, il ne pouvait pas briser ce sentiment de dignité et de confiance. Christ se cramponna à sa Filiation avec une ténacité telle qu’elle a impressionné même le prince des ténèbres. Satan dût être enragé devant ses efforts futiles pour pousser le Christ à pécher. Enfin, quelqu’un qui était en mesure de résister à Satan. Après quatre mille ans de succès auprès de chaque être humain, Satan se heurta contre un mur de pierres inébranlable. C’était là une âme humaine, confiante dans sa filiation divine. Cette filiation était la clé de la victoire, la plus sûre fortification contre les courants d’inutilité et d’absence de valeur qui coulaient et noyaient la race humaine. Par conséquent, la filiation doit être le point crucial de la guerre entre les deux rivaux.
La ville de Nazareth débordait d’enthousiasme. Les nouvelles de Jean le Baptiste se propageaient rapidement. Le précurseur du Messie était arrivé et quand le message atteignit l’humble atelier de charpentier, Jésus sut que le moment de la bataille était arrivé. Il déposa son ciseau à bois et sa scie, embrassa sa mère et se dirigea vers le Jourdain.
Jésus est confiant en sa filiation, mais la lutte dans le désert va l’éprouver comme aucun homme ne l’a jamais été. Tel un barrage qui se rompt, les portes de la misère humaine vont s’ouvrir sur lui. Jésus doit faire face au déferlement du néant de l’humanité et rester ferme comme le rocher de Gibraltar. S’il peut tenir ferme, alors, pour la première fois quelqu’un aura brisé les chaînes de Duracell. Les trophées de cette victoire deviendraient l’héritage de ceux qui croient en Lui.
La lutte dans le désert a été fondamentale à l’œuvre de la croix. Quel est l’intérêt de l’offre du pardon si l’âme humaine ne peut briser les chaînes de son néant ? Quelle est l’intérêt de la démonstration d’amour la plus puissante si aucun homme, femme ou enfant n’a la puissance de saisir ce don - AUCUN ! L’absence de valeur et le néant de Duracell doivent d’abord être vaincus et les trophées de la victoire placés dans les mains de la race humaine afin que tous puissent obtenir la puissance de s’emparer du don ineffable de la croix.
Le Père sait ce qui va arriver et fortifie la main de Son Fils pour la lutte, non par une manifestation de puissance, ni par une force ou une arme surnaturelle, car rien de tout cela ne pourrait faire face à l’ennemi à venir. Dieu offrit Sa meilleure arme – la puissance découlant de leur relation mutuelle. Lorsque Jésus sortit de l’eau et que la colombe descendit, le ciel s’ouvrit et Jésus entendit distinctement la voix de son Père : « CELUI-CI EST MON FILS BIEN-AIME, EN QUI J’AI MIS TOUTE MON AFFECTION. » Ces paroles sont l’épée la plus tranchante que le Père pouvait remettre à son Fils pour combattre. Confiant dans la PAROLE de son Père, il va se battre contre l’ennemi rusé et briser en notre faveur, ces chaînes que nous n’aurions jamais pu briser.
La signification de cette déclaration est beaucoup plus profonde que la plupart des gens ne l’imaginent. Dieu accepte un membre de la race humaine ! Quel espoir incroyable est offert à chacun de nous ! Par Jésus, Dieu tend la main à chacun de nous et nous assure que nous sommes Ses enfants bien-aimés. Si nous espérons un jour accepter le don de la croix, il nous faut d’abord accepter ces précieuses paroles, « Tu es mon enfant bien-aimé en qui j’ai mis toute mon affection ! » Il est impossible d’accepter un cadeau venant d’un ennemi sans se demander s’il n’est pas piégé ou donné à certaines conditions ; mais le cadeau d’un membre affectueux de notre famille peut être accepté pour ce qu’il est – un don pur et simple. Il n’y a pas d’autre moyen d’approcher la croix que de traverser le pont d’une croyance solide en notre relation de fils et de filles de Dieu. Tout autre chemin poussera notre pensée égocentrique à tordre l’évangile en légalisme ou en justification du péché.
Ces paroles venant du ciel ont dû rendre Satan fou de rage. Il s’agissait d’un rappel de ce qu’il avait lui-même été mais qu’il n’était plus - un fils ; une évocation de son néant et de sa futilité. Mais l’orgueil ne meurt pas facilement et ainsi Satan se prépara à ouvrir, au désert, la digue de ses tentations sur Jésus.
Le texte biblique nous dit que Jésus était « dans le désert, où il passa quarante jours, tenté par Satan. »[3] Je crois que la plupart des gens trouveraient 10 minutes de tentation constante insupportable, à combien plus 40 jours ! Satan avait cumulé 4000 ans d’expérience pratique en matière de tentations et vous pouvez être assuré que Jésus a été la cible de toutes les armes de l’enfer. Qui peut comprendre la profondeur de ce conflit ? L’univers tout entier retenait son souffle alors que Satan frappait le Fils de Dieu coup après coup. Et en ce qui nous concerne, nous n’étions même pas encore nés et étions donc inconscients de la résistance héroïque de Jésus afin de nous libérer. Si Jésus avait échoué alors, nous aurions tous été anéantis par les chaînes de notre néant. Jésus était notre seul et unique espoir pour percer l’obscurité.
Voyez-vous, j’arrive à un point tel que celui-ci, et je ne peux faire autrement que de m’arrêter et de penser à Lui. Mais… que puis-je dire ? Mon cœur déborde d’une joie reconnaissante quand je considère les attaques déterminées et incessantes que ce Dieu-homme a subies à cause de notre situation désespérée. Comme si un père ou une mère traversait une maison embrasée pour sauver son enfant. Jésus fut mentalement frappé par Satan au point de s’évanouir, mais il n’a pas lâché prise. Cet homme me fait m’écrier – « Je dois valoir quelque chose ». Personne ne ferait cela à moins de se soucier vraiment de moi ! Je vous le dis : cet amour m’attire d’une manière irrésistible. Je Lui résiste, mais merci à Dieu, Il est plus résolu que moi !
Lorsque Jésus est le plus vulnérable, fatigué, affamé et seul, toutes ces choses qui conduisent l’humanité au compromis, Satan vient au cœur du sujet. « Si tu es le Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. »[4] Quel autre test pourrait-Il subir sinon celui concernant la filiation ? On n’avait pas dit à Jésus combien de temps il allait rester dans le désert ; le récit ne précise pas que la durée de l’épreuve lui avait été annoncée. Jésus était encore là et aucun corbeau n’était venu lui donner à manger, aucun manne ne tombait du ciel, peut-être s’était-il trompé sur la voix venant du ciel ? « Ton Père ne voudrait pas que tu restes dans cette condition, fais quelque chose »… murmure Satan.
Satan utilisait le moyen de l’appétit pour essayer de briser la foi de Jésus dans la parole de son Père. Quarante jours plus tôt, Dieu avait dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection. » Si Jésus devait transformer les pierres en pain, c’est qu’en effet, il douterait de la parole de Dieu et ce doute serait suffisant pour semer la confusion quant à Son identité. Bien plus, il est ordonné à Jésus d’accomplir un acte afin de prouver Son identité. Lui demander de transformer les pierres en pain pour confirmer Son identité était une porte directe sur le royaume de Satan : l’identité par la performance et la réussite.
Combien d’entre nous sommes tombés dans le piège de prouver notre valeur par ce que nous réalisons ? Poussés à démontrer que vous avez ce qu’il faut pour réussir, vous vous privez de sommeil et de repos et surtout de temps de prière et d’étude biblique, tout en restant tard au bureau sans accorder de temps à votre famille. Tout cela, uniquement pour obtenir cette promotion ou ce bonus. Pourquoi sommes-nous si exigeants envers nous-mêmes ? Dans bien des cas, je crois que nous répondons à cette question : « Si tu es un fils ou une fille de Dieu, prouve-le en accomplissant une grande chose. »
Avez-vous remarqué que lorsque vous vous levez le matin et que vous avez envie de passer du temps à méditer et à être avec Dieu, votre pensée commence à se remplir de toutes les activités à accomplir ce jour-là ? Tout cela jusqu’à ce que vous n’en puissiez plus. Vous faites alors le compromis d’une prière de 5 minutes et commencez votre journée. Cela vous arrive-t-il ? Pourquoi ? Si à la fin de la journée vous constatez que vous n’avez pas accompli grand-chose, êtes-vous toujours content et heureux ou vous sentez-vous déçu et déprimé ? Êtes-vous agité par le fait que vous « perdez du temps » quand vous êtes malade au lit, alors que vous pourriez réaliser certaines tâches à faire ? Toutes ces choses montrent assurément que tous, sans exception, nous tombons dans les tentations de Satan : prouver notre identité et notre valeur par le biais de nos actions. Etant donné que nous portons profondément en nous ce facteur d’insécurité qui nous a été transmis par Adam et Eve, nous sommes des cibles faciles pour ressentir le besoin de créer des feuilles de figuier spirituelles et mentales afin de nous couvrir. Une personne centrée sur elle-même répondra toujours à un défi au sujet de son identité en déployant ce qui est en elle-même, alors qu’une personne en sécurité centrée sur son Père céleste ne s’en préoccupe même pas. Cela me rappelle une expérience faite lors d’une promenade avec un ami qui possédait un Rottweiler. Nous sommes passés devant la maison d’un voisin qui avait un très petit chien. Il aboyait, jappait et essayait d’attirer l’attention du Rottweiler. Celui-ci n’a même pas tourné la tête pour le regarder. Je sentais que le petit chien aurait pu dire : « Viens M. Rottweiler, je vais lutter avec toi et prouver à mon propriétaire que je peux combattre un gros chien comme toi. » Mais le Rottweiler avait confiance en ce qu’il était et n’a même pas répondu au défi ; qu’est-ce que cela aurait ajouté à sa valeur ?
C’est pour cette raison même que Jésus devait entrer dans le désert de la tentation. La famille humaine avait besoin d’une personne capable de démontrer qu’elle croyait être un enfant de Dieu simplement parce que Dieu l’a dit, le prouvant par ses propres actions. Le monde avait besoin d’un David pour défier le Goliath apparemment invincible du manque de valeur qui nous lie à nos péchés et nous rend esclaves du diable. L’histoire de la tentation de Christ dans le désert a de nombreuses similitudes avec l’histoire de David et Goliath :
1. Satan en tant qu’être spirituel avait beaucoup d’avantages sur Jésus qui était encombré de la nature humaine. 1 Sam 17 : 33
2. Jésus représentait la race humaine dans son ensemble. Une victoire du Christ signifiait la liberté pour nous. En parallèle, Satan représentait l’ensemble des forces du mal et sa victoire signifiait pour nous un esclavage éternel des puissances des ténèbres. 1 Sam 17 : 9
3. Jésus a passé 40 jours dans le désert, faisant face aux sarcasmes et aux tentations de Satan tout comme Israël a subi la moquerie de Goliath pendant 40 jours. 1 Sam 17 : 16
4. Satan est venu en son propre pouvoir, mais Jésus est venu au nom de l’Eternel pour détruire celui qui avait provoqué l’armée du Dieu vivant. 1 Sam 17 : 45
5. Les armes utilisées par Jésus semblaient dérisoires en rapport aux normes du monde - Il a cru aux paroles de Dieu, qu’il s’est appropriées avec précision pour atteindre l’esprit de Satan.
Les parallèles sont époustouflants et je ne peux m’empêcher de me mettre à la place d’un de ces soldats Israélites debout à flanc de coteau, écoutant Goliath insulter mon Dieu, ma religion et moi-même. « Où est votre Dieu ? » « Pourquoi ne vous battez-vous pas contre moi si vous êtes si forts ? » « Vous êtes faibles, inutiles et une honte pour votre Dieu ! » Écouter ce type de propos méprisants pendant 40 jours peut vraiment vous démoraliser. Regardez sa taille ! Son armure brille au soleil alors que sa voix caverneuse lance des insultes à travers la vallée. La situation semble désespérée et un sentiment angoissant de résignation à être réduit en esclavage est palpable. Est-ce différent aujourd’hui ? Nous subissons les railleries de Satan sur nos incapacités et nos faiblesses. Ses tentations semblent si fortes et écrasantes que nous en sommes maintes fois victimes ; nous éprouvons aussi parfois ce sentiment angoissant de résignation à être esclave de Satan. Certaines personnes prêchent même que notre esclavage ne pourra jamais être vaincu, que le péché nous vaincra toujours. Bannissez de telles pensées, le Fils de David est dans notre camp et nous a libérés des chaînes du diable. Sa victoire dans le désert de la tentation est une victoire pour la famille humaine tout entière. Vous pouvez choisir de penser que vous devez encore faire face à votre Goliath ou vous pouvez rester à flanc de coteau, regardant avec admiration Jésus couper la tête de votre tentation. Si vous croyez que vous avez déjà la victoire grâce à Jésus, au lieu d’espérer qu’Il vous délivre, alors vous avez trouvé le cœur même de la foi.
Je suis immensément heureux que le Fils de David m’ait libéré du pouvoir de la dévalorisation. Il a enlevé de mon cœur ma révolte et mon orgueil. Il a placé mes pieds sur le rocher de mon identité en tant qu’enfant de Dieu. Il a dû lui-même faire face aux doutes pour moi et les a vaincus par la foi en la Parole de notre Père. Chantez et réjouissez-vous avec moi, vous, fils et filles de Dieu. Jésus a brisé les chaînes de Duracell. Le Père nous a donc reçus en grâce dans le Bien-Aimé.[5]