11. Ouvrir les portes du ciel

Mise en ligne Mar 10, 2015 par Adrian Ebens dans Guerre d'identité

 

11.  Ouvrir les portes du ciel

 

   Un éclat de lumière traverse l’obscurité pour signaler l’arrivée de l’aube. Il signale aussi le début de l’épreuve. Le pouls s’accélère, le souffle diminue à mesure que les préparatifs sont faits pour le voyage. Alors qu’ils se mettent en route, l’esprit d’Abraham est inondé de souvenirs. Il se souvient de la première fois qu’il a tenu Isaac et de l’immense sentiment de joie qu’il avait ressenti après une si longue attente. Les souvenirs du petit Isaac qui saute dans le lit de papa et se blottit contre lui tout en écoutant attentivement l’histoire d’Adam et d’Eve, de Noé et de bien d’autres, pèsent comme d’énormes masses de plomb sur ses épaules alors qu’il pense à l’épreuve qui l’attend :

« Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac ; va-t’en au pays de Morija, et là offre-le en holocauste sur l’une des montagnes que je te dirai. »  Genèse 22 : 2

   Dieu avait parlé et Abraham rassemblait ses forces pour obéir à l’ordre donné. Aucune explication, aucune raison n’était donnée. Au cours des années durant lesquelles Abraham avait marché avec Dieu, il avait appris à ne pas résister à Ses ordres, à croire que la sagesse de Dieu était infiniment plus grande que la sienne et que Sa voie était le seul chemin sûr à suivre. Mais ce chemin était difficile, incroyablement dur !

   Qui peut comprendre la lutte qui se déroulait dans l’esprit d’Abraham ? Il aurait volontairement choisi d’être l’offrande plutôt que son fils. Il aurait tout fait pour sauver Isaac de son destin. Abraham respire profondément alors qu’il lutte pour cacher sa douleur à Isaac. Il doit s’agir d’un cauchemar qui va bientôt passer. La réalité le frappe de plein fouet lorsqu’Isaac demande : « Père, nous avons le bois et le feu, mais où est le sacrifice ? » Une flèche perce le cœur d’Abraham. Que va-t-il répondre ? Une courte prière monte vers Dieu pour demander la sagesse et Abraham répond « Mon fils, Dieu se pourvoira lui-même de l’agneau pour l’holocauste. »

   Au sommet de la montagne, Abraham révèle douloureusement à Isaac le sort qui l’attend. Isaac est un jeune homme, il pourrait facilement maitriser son père pour s’enfuir, mais il a appris la discipline de l’obéissance et soumet ses propres désirs à la sagesse de son père. Le ciel tout entier retient son souffle alors qu’Abraham prépare son précieux fils pour ce moment final. La raison humaine déchaîne maintenant un feu nourri d’arguments contre la foi, mais Abraham, debout comme un cèdre dans une grande tempête, se courbe mais ne revient pas sur sa résolution de mener à bien la requête qui lui a été demandée.

   Tout est prêt et Abraham regarde son fils. La douleur déchire son cœur et sa force commence à diminuer, mais il tient ferme. Après une prière, il se décide à plonger le couteau qui mettra fin à la vie de son fils le plus précieux.

   À ce moment, une voix se fait entendre – « Abraham ! Ne pose pas ta main sur l’enfant, car je sais maintenant que tu crains Dieu. » Genèse 22 : 12

   Lorsque je pense à cette histoire, je ne peux m’empêcher de me mettre à la place d’Abraham et d’imaginer mon fils à la place d’Isaac. J’essaye de comprendre la tension qu’il ressentait, mais l’image mentale s’efface  immédiatement. Emotionnellement, mon esprit ne peut pas supporter une telle scène.

   Pour comprendre l’horreur et le sacrifice de Jésus sur la croix, il nous faut entrevoir la profondeur de la relation existant entre le Père et le Fils. L’essence même de leur royaume est révélée au travers de cette relation, le cœur de ce principe de Vie est illustré dans l’amour qui les uni. Si vous n’ajoutez pas cette dimension relationnelle à la croix, vous avez véritablement manqué ce qui est primordial.

« Car Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné Son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. » Jean 3 : 16

   La rupture d’une relation précieuse est la chose la plus dévastatrice qu’une personne puisse éprouver. La pensée d’être séparé de ceux qu’on aime est une angoisse qui se cache au fond du cœur de toute âme humaine. Après avoir été éloigné de ma famille pendant une semaine pour donner une conférence, mon cœur aspire à être à la maison avec ceux que j’aime. Il n’y a rien dans ce monde contre quoi je pourrais échanger ma relation avec ma famille : cette seule pensée me rend malade. Pourtant, lorsque nous regardons dans le cœur de Dieu, comme la Bible le révèle, nous trouvons que Dieu notre Père et Son fils ont été prêts à rompre leur relation l’un avec l’autre, juste pour que vous et moi puissions franchir les portes du ciel et retrouver notre Créateur.

   Quelqu’un pourrait répondre : « Oui, mais Jésus savait qu’il ressusciterait de nouveau et retrouverait son Père. Ce n’est donc pas si grave. » Si vous avez eu cette pensée, je vous suggère de demander à Jésus ce qu’il a ressenti lorsqu’il a crié : « Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Lorsque la culpabilité d’un monde rebelle a été placée sur lui et que l’amour de son Père a été englouti par l’horreur qu’Il éprouvait de nos péchés, Jésus a cherché dans l’obscurité le visage aimant qui avait été sa joie dans toute l’éternité, mais tout ce qu’il a trouvé était la séparation et la colère. Son espoir fut anéanti, la mort était tout ce qui l’attendait, il se sentait à jamais coupé de Celui qu’il aimait et pour cette raison il a crié « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? » Pensez-y une minute, c’est grandiose, tout simplement grandiose !

   Tout cela nous amène à nous poser la question suivante : Jusqu’à quel point Dieu est-il prêt à briser les barrières qui nous séparent ? Essayez d’établir un parallèle avec le récit d’Abraham et d’Isaac. Personne ne pouvait remplacer Jésus. Personne n’était là pour prendre la place du Père dans l’épreuve déchirante du sacrifice, personne pour arrêter la main divine. Dans le tremblement de terre et l’obscurité de ce jour fatidique où le plus grand amour a été rompu en raison de notre péché, j’entends le cri du Père : « Mon fils, mon fils, comment puis-Je t’abandonner ? Comment puis-je te laisser partir ? » Voici l’enfer. Le père et le fils ont expérimenté l’enfer par la rupture de leur relation en notre faveur. Quelle peut être la substance de cet enfer, si ce n’est le contraire du royaume de Dieu, c’est-à-dire des relations d’amour profond ?

   Quelle en est la signification pour nous ? Cela signifie que le Fils de Dieu a goûté l’horreur de la séparation de l’amour divin en notre faveur, afin que nous n’ayons pas à en faire l’expérience. « O mort où est ta victoire ? O mort, où est ton aiguillon ? »[1] Maintenant rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu grâce à ce que Jésus et Son père ont fait pour nous.

   Les portes des cieux s’ouvrent pour nous parce que le Fils de Dieu a expérimenté l’enfer pour en fermer les portes, afin que nous n’ayons jamais à y entrer, y vivre l’expérience des pleurs et des grincements de dents qui seront le sort de ceux qui rejettent le sacrifice de Jésus et se séparent à jamais de l’amour divin.

   Le défi qui reste le nôtre à présent, c’est d’effectuer ce cheminement intérieur : passer d’une identité, fondée sur nos performances, où nous avons un sentiment d’absence de valeur à une identité fondée sur la source de la Vie, où l’Amour nous attend et où nous avons l’assurance d’être Ses enfants bien-aimés. Bien que Jésus ait ouvert les portes du ciel pour nous, nous devons faire le voyage depuis le royaume  Duracell jusqu’au royaume de Dieu, de l’identité par la réalisation à l’identité par la filiation, ou en d’autres termes, du salut par les œuvres au salut par la foi. Le reste de ce livre sera consacré aux défis et aux privilèges de ce voyage.



[1] 1 Cor. 15 : 55