23. Connaître Dieu

Mise en ligne Mai 22, 2014 par Etoile du Matin dans Le Retour d'Elie

  

Chapitre 23 – Connaître Dieu

 

A. Identifier les caractères

   Pendant ma jeunesse, alors que je grandissais, j’ai eu la malchance d’être exposé à des heures interminables de télévision. L’un des programmes que je regardais régulièrement était un programme intitulé Happy Days. Certains d’entre vous reconnaîtront immédiatement le programme dont je parle. Le programme reprenait la vie d’une certaine famille et de leurs amis vivant à la fin des années cinquante. L’une des principales personnalités était Richard Cunningham. Après avoir regardé de nombreux épisodes de ce programme, j’avais développé un lien assez fort avec cette personnalité. J’étais familiarisé avec ses habitudes et son caractère, et je commençais à en imiter certains aspects. Cela était également vrai pour le personnage principal « the Fonz ». C’était le gars cool avec la veste en cuir qui plaisait aux filles et qui pouvait se tirer de la plupart des situations. J’ai développé une relation assez forte avec ces deux caractères.

   Si je ne m’étais jamais soucié de regarder au-delà des limites de mon écran de télévision, j’aurais peut-être maintenu un certain lien avec ces personnalités. Mais tout cela changea lorsque j’appris que Richard Cunningham était en réalité Ron Howard. J’avais connu Ron sous le nom de Richard, mais je ne connaissais pas Ron. Chaque fois que je vois Ron Howard, je pense à Richard Cunningham, et s’il est vrai qu’il y a des traits de personnalité de Ron qui se retrouvent dans Richard, le fait est que Richard n’est pas vraiment une personne. Il est une expression, ou la forme d’une personne. Il démontre les joies et les luttes d’un adolescent typique grandissant dans les années cinquante. Mais il n’existe pas réellement.

   C’est le genre de dilemme que nous rencontrons lorsque nous entretenons l’idée d’une Trinité coéternelle et coégale. On nous a dit que les trois personnes de la Divinité ont choisi de se manifester à nous sous la forme de Père, Fils et Saint-Esprit, afin que nous puissions comprendre le caractère de Dieu. Lorsque nous lisons la Bible et rencontrons les caractères du Père et du Fils, nous développons une connexion étroite avec ces caractères. Tout cela pourrait très bien se passer si nous ne nous aventurions pas en-dehors de l’écran de la Bible et nous contentions de rester en relation avec ces caractères que nous voyons sur l’écran. Mais pour d’autres qui sont curieux, ils peuvent très bien commencer à s’intéresser et à se demander, « Qui sont ces trois Êtres coéternels qui se manifestent de cette façon ? » La réponse simple est que c’est là un mystère et que nous ne pouvons pas le comprendre. Mais la Trinité crée une ouverture dans la pensée de l’homme qui peut laisser surgir cette question à tout moment.

 

B. La pensée grecque rend Dieu absolument inconnaissable

   Toute cette discussion soulève la question d’une identité profonde connaissable en opposition avec une identité profonde inconnaissable qui peut être connue sous diverses formes ou expressions. Expliqué simplement, dans une compréhension littérale du Père et du Fils, la description de Richard Cunningham nous donne l’identité profonde de Ron Howard, parce qu’ils sont une seule et même personne, en opposition à Richard Cunningham étant juste un mode d’expression de Ron Howard, nous permettant d’avoir un aperçu ou un impression de lui, mais pas de le connaître réellement.

   Le concept selon lequel Dieu est une essence inconnaissable se manifestant sous différentes formes pour exprimer qui Il est provient directement de la pensée grecque et fut embrassé dans certains éléments du Christianisme par Justin Martyr et d’une manière plus forte par Augustin.

   Les premiers Chrétiens considéraient la religion grecque comme soutenant des vues indignes de Dieu, mais ils étaient divisés quant à la philosophie grecque. Le philosophe Chrétien Justin Martyr (105-165 ap. J-C) estimait que le Christianisme était compatible avec la pensée grecque la meilleure et la plus élevée, alors que Tertullien (160-225 ap. J-C) rejetait la philosophie, disant que Jérusalem (la foi) ne pouvait avoir aucun rapport avec Athène (la philosophie).

   En accord avec le Théisme, Augustin (354-430) considérait Dieu comme omniscient, omnipotent, omniprésent, moralement bon, le créateur (ex nihilo) et le soutien de l’univers. Malgré ces descriptions multiples, Dieu est uniquement simple. Etant entièrement libre, il n’était pas contraint de créer, mais fit cela dans un acte d’amour. Pour ce qui est de sa création, elle reflète sa pensée. Le temps et l’espace commencèrent à la création, et toutes choses furent créées bonnes.

   Augustin développa un thème retrouvé dès Platon, Aristote et Zénon de Cition, selon lequel Dieu est un être parfait. Après avoir énuméré une hiérarchie d’excellences (choses à « préférer ») Augustin affirme que Dieu « vit dans le sens le plus élevé » et est « le plus puissant, le plus saint, le plus beau, le plus bon, le plus béni » (Sur la Trinité, XV, 4).

   Mais là où Aristote parvint à la conclusion que l’être le plus grand ne doit être conscient que de lui-même, Augustin souligna un thème opposé et distinctement Chrétien : Dieu aime suprêmement les créatures au point de s’incarner en Christ afin de se révéler à elles et les réconcilier avec lui. De plus, Dieu est providentiellement actif dans l’histoire, depuis le plan individuel (Confessions) jusqu’à la gestion de nations entières (Villes de Dieu). Ainsi, en ce qui concerne le sujet important de la relation de Dieu avec le monde, la pensée Chrétienne ne pourrait pas être plus opposée à la vision qu’avait Aristote d’un être qui ne se contemple que lui-même.

   Jean Scot Érigène (810 à 877 ap J-C), qui fondait largement son œuvre sur Augustin,[1] avait de plus fortes affinités pour la pensée Néo-Platonicienne. Dieu créa l’univers selon des plans éternels, et cela exprime sa pensée, bien que le cosmos en soit une expression incomplète. …Dieu est ultimement inconnaissable,[2] étant au-delà de tout langage et de tout classement. Les affirmations et les classements d’Aristote ne peuvent être appliqués à Dieu parce qu’ils supposent que Dieu a une certaine substance. Cependant, Dieu peut être décrit, bien qu’inadéquatement, en utilisant des affirmations positives ainsi que négatives. Les affirmations positives ne sont que des approximations, mais peuvent être rendues plus exactes en ajoutant des affirmations négatives. Par exemple, il peut être dit que Dieu est bon (positif), mais aussi qu’il n’est pas bon (négatif) dans ce sens, qu’il est au-delà de la bonté. Ces deux choses peuvent être combinée dans l’affirmation qu’il est « super bon ». Malgré ces approximations, Dieu doit être atteint par l’expérience mystique.[3]

   Nous pourrions évoquer plusieurs autres érudits et théologiens, mais les citations ci-dessus donnent suffisamment de preuves soutenant que le Christianisme a été, dans une certaine mesure, influencé par la pensée grecque du théisme. Cette influence a eu pour effet de rendre Dieu ultimement inconnaissable. Nous pouvons en avoir un aperçu, mais ne pouvons pas vraiment Le connaître. Cette incapacité à connaître Dieu est certainement minimisée dans la tradition Protestante qui consiste à fonder ce que nous savons de Dieu sur la révélation de l’Ecriture ; mais malgré cela, la doctrine de la Trinité est intrinsèquement sujette à l’accusation d’être influencée par la pensée grecque qui rend l’identité profonde de Dieu ultimement inconnaissable.

 

C. La Bible présente le Père et le Fils comme des identités connaissables

   Comme nous l’avons relevé, la Bible nous présente Dieu comme un Père et un Fils en communion avec nous par leur Esprit omniprésent. Si nous acceptons ce que dit la Bible pour ce qu’elle dit, l’identité profonde de Dieu est révélée dans la personnalité du Père et du Fils. C’est ce qu’ils sont dans leur être profond. Remarquez :

   Néanmoins pour nous, il n’y a qu’un seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses et pour qui nous sommes, et un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui sont toutes choses et par qui nous sommes (1 Co. 8 : 6).

Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ (Jean 17 : 3).

Remarquez comment Ellen White présente cela :

   Dieu est le Père du Christ, le Christ est le Fils de Dieu. Au Christ a été donnée une position élevée. Il a été fait l’égal du Père. Tous les conseils de Dieu sont ouverts à son Fils (Témoignages pour l’Eglise, vol. 3, p. 317, 318).[4]

   Ecoutez la nature emphatique de ces affirmations. Dieu EST le Père du Christ ; c’est ici qui Il est dans Son identité profonde. Christ EST le Fils de Dieu. C’est ce qu’Il est dans Son identité profonde.



   Cette question est extrêmement vitale à saisir. La Bible et l’Esprit de Prophétie nous révèlent un Père et un Fils en tant que personnes réelles qui ne jouent pas des rôles, ni n’expriment des formes, mais qui sont simplement elles-mêmes. Être vous-même est primordial pour avoir un sens quelconque d’intimité avec quelqu’un. Si le Père n’est pas vraiment le Père alors, en utilisant notre exemple, nous avons une relation avec Richard Cunningham mais cette relation n’est qu’un aperçu de la réalité de Ron Howard. Une telle relation va souffrir d’un manque d’intimité en termes réels, parce qu’elle n’est pas réelle !

   En ce qui concerne le mystère de Dieu, lorsque nous permettons à l’identité profonde de Dieu d’être littéralement Père et Fils, le mystère de Dieu est alors contenu dans ces personnalités. Le mystère se trouve dans les personnes elles-mêmes et le processus pour apprendre à les connaître. Si Dieu n’est pas littéralement Père et Fils, et qu’ils ne sont que des modes d’expression, le mystère n’est alors pas contenu dans ces personnalités, et Dieu est ultimement inconnaissable.

 

D. La Trinité présente tous les membres de la Divinité comme des représentants – mais de qui ?

   La Trinité nous donne une structure de référence qui ne limite pas le mystère de la personne de Dieu et laisse en réalité la porte ouverte pour d’autres structures de référence possibles. Etant donné que le mystère n’est pas délimité, il s’en suit que Dieu n’est pas vraiment connaissable. Les termes « Père », « Fils », et « Esprit » sont des rôles pris par les membres de la Divinité, mais qui représentent-ils ? Dieu ? Mais quel membre de la Divinité ? Eh bien, ils représentent tous Dieu. Si nous croyons que Dieu, les trois personnes, ont pris des rôles afin de démontrer à l’humanité ce qu’est vraiment Dieu, il n’est alors pas vrai de dire que deux individus représentent un autre, mais qu’ils représentent tous le Dieu Unique – qui est alors ce Dieu unique ? Eh bien, il est trois en un et un en trois. C’est un mystère qui ne peut être entièrement connu. Il en résulte en final que Dieu ne peut pas être connu dans Son identité profonde. Père, Fils et Saint-Esprit jouent des rôles afin d’exprimer ce qui est dans le cœur et la pensée du seul vrai Dieu. Ils ne sont que des modes d’expression, et pas des éléments intrinsèquement connaissables. C’est ici que se trouve la semence de l’hérésie grecque, une essence inconnaissable exprimée sous des formes variées, mais ces formes ne sont pas intrinsèques en elles-mêmes. C’est le résultat inévitable d’une vision de Dieu en comité de trois personnes, avec des rôles choisis et assignés dans l’éternité.

   Il apparaît que la doctrine de la Trinité, quelle que soit la forme sous laquelle vous l’exprimez, est un coup de génie Satanique, qui présentant une image de Dieu qui n’est pas réellement connaissable, tout en donnant l’impression qu’Il l’est. Remarquez ce qui suit :

   Une étude de la Parole de Dieu faite avec prière montrerait aux protestants la vraie nature de la papauté et les pousserait à l’éviter avec soin ; mais beaucoup sont tellement sages à leurs propres yeux qu’ils ne voient pas la nécessité de demander humblement à Dieu de les conduire dans la vérité. Bien qu’ils soient fiers de leurs lumières, ils ne connaissent ni les Ecritures, ni la puissance de Dieu. Désireux de tranquilliser leur conscience de quelque façon, ils cherchent à cet effet les moyens les moins spirituels et les moins humiliants. Ils désirent trouver une méthode leur donnant la possibilité d’oublier Dieu tout en paraissant l’honorer. Le catholicisme répond exactement à leurs besoins. Il est, en effet, conforme aux aspirations de deux classes de gens entre lesquelles se répartit à peu près toute l’humanité : ceux qui veulent se sauver par leurs mérites, et ceux qui veulent se sauver dans leurs péchés. C’est là le secret de sa puissance (La Tragédie des Siècles, p. 621, italiques ajoutés).[5]

   Quelle est la doctrine fondamentale qui génère cette puissance pour la papauté ?

   Le mystère de la Trinité est la doctrine centrale de la foi Catholique, sur laquelle se fondent toutes les autres doctrines de l’Eglise. …L’Eglise étudia ce mystère avec un soin particulier et, après quatre siècles de clarification, elle décida de définir la doctrine de la façon suivante : dans l’unité de la Divinité il y a trois personnes – le Père, le Fils, et le Saint-Esprit – réellement distinctes les unes des autres. Ainsi, dans les termes du Credo d’Athanase : « Le Père est Dieu, le Fils est Dieu, et le Saint-Esprit est Dieu, et pourtant il n’y a pas trois dieux, mais un Dieu » (Handbook for Today’s Catholic, p. 12 ; 1977).

   Les Catholiques reconnaissent clairement que tout le système de leur foi repose sur la doctrine de la Trinité. Alors que les Adventistes n’accepteront pas que notre compréhension de la Trinité est semblable au Catholicisme, personne ne peut nier que les principaux ingrédients sont présents.[6] Nous devons cependant reconnaître que notre perception de Dieu forme le fondement sur lequel reposent toutes les autres doctrines. J.O. Corliss comprit ce fait lorsqu’il affirma en 1911 :

   Il est généralement reconnu que l’unicité de Dieu est précisément la doctrine dont la révélation concentre les plus grands enjeux. Veiller sur cela était l’objet principal de la religion Juive. Cette doctrine introduit chaque déclaration importante de l’Ancien Testament, de la proclamation des dix commandements aux récits des moindres lois cérémonielles. Chaque mise en garde prophétique gardait cet aspect particulier à l’esprit. Dans tous ses enseignements, le Seigneur Jésus mettait toujours son Père en avant. L’apôtre Paul prit soin de dire que s’il était vrai qu’il y avait à son époque plusieurs seigneurs et plusieurs dieux, il n’y avait pour lui et ses associés qu’un seul Dieu, le Père, de qui sont toutes choses, et pour qui nous sommes. 1 Co. 8 : 5, 6.[7]

   Le concept de la Trinité sème la confusion au sujet des personnalités du Père, du Fils, et de l’Esprit. Il ne permet pas de combiner l’unicité et l’ensemble de trois avec une approche intègre des Ecritures. Le concept d’une unité mystique, l’emploi métaphorique des termes Père et Fils, et le concept de l’Esprit comme un être complètement séparé et pourtant uni aux autres soulèvent une multitude de questions auxquelles il est très troublant de répondre. Le fait de spiritualiser les termes Père et Fils, ou de les employer dans un sens métaphorique, détruit leurs personnalités de Père et de Fils. Remarquez ce que dit Ellen White dans le passage suivant :

   Il nous faut rester sur nos gardes et ne pas nous laisser éloigner du message extrêmement important donné par Dieu pour notre temps. Satan n’ignore pas les conséquences qui découleraient d’une tentative de définir Dieu et Jésus-Christ dans un sens spiritualiste [utilisé ici en référence à un système d’interprétation, et non le spiritisme] qui fait de Dieu et du Christ des non-entités. Les moments utilisés dans ce genre de science, au lieu de préparer le chemin du Seigneur, prépare le chemin à Satan pour venir et troubler les esprits avec des mysticismes de sa propre invention. Bien qu’ils soient habillés de robes d’anges, ils ont réduit Dieu et le Christ au néant. Pourquoi ? – parce que Satan voit que les esprits sont tous préparés pour son œuvre. Les hommes ont perdu la trace du Christ et du Seigneur Dieu, et ont obtenu une expérience qui est l’oméga de l’une des plus subtiles tromperies qui ne captivera jamais les pensées des hommes. Il nous est interdit de …placer notre imagination dans une voie de conjecture. – Journal, #48, p. 153, 163, 25 août et 28 août 1904 (Manuscript Releases, vol. 11, p. 211).

   La citation ci-dessus fait référence à la crise de Kellogg. Les détails des questions de l’époque sont différents d’aujourd’hui, mais les principes sont les mêmes : une application métaphorique des termes Père et Fils qui altère la réalité de leurs personnalités. La compréhension Adventiste actuelle revient à nier le Père et le Fils, parce que leurs personnalités sont altérées sous ce système métaphorique, ou spiritualiste.

 

E. La Trinité est un théâtre qui rejette une lecture franche de la Bible

   En référence à la méthodologie, la doctrine de la Trinité s’attaque au cœur d’une lecture franche des Ecritures. Dieu joue finalement une pièce de théâtre, Il revêt une forme qui Le représente mais n’est pas réellement Lui-même. Ce glissement subtil change complètement les possibilités de la manière dont nous lisons l’Ecriture. Il ouvre la porte à une forme subtile de pensée critique supérieure. Par exemple, la Bible appelle Christ « le Fils de Dieu », et pourtant j’ai entendu des prédicateurs dire en défense de la Trinité que Jésus n’est pas « vraiment » le Fils de Dieu. Il devient alors impossible de lire la Bible simplement, et à chaque instant Satan peut nous infecter avec la question, « Dieu a-t-il réellement dit », ou bien Dieu pensait-il cela au sens littéral ?

   Remarquez l’exemple suivant :

   Un plan du salut fut prévu dans l’alliance faite entre les Trois Personnes de la Divinité, qui possédaient les attributs de la Divinité de manière égale. Afin d’éradiquer le péché et la rébellion de l’univers et de restaurer l’harmonie et la paix, l’un des Êtres divins accepta et prit le rôle du Père, un autre prit le rôle du Fils. L’Être divin restant, le Saint-Esprit, allait aussi participer à la mise en œuvre du plan du salut. Tout cela eut lieu avant que le péché et la rébellion éclatèrent dans le ciel.

   En acceptant les rôles que le plan comportait, les Êtres divins ne perdirent rien de leur puissance Divine. En ce qui concerne leur existence éternelle et d’autres attributs, ils étaient un et égaux. Mais en rapport avec le plan du salut, il y avait, dans un sens, une soumission de la part du Fils vis-à-vis du Père (Gordon Jensen, The Review and Herald, 31 octobre 1996, italiques ajoutés).

   C’est là une pure spéculation sans le moindre soupçon d’un soutien biblique. Cela fait également des membres de la Divinité des acteurs dans une pièce de théâtre et choisit la voie d’interprétation métaphorique.

   La conséquence directe de l’Adventisme embrassant une vue Trinitaire est une attaque du sanctuaire littéral dans le ciel. L’ennemi sait que là réside la puissance secrète de l’Adventisme. Lorsque Kellogg prit position pour une compréhension Trinitaire,[8] il n’a pas fallu longtemps à Ballenger pour s’attaquer à la doctrine du sanctuaire. La compréhension littérale du Père et du Fils est notre seule défense pour protéger le sanctuaire. Remarquez soigneusement ce que dit Ellen White :

   Ceux qui cherchent à supprimer les anciennes bornes ne tiennent pas bon ; ils ne se souviennent pas comment ils ont entendu et reçu. Ceux qui essayent d’introduire des théories qui supprimeraient les piliers de notre foi concernant le sanctuaire, ou concernant la personnalité de Dieu ou du Christ, agissent comme des aveugles. Ils cherchent à introduire des incertitudes et à envoyer le peuple de Dieu à la dérive, sans une ancre (Manuscript Release, n° 760, p. 9).

   Remarquez cette affirmation dans Questions on Doctrine qui envoie effectivement le peuple de Dieu à la dérive, sans une ancre de lecture franche de la Bible :

   Dans le mouvement Millérite inter-dénominationnel auquel les premiers Adventistes du Septième Jour avaient appartenu, quelques-uns des dirigeants étaient membres d’une dénomination appelée « Chrétiens ». Ce groupe avait fait résonner son cri de ralliement « pas de crédo » et « la Bible et la Bible seule » pendant la révolte arminianiste du dix-neuvième siècle contre le Calvinisme ecclesiastico-politique dominant de la Nouvelle Angleterre, dans lequel l’assentiment à la Confession de Foi de Westminster était sine qua non. Dans leur zèle pour rejeter tout ce qui est étranger à la Bible, les « Chrétiens » furent trahis par un excès de littéralisme en interprétant la Divinité en termes de relations suggérées par les mots « Fils, » « Père, » et « engendré, » c’est-à-dire dans une tendance à mettre de côté le mot non-biblique « Trinité » (Questions on Doctrines, p. 46, 47, italiques ajoutés).

   Il est logiquement incohérent d’avoir un Père et un Fils non littéraux dans un sanctuaire littéral. Ma formation théologique pourvut à de nombreux exemples montrant comment cette inconsistance ne peut subsister. De telles incohérences garantiraient la montée d’hommes tels que Desmond Ford qui s’attaqua directement à la doctrine du sanctuaire. Si Dieu n’est pas littéralement révélé dans les personnes de Père et Fils, alors, rien dans la Bible ne doit être considéré comme littéral. Alors que de nombreuses personnes éviteraient de tels extrêmes, la doctrine de la Trinité facilite la tâche de comprendre dans un sens symbolique des affirmations directes qui s’opposent au désir charnel.

 

F. Donne-nous un roi, afin que nous puissions être comme les autres églises

   L’un des désirs charnels des Adventistes du Septième Jour était d’être acceptés par les autres églises et de s’affranchir de l’étiquette de secte. Il est clair que les noms peuvent faire aussi mal que des bâtons et des pierres, si pas plus ! Après que le livre Questions on Doctrines fut publié, le magazine Eternité fit le commentaire suivant au sujet des Adventistes :

   Je devrais vous dire avec plaisir que nous sommes très heureux de faire justice à un groupe de croyants sincères dont on a dit beaucoup de mal et de les sortir, dans nos cœurs et nos esprits, du groupe d’hérétiques complets tels que les Témoins de Jéhovah, les Mormons, et les Scientistes Chrétiens, de les reconnaître comme des frères rachetés et des membres du corps du Christ… (Donald Grey Barnhouse, « Les Adventistes du Septième Jour sont-ils des Chrétiens ? » Eternity, Septembre 1956).

   Nous nous trompons nous-mêmes en pensant que nous, les Adventistes, avons commencé à utiliser le mot Trinité seulement parce que c’était plus pratique pour parler de la Divinité. L’emploi de ce terme nous a ouvert la communion avec d’autres communautés Protestantes et nous a affranchi de l’étiquette de secte. Pendant les quelques dernières décades, une telle communion nous a vu embrasser tout un ensemble de modes de pensée et d’adoration Pentecôtistes qui nous tirent vers le cœur de l’adoration spirituelle de Baal.

   Le fond de tout cela est qu’une acceptation de Dieu en tant que Trinité coégale et coéternelle renie la capacité du Père et du Fils d’être littéralement un Père et un Fils. Un tel déni détruit notre capacité à rester fidèles à la croyance au sola scriptura.

   Maintenant, je suis persuadé qu’il y aura de nombreuses personnes ayant exprimé une croyance dans une Trinité coégale et coéternelle, qui jouiront des bénédictions de la compagnie de Dieu dans le ciel. Martin Luther en est un exemple parfait. Ils sont des millions à avoir savouré une marche intime avec leur Sauveur tout en maintenant une vue Trinitaire, car ils sont nombreux à regarder aux formes de l’expressions Père, Fils et Esprit mais ne cherchent pas à aller plus loin dans les fondements fallacieux de cette doctrine. Mais pour faire face aux épreuves et aux pressions des derniers jours, nous avons besoin d’une révélation plus parfaite du Fils de Dieu pour être à même de tenir bon. Le cœur de cette doctrine finira probablement par balayer tout ce qui est Adventiste du Septième Jour, parce que l’Adventisme est basé sur le fondement d’un Père et d’un Fils étant des identités connaissables en leurs cœurs même. La mort lente de la foi Adventiste que nous avons vue durant les quatre-vingt dernières années environ peut retracer ses racines dans cette doctrine même. Les attaques du sanctuaire, du jugement investigatif, de la nature du Christ, et du sujet de la perfection Chrétienne, des styles d’adoration, des rôles de l’homme et de la femme dans l’église, des compréhensions de l’inspiration, de l’emploi du théâtre, et tout autre chose que nous pourrions prendre le soin de mentionner, trouvent leur origine dans ce Dieu inconnaissable dans un contexte basé sur la performance, appelé la Trinité.

 

G. Pas de condamnation mais plutôt une conviction personnelle

   En lisant ces paroles, il se peut que vous soyez plutôt fâché avec moi. Je peux comprendre cela. Je vous aimerai quand même par la grâce de Dieu. Je prie pour que vous puissiez encore faire la même chose pour moi. Mais je vais témoigner qu’en étant libéré de cet enseignement j’ai trouvé une liberté en Christ à laquelle j’avais aspiré pendant toute ma vie. C’est la raison pour laquelle j’ai le souci de la partager avec vous. Je peux à présent connaître mon Dieu, les mystères sont contenus dans les personnalités du Père et du Fils, qui me sont révélées dans l’action silencieuse de l’Esprit.

   Comme nous l’avons relevé au commencement du chapitre précédent :

   Je le dis, et l’ai toujours dit, que je n’entrerai pas en controverse avec qui que ce soit quant à la nature et la personnalité de Dieu. Que ceux qui essayent de décrire Dieu sachent que sur un tel sujet le silence est éloquent. Que les Ecritures soient lues avec une foi simple, et que chacun forme son concept de Dieu de sa parole inspirée (Spalding Magan Collection, p. 329).

   Je ne condamnerai pas qui que ce soit pour ce qu’il croit ou cherche à exprimer en ce qui concerne sa compréhension. Mais j’ai le droit d’étudier et de croire librement avec ma propre Bible, tout comme vous. Etudions ensemble et découvrons la vérité biblique plutôt que de chercher à défendre des systèmes de croyance qui ne peuvent résister à l’examen de l’inspiration.

   Que chacun de nous étudie la Parole inspirée de Dieu, cherchant la vérité au sujet de Celui qui promet que nous Le trouverons si nous le cherchons de tout notre cœur (Jér. 23 : 13).



[1] Wikipedia, http://en.wikipedia.org/wiki/John_Scotus_Erigena, [en date du 3 mars 2011].

[2] Ndt. Italiques ajoutés lors de la traduction.

[3] Internet Encyclopedia of Philosophy, http://www.iep.utm.edu/g/god-west.htm, [en date du 3 mars 2011].

    

[4] Testimonies for the Church, vol. 8, p. 268.

[5] The Great Controversy, p. 572.

[6] Voir le chapitre suivant pour plus de détails.

[7] J.O. Corliss, « Tracings of the Prophetic Gift, » The Review and Herald, 7 septembre 1911. Voir Appendice J pour l’article entier.

[8] Voir Appendice F.