Les flocons de neige
Mise en ligne Sep 22, 2014 par Etoile du Matin dans Coin Enfants
Les flocons de neige
C’était une soirée d’hiver. Comme d’habitude, nous nous sommes retrouvés en famille pour le culte du soir, réunis autour du poêle de faïence qui dégageait une agréable chaleur. Il faisait froid dehors, le vent soufflait tout autour de la maison et des flocons de neige tourbillonnaient dans l’air. Cet hiver rigoureux semblait s’éterniser. Nous nous sentions d’autant plus à l’aise sur le banc bien rembourré autour du poêle. Accompagnés au piano, nous avions chanté à Dieu d’un cœur reconnaissant. Nous entonnions un chant de louange après l’autre. Quelle beauté dans ces heures du soir ! Après le chant, papa voulu nous lire une histoire dans la Bible des enfants mais Siméon, qui était en train de regarder par la fenêtre souhaita un culte « flocons de neige ».
- « Un culte flocons de neige, mais c’est quoi ça ? » voulut savoir papa.
- « Eh bien, nous regardons tous par la fenêtre et nous observons les flocons de neige. » répondit Siméon.
- « Et nous réfléchissons et nous pourrons aussi apprendre quelque chose de la neige et du Sauveur. » Ajouta Samuel.
Papa me lança un regard interrogateur, je lui répondis par un sourire qui en dit long.
- « Eh bien, alors c’est maman qui devra diriger le culte aujourd’hui. » dit-il.
Les enfants étaient très contents. Depuis notre banc, nous avions vraiment une belle vue sur l’extérieur. Nous baissâmes encore un peu la lumière, afin de mieux voir les flocons au dehors. Comme c’est agréable d’être confortablement assis là et de regarder tourbillonner les flocons ! Par moment, les flocons tombaient doucement et sans heurts, puis ils remontaient à nouveau en dansant dans l’air. Le vent les poussait d’un côté, puis à nouveau de l’autre. Bientôt, il fit voler le tout dans un tourbillon et de nouveau les petits flocons tombaient délicatement sur le sol. Pendant un bon moment, le vent cessa de souffler. Nous contemplâmes ce tableau jusqu’à ce que Siméon rompit le silence et entama la conversation dont le contenu était à peu près le suivant :
- « Maman, je voudrais aussi être comme les petits flocons de neige. »
- « Que veux-tu dire ? » demandai-je.
- « Les flocons de neige sont tendres et pas du tout boudeurs comme moi. » Cette réponse me toucha profondément.
- « Et les flocons de neige sont tout blancs. Mon cœur doit aussi être tout blanc, et si beau et câlin. » poursuivit Siméon.
- « Et puis, maman, ajouta Samuel, les flocons de neige tombent tout doucement, ils sont vraiment attentionnés et tendres. C’est quelque chose que nous pouvons aussi apprendre. Nous voulons aussi être affectueux les uns envers les autres comme eux.
- « Mmm, et ils ne se bousculent même pas, maman. » constata Siméon. C’est ainsi que nous avons eu un très bel entretien qui toucha le cœur des enfants et leur parla.
- « Maman, pourquoi les flocons tombent-ils du ciel, après tout ? Pourquoi ne restent-ils pas auprès de notre Sauveur ? » voulut savoir Siméon.
- « Eh bien, parce que Dieu leur dit qu’ils doivent tomber. » répliqua Samuel.
- « Les flocons de neige sont obéissants et ils font toujours ce que le Sauveur leur dit. Et quand le Sauveur envoie le soleil et qu’il les appelle à nouveau, les flocons de neige s’en retournent avec le soleil au ciel chez le Sauveur. »
Très bien, cette explication enfantine est suffisante pour un enfant de trois ans et de quatre ans, c’est pourquoi je n’y ajoutai rien de plus.
- « Mais pourquoi le Sauveur les laisse d’abord tomber au sol pour les rappeler ensuite ? » continua Siméon.
- « Eh bien, c’est à cause des semences et des fleurs. » expliqua encore Samuel. « Lorsqu’il fait si froid dehors et que le sol est dur tout le temps, les semences et les fleurs gèleraient bien fort parce qu’elles n’ont pas d’habits chauds. Voilà pourquoi la neige les emmitoufle de façon si moelleuse et si douillette. »
Pendant que nous continuions à regarder par la fenêtre, et à échanger nos idées à ce sujet, un coup de vent subit fit voler tous les flocons dans la même direction. Bientôt, il changea de sens et les petits flocons de neige volèrent dans l’autre direction. Cela continua dans un sens, puis dans l’autre.
- « C’est quoi ça ? » voulut savoir Siméon.
- « Les flocons se laissent pousser par le vent. » leur répondis-je.
- « C’est exact maman, les flocons de neige ne peuvent pas choisir l’endroit où ils veulent tomber. C’est le vent qui décide et les flocons de neige obéissent tout simplement. » dit Samuel après réflexion.
- « Non, c’est Dieu, car c’est lui qui envoie le vent. » rétorqua Siméon.
- « Mais ensuite, c’est le vent qui fait voler les flocons quelque part en soufflant. » ajouta encore Samuel.
- « Pouvez-vous voir le vent ? » demandai-je.
- « Non. » dit Samuel.
- « Mais moi je vois le vent, car je vois bouger les arbres ! » répliqua Siméon.
- « Mais ce sont les arbres et non le vent que tu vois. » expliqua Samuel. « Je vois uniquement ce que le vent fait, mais le vent lui-même, je ne le vois pas. »
La réponse de Samuel me surprit, c’est lui notre petit penseur. C’est alors que je me chargeai d’orienter la conversation.
« Mes enfants, il en est de même avec nous et le St-Esprit. Nous ne voyons pas l’Esprit de Dieu, de même que nous ne voyons pas Dieu et pourtant il est là. Il touche nos cœurs, parle à notre esprit et veut nous conduire. De même que Dieu, par l’action du vent, pousse les flocons de neige là où il voudrait qu’ils soient, il voudrait nous conduire et nous diriger. Nous pouvons de même nous laisser conduire par l’Esprit de Dieu. Nous avons tellement de mal parce que, nous les humains, nous voulons tout contrôler nous-même et prendre les choses en main. Nous sommes très volontaires et aimons que tout marche comme nous le souhaitons. Nous ne laissons pas facilement Dieu agir avec nous comme il le souhaite, ni nous envoyer là où il peut nous utiliser. Quelquefois l’avenir nous semble incertain et nous voulons des garanties sur tout. C’est pourquoi nous ne sommes souvent pas prêts à nous laisser tout simplement guider par Dieu et à lui faire confiance. Cela ne nous rend toutefois pas vraiment heureux.
Mes enfants, voilà que je vous ai fait un petit sermon bien trop difficile pour des oreilles d’enfants. Et je conclus en disant : « Vous ne pouvez pas encore comprendre tout cela. »
- « Oh si maman, j’ai bien compris ce que tu as dit. Nous les enfants, nous avons souvent notre volonté propre et nous ne voulons tout simplement pas faire ce que vous les parents, vous nous dites, car vous êtes en fait comme l’Esprit de Dieu. Et quelque fois je remarque bien que le Sauveur me parle en s’adressant à mes pensées. Mais je ne veux pas toujours lui obéir, parce que je m’imagine que ce ne sera pas agréable. Et alors je fais la tête de mule et je ne peux pas du tout être heureux comme les petits flocons de neige. » nous dit Samuel.
- « Mmm, et alors notre cœur n’est pas si blanc que ça. » compléta Siméon.
Sans bruit, nous observions encore les flocons durant un petit moment, afin d’assimiler tout ce que nous venions de découvrir. Et lorsque les jours suivants, nous vîmes tomber des flocons de neige au sol, nous ne pouvions nous empêcher de penser à ce culte « flocons de neige ».
Daniela Reich
Fundament N°1, 2009