Etoile du matin

1. L'arbre Duracell

Mise en ligne Mar 10, 2015 par Adrian Ebens dans Guerre d'identité
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Section 1. Deux royaumes— identité perdue

 

1. L’arbre Duracell

 

   La pièce était faiblement éclairée. Sur un mur se trouvaient quelques affiches, une photo d’un musicien pop et celle d’un sportif qui avaient souvent servi de fenêtres sur un désir de réalité. Le long d’un autre mur, se trouvait un bureau avec des livres scolaires, mais l’élément central de ce bureau était le petit système stéréo très puissant ; c’était la chambre d’un adolescent qui présentait tous les signes de l’ambition, de la turbulence et bien sûr, du rêve.

   Un très grand combat se passait dans mon cœur, un combat du destin, un moment de vérité. « Je n’ai jamais cru que je pourrais faire une telle chose » murmurai-je, le regard vers le sol. Mon estime personnelle subissait une rude épreuve. La bataille était si intense que j’ai cherché du réconfort dans les affiches sur les murs, celles qui m’avaient si souvent aidé à dévier mon esprit de ce que je récoltais maintenant.

   L’air était rempli de désespoir. Mon esprit cherchait à s’accrocher à des signes qui pourraient stabiliser mon état perturbé : l’éducation, les sports, la capacité de bien s’exprimer ont été quelques-uns des éléments auxquels je cherchais à me raccrocher, mais ces choses paraissaient maintenant incapables de m’aider. Un nuage nauséabond descendit sur moi et commença à détruire mon sens de l’ambition. Il déchira les lieux prisés de mon cœur et vola son trésor, puis il fonça vers la chambre la plus sacrée de toutes - l’espoir.

   J’avais parlé à ma mère d’une façon dont je m’étais promis de ne jamais le faire. Ce fut le coup de grâce qui me faisait réaliser que je n’étais pas la personne que je voulais être. Je ne m’aimais pas et je voulais changer mais cela semblait désespéré.

*  *  *

   La dépression. C’est la plus grande malédiction dont notre société souffre aujourd’hui. Dans son message d’ouverture, le Directeur Général de l’Organisation Mondiale de la Santé, le Dr. Gro Harlem a déclaré :

   ...Les estimations initiales donnent à penser que 450 millions de personnes actuellement en vie souffrent d’un trouble mental ou neurologique… La dépression majeure est aujourd’hui la première cause d’invalidité dans le monde.[1]

   Essayez de comprendre l’énormité de ce problème au moyen des statistiques suivantes de 1998/1999 :

 

-  Un million de suicides chaque année

- De 10 à 20 millions de tentatives de suicide chaque année soit 38 tentatives chaque minute

-  Aux États-Unis, le suicide chez les hommes âgés de 35 à 49 ans est la troisième cause de mortalité

-  Le taux de suicide chez les jeunes en Australie a été le plus élevé au monde en 1997.[2]  

 

   Mais qu’est-ce qui se passe ? Qu’y a-t-il de si déprimant dans la vie pour que des millions de gens choisissent de mourir plutôt que de faire face à une nouvelle journée ?

   Dans son livre intitulé « The Mind Game », Phillip Day fait cette déclaration très révélatrice :

Autrefois, les membres bienveillants de la famille se réunissaient et donnaient aux proches qui étaient déprimés l’assurance et l’attention pour s’en sortir... Aujourd’hui, avec la fragmentation de l’unité familiale, le dénigrement de la religion, et la séparation de nombreuses familles les unes des autres avec le rythme effréné de la vie du 21ème siècle, la psychanalyse a tout simplement remplacé la mission de conseil qui était généralement réalisée par les parents aimants ou le pasteur du quartier. Je crois fermement que cela a eu un effet néfaste sur notre société.[3]

   Phillip Day énumère trois facteurs : (1) La fragmentation de l’unité familiale ; (2) Le dénigrement de la religion ; (3) La séparation de nombreuses familles les unes des autres avec le rythme effréné de la vie du 21ème siècle. Le facteur décisif est la fragmentation de l’unité familiale.

Sur ce sujet, David Van Biema a déclaré :

Une génération pas comme les autres a fait son chemin, dans laquelle des millions ont été marqués par une tristesse profonde et précoce. Ce sont les enfants du divorce. Ils ne sont que le premier rang d’une phalange apparemment sans fin[4].

   Jim Conway dans son livre « Adult Children of Legal and Emotional Divorce » décrit avec des détails saisissants la douleur et la perte subies par des milliers de personnes qui ont enduré les conséquences d’une famille brisée soit légalement ou émotionnellement. L’une des principales caractéristiques qu’il décrit est l’insécurité et les questions incessantes comme « Qui suis-je ? » et « Suis-je digne d’être aimé ? »[5]

   Ces questions touchent au cœur même du dilemme humain – le sentiment d’être important. Quelqu’un m’aime-t-il vraiment ? Suis-je digne de quelque chose ? Comment ces questions viennent-elles s’intégrer dans le psychisme humain ? Afin de répondre à cette question, nous devons retourner au début de la création.

   Soudain, Eve réalise qu’elle regarde fixement l’arbre défendu. « Pourquoi Dieu nous a-t-il interdit de manger de cet arbre », se demande-t-elle. Le fruit est si alléchant qu’il lui ouvre l’appétit. Et voilà qu’elle entend une voix en provenance de l’arbre. Satan, voyant son opportunité, la tente à travers le serpent : « Dieu a-t-il réellement dit : Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ? »[6] Satan invitait Eve à débattre tout en semant le doute dans son esprit au sujet du caractère littéral de la Parole de Dieu. Dans le domaine du débat et de la logique, Eve n’arrive pas à la cheville de Satan. De plus, les armes inconnues de la tromperie et de l’obscurité écourteraient inévitablement le débat si Eve signalait sa volonté de s’y engager en ouvrant la bouche.

   « Nous pouvons manger du fruit des arbres du jardin, mais quant au fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n’en mangerez point et vous n’y toucherez point de peur que vous ne mouriez. »[7] Eve accepte le défi en répétant les paroles dites par Dieu, mais elle est maintenant face à une difficulté de taille. Sa propre curiosité, mêlée au défi ouvert de Satan ne lui permit pas de se préparer à la déclaration stupéfiante de Satan : « Vous ne mourrez point. »[8]

   Avez-vous déjà eu une conversation avec quelqu’un dans le contexte d’un débat « amical » où vous pensiez avoir le contrôle de la situation jusqu’à ce que votre adversaire vous donne un coup du « côté gauche » ? Quelque chose que vous n’aviez pas prévu, vient poser problème dans les rouages finement huilés qui tournaient rond dans votre esprit, et gâche tout. Non pas que les paroles prononcées étaient particulièrement profondes ou instructives, mais parce que vous ne vous attendiez pas à ce que cela vienne de lui. La possibilité que votre interlocuteur puisse proférer ces mots si hardiment et si ouvertement ne vous avait jamais effleuré l’esprit.

   Satan, voyant qu’il a maintenant immobilisé sa proie avec une précision dévastatrice donne son coup de grâce « ... mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et que vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. »[9]

   Ces versets peuvent être comparés à la traversée d’une toute petite ville ; on peut y passer sans s’en apercevoir. L’idée que Satan a présentée à Eve contenait le germe de la malédiction qui tourmente maintenant tous les descendants d’Adam - la lutte pour l’importance. Un concept qui semble si libérateur offre la substance même des chaînes qui asservissent l’âme de l’homme dans la misère et l’obscurité. Cela vous semble un peu exagéré ? Restez avec moi pour élaborer ce concept « Vous ne mourrez point » pour examiner son fruit et son rôle dans la récolte de la question lancinante : « Quelqu’un m’aime-t-il vraiment ? » et « Suis-je digne d’être aimé ? »

   Je me souviens lorsque j’avais environ huit ans, ma sœur avait reçu pour Noël une poupée qui pouvait pleurer, rire et même boire du lait. Tout ce que vous aviez à faire était de placer des piles dans son dos et c’était parti. Elle procurait des heures de divertissement à ma sœur. J’aurais voulu la donner à manger au chien parce que les pleurs étaient devenus très ennuyeux après un certain temps, mais j’ai décidé de ne pas le faire parce que je n’avais pas envie d’entendre ma sœur pleurer pendant des heures. Cette poupée avait la « vie », simplement en mettant deux piles dans son dos, et c’est précisément l’idée que Satan essayait de faire passer à Eve. « Eve, tu n’as pas besoin de t’inquiéter de ce qui peut être dit, tu as la vie en toi-même. Tu peux faire comme tu veux et tu n’en souffriras aucune conséquence parce que tu as la vie en toi-même. Tu ne mourras pas et aussi longtemps que tu reviendras ici à cet arbre pour recharger tes batteries, tout ira bien. »

   Pourriez-vous imaginer un bébé de 18 mois disant à ses parents : « Je pense pouvoir me débrouiller tout seul maintenant. Je viens de parler au nain de jardin et il dit que j’ai une puissance à l’intérieur de moi qui peut me garder en vie et pourvoir à tous mes besoins, donc merci pour toute votre aide et peut-être allons-nous nous rencontrer un jour. » ? C’est exactement ce qui est arrivé à Adam et Eve dans le jardin. Ce concept du « vous ne mourrez point » avait brisé leur conscience d’une dépendance totale envers leur Père céleste. Il attaqua les fondements mêmes de ce qu’ils étaient en tant qu’individus. Il troubla leur sens de l’identité et par conséquent, leur valeur en tant qu’enfants de Dieu. Pourquoi Adam et Eve n’ont-ils pas simplement réalisé leur erreur et ne sont-ils pas revenus à une position de dépendance totale de leur Père céleste ? Si seulement les choses étaient si simples ; mais les conséquences du fait d’embrasser, même pour une seconde, le concept du « vous ne mourrez point », parce que la puissance est en vous, a pour effet instantané l’impossibilité de jamais revenir à cet état bienheureux. Nous examinerons cela plus en détail dans la suite. Mais revenons d’abord à cet arbre funeste.

   Remarquez la suggestion de Satan selon laquelle leurs yeux s’ouvriraient à une sphère d’existence plus élevée. Cela implique non seulement que vous avez la puissance en vous-même, mais aussi que l’univers matériel contient des objets puissants qui, une fois en votre possession, pourront vous rendre encore plus puissants. Bienvenue dans le monde matériel. Dans le livre de la Genèse 3 : 4, 5 Satan est en plein mode d’évangélisation pour gagner des convertis à son nouveau royaume utopique. Il offrit un royaume promettant puissance et satisfaction à tous ceux qui l’embrasseraient. Ce royaume est fondé sur deux principes fondamentaux :

1. Vous avez la vie en vous-même, ce qui vous rend totalement indépendants de tout bienfaiteur ou de toute autorité extérieure.

2. Dans notre environnement se trouvent des personnes, des objets et des choses qui, si nous les possédons ou nous nous associons avec eux, peuvent nous rendre plus puissants, plus éclairés et plus épanouis dans la vie.

   Grâce à cet arbre de la connaissance, Satan offrait une existence alimentée par batteries, une vie sans la nécessité d’aucun bienfaiteur ou autorité externe, d’où le titre de ce chapitre : L’arbre Duracell. Satan nous dit que les cellules de notre corps resteront à jamais durables si nous adoptons sa philosophie sur la vie.

   Il est important de se rappeler que lorsqu’Adam et Eve ont mangé le fruit de l’arbre, il n’y avait pas de poison inhérent dans le fruit les rendant effrayés, pécheurs et rebelles. La Bible nous dit que le fruit était bon à manger.[10] Le poison, c’étaient les paroles que Satan adressa à Eve. Le poison, ce sont les principes de son royaume. Certaines personnes posent la question : pourquoi dois-je souffrir alors que ce sont Adam et Ève qui ont mangé le fruit ? Moi, je n’ai pas mangé de cet arbre. La vérité, c’est que chaque fois que nous agissons indépendamment de Dieu, nous mangeons du fruit de l’arbre exactement comme Adam et Ève l’ont fait car nous avons avalé le poison du royaume de Satan. En fait, nous allons apprendre que nous mangeons chaque jour de cet arbre et nous souffrons chaque fois d’une terrible indigestion.

   L’idée que nous puissions vivre en dehors de Dieu peut ne pas sembler si étrange que cela à de nombreuses personnes, mais dans le prochain chapitre, nous allons apprendre que ce type de pensée est suicidaire.



[1] The Mind Game — Philip Day

[2] Ibid

[3] Ibid

[4] David Van Biema, « Learning to Live with a Past that Failed », People, 29 mai 1989, p. 79.

[5] Jim Conway, « Adult Children of Legal or Emotional Divorce », (Monarch Publications, 1990) p. 53

[6] Genèse 3 : 1

[7] Genèse 3 : 2, 3

[8] Genèse 3 : 4

[9] Genèse 3 : 5

[10] Genèse 3 : 6