34. Structures d'autorité semence/nutriment
Chapitre 34 – Structures d’autorité semence/nutriment
A. Les structures d’autorité se présentent par deux
Nous avons montré au chapitre 29 que l’humanité a été créée à l’image de Dieu, non seulement individuellement, mais aussi relationnellement. Nous avons souligné les parallèles suivants de cette image.
Père et Fils |
Adam et Eve |
Le Fils est issu du Père (Jean 8 : 42 ; Prov. 8 : 22-30). |
Eve est issue d’Adam (Gen. 2 : 21-23). |
Christ était l’empreinte de la personne du Père et hérita de Lui tout ce qu’Il possédait. (Héb. 1 : 2-4). |
Eve était l’aide et la compagne d’Adam, comparable à lui. Tout ce qu’elle avait, elle l’avait hérité d’Adam. Elle a été faite de sa côte, et non à partir de la terre (Gen. 2 : 20-24). |
Le Père est la Tête de Christ (1 Cor. 11 : 3). |
L’homme est la tête de la femme (1 Cor. 11 : 3). |
Christ est égal au Père par la relation (Jean 5 : 18 ; Phil. 2 : 6). |
Eve était égale à Adam par la relation. Ils étaient une seule chair (Gen. 2 : 24). |
Le Père fit toutes choses par Christ. La source de vie du Père fut canalisée (nourrie) par Christ, et de Christ fut issu tout l’univers (1 Cor. 8 : 6 ; Col. 1 : 17, Eph. 3 : 9). |
La semence (vie) d’Adam fut nourrie par Eve et d’elle fut issue toute la race humaine (Gen. 4 : 1 ; Gen. 5 : 3). |
Au chapitre 30, nous nous sommes intéressés aux concepts de tête en association avec la direction masculine et la structure d’autorité qui en résulte dans la famille. Au chapitre 31, nous avons considéré comment ces structures influencent l’église et la communauté.
Comme nous l’avons affirmé précédemment, notre compréhension de la relation Père et Fils a un impact direct sur les relations humaines au niveau des concepts d’égalité ainsi que des concepts d’autorité. Lorsque l’égalité est fondée sur une compréhension basée sur la performance, la nature du Père et du Fils, ainsi que les relations de mari et femme, sont altérées au point que les rôles peuvent potentiellement être interchangeables et que l’identité ne peut plus être attribuée aux termes Père et Fils ou mari et femme. Les termes ne sont que fonctionnels et n’expriment plus l’identité profonde.
Si nous considérons les domaines d’autorité directe de la vie chrétienne, il est évident que Dieu a l’autorité comme exprimé dans les quatre premiers commandements, et que nos parents ont l’autorité comme exprimé au cinquième commandement. L’autorité de Dieu est directement réfléchie dans le fait que le Père et Son Fils sont tous deux Seigneurs. L’autorité parentale se reflète dans la direction du mari et de la femme, les deux. Lorsque nous nous penchons sur l’autorité de la révélation de Dieu à Son propre sujet, nous trouvons qu’elle suit également une formule en deux parties : la Bible et l’Esprit de Prophétie. Dans chaque structure d’autorité, il y a une autorité source, et une autorité nourricière. Nous pourrions résumer cela de la manière suivante :
Semence/Source |
Père |
Epoux |
Bible |
Nourriture |
Fils |
Epouse |
Esprit de Prophétie |
Une pensée superficielle pourrait considérer la charte ci-dessus en citant des textes où Christ est présenté comme étant la Semence en relation avec la création, mais cette semence Lui fut donnée par Son Père, elle vient par le canal de bénédiction. Ici, on parle de semence principalement en lien avec l’origine, et celle-ci remonte toujours au Père.
B. Relation de semence/nutriment de la Bible et l’Esprit de Prophétie
Il faut reconnaître qu’un glissement dans la relation entre le Père et le Fils d’une égalité relationnelle à une égalité basée sur la puissance aura un impact direct sur l’égalité homme/femme et aussi sur l’égalité et l’autorité Bible/Esprit de Prophétie.
Pendant les 30 dernières années, on s’est de plus en plus inquiété de savoir comment formuler un point de foi Adventiste exprimant notre croyance en l’Esprit de Prophétie, et prenant sa défense. Ce problème fut soulevé à la conférence biblique de 1919 avec des questions quant à la manière dont nous devrions considérer la Bible par rapport à l’Esprit de Prophétie. Ce ne fut pas avant 1970, lorsque les notes de cette conférence furent trouvées, que la conscience Adventiste commença à reconsidérer sérieusement cette question.
J’ai moi-même observé que le glissement dans l’égalité entre le Père et le Fils (avec l’introduction d’une Divinité basée sur la performance) a eu un impact direct sur notre compréhension de la relation entre la Bible et l’Esprit de Prophétie.
C. Le glissement vers la Trinité impacte l’autorité de l’Esprit de Prophétie
Avec la forte allégeance à l’Esprit de Prophétie s’étendant des années 1930 aux années 1960, il était inévitable pour l’église d’avoir de la peine à ne pas placer l’Esprit de Prophétie sur le même plan d’autorité que la Bible, bien que cela aurait été nié en théorie. En élevant Christ à la même position de puissance et de source que le Père, il devait naturellement en résulter une élévation de l’Esprit de Prophétie à la même position de source et de puissance que la Bible. Les résultats sont clairs : pendant cette période de temps, il était courant de tirer la doctrine directement de l’Esprit de Prophétie.
Ce dilemme fut douloureusement révélé au début des années 80, lorsque Bill Johnson fut questionné par Walter Martin au sujet de l’émission de John Ankerberg sur la manière dont les Adventistes considéraient l’Esprit de Prophétie. Dr. Johnson fit de son mieux pour donner des réponses, mais Martin sortit plusieurs citations de dirigeants Adventistes montrant clairement que l’Esprit de Prophétie était effectivement équivalant à la Bible. Walter Martin exposa correctement cette faiblesse de raisonnement, mais l’alternative qui devait en résulter dans les décades à venir allait être également mauvaise.
Bien sûr, il faut reconnaître que si l’Adventisme souhaite rester fidèle aux principes Protestants de la Bible et de la Bible seule, jusqu’à tenir compte des avertissements d’Ellen White qui nous exhortent à nous tourner vers la Bible pour la doctrine, il faudrait finalement retirer l’Esprit de Prophétie de sa position incorrecte d’égalité de puissance avec la Bible.
Malheureusement, sans changement dans les concepts d’égalité entre le Père et le Fils, le seul moyen d’enlever l’Esprit de Prophétie de sa position d’égalité est de le rendre sans effet. La rengaine grandissante de la « moindre lumière » et la mise en avant de l’humanité d’Ellen White, de son empreint de sources extérieures et du concept de sa « croissance dans la connaissance », ainsi que l’ennui grandissant que provoque l’emploi d’Ellen White dans les sermons et les présentations, témoignent bien du tournant qu’ont pris ses écrits vers le « sans effet ». N’importe quel étudiant de l’histoire Adventiste saura combien Satan déteste l’Esprit de Prophétie, et combien de fois il tenta d’exterminer Ellen White et de mettre un terme à son œuvre. Il apparaît que le succès du diable est arrivé premièrement par l’élévation de l’Esprit de Prophétie à une position incorrecte, puis par la mise sous pression de cette inconsistance, tout d’abord par les évangéliques, puis dans l’église elle-même, ce qui aboutit à une autorité affaiblie, voir détruite, de l’Esprit de Prophétie. Une tactique brillante, directement reliée à de faux concepts d’égalité qui trouvent leur inspiration dans la Trinité.
J’ai lutté pendant des années pour savoir comment positionner l’Esprit de Prophétie en rapport avec la Bible. Je savais que l’Esprit de Prophétie n’était pas la source de la doctrine, mais je savais cependant qu’ignorer ses écrits reviendrait à ignorer une lumière précieuse. Pendant des années, je me suis débattu pour savoir où positionner l’Esprit de Prophétie vis-vis de la Bible tout en maintenant le principe Protestant de sola scriptura. Une petite lumière est toujours une lumière, il faut la suivre et lui obéir. Elle n’est pas simplement un bon conseil, elle est salutaire. Je comprends à présent pourquoi il m’était impossible de maintenir ces deux autorités dans une juste tension : mes concepts d’égalité étaient obscurcis par la Trinité. Soit j’allais devenir un « adorateur d’Ellen White, » comme Walter Martin l’a dit de F.D. Nichol, ou bien j’allais hypocritement épouser les vertus de ses écrits tout en me détournant de tout ce qui me dérangeait personnellement. Une fois que des structures d’autorité correctes sont établies, le dilemme est résolu. L’Esprit de Prophétie est un nourricier de la semence. Il nous permet de « prospérer » et de nous développer. Il corrige de fausses perceptions du monde et de fausses suppositions, et nous permet de lire la Bible dans la bonne lumière. Tout comme un fils ou une fille obéirait à l’ordre de sa mère, et que la mère se soumettrait à la direction et à l’autorité de sa tête, son mari, nous devrions également nous soumettre à l’Esprit de Prophétie aussi fidèlement qu’il se soumet à la direction et à la Semence de la Bible. Le concept est simple ; son impact, profond ; il change la vie.
Il faudrait relever que tout comme l’Esprit de Prophétie est rendu « sans effet » par une fausse élévation, de la même manière la personne de Christ sera rendue sans effet par une fausse élévation. Cette fausse élévation dans un contexte d’égalité de puissance détruit Christ comme étant le Chemin. L’altération de Sa relation avec le Père brouille le chemin du salut. Est-il possible que dans ses efforts pour « combattre l’élévation du Christ », Satan trouva plus facile de premièrement L’élever faussement pour ensuite Le rendre sans effet ? Gardons bien ces choses à l’esprit alors que nous réfléchirons à la manière dont nous constituerons nos structures d’autorité.