Etoile du matin

4. La Perversion de l'Ego-centrisme

Mise en ligne Nov 04, 2012 par Adrian Ebens dans Le Retour d'Elie
4,233 Résultats

 

SECTION 2 – L’impact de l’Approche Performance

sur la Bible

 

Chapitre 4 – La Perversion de l’Ego-centrisme

 

A.L’Impact de la Séparation d’avec Dieu

   Au chapitre 1, nous avons examiné la philosophie qu’embrassèrent Adam et Eve lorsqu’ils mangèrent de l’arbre, et au chapitre 2 nous avons vu la mixture tragique d’émotions qui conduisirent Satan à concocter le concept selon lequel nous pouvons vivre sans Dieu et nous former une identité par nous-même au moyen de nos réalisations. Alors même que les sucs gastriques de Adam et Eve digéraient le fruit, la culpabilité et le sentiment de n’avoir aucune valeur enveloppaient petit à petit leur pensée et coupait la relation d’amour, de bonheur et de joie entre Dieu et l’homme. La malédiction du mensonge du serpent avait commencé son œuvre insidieuse, et dans une courte période de temps, Adam et Eve se trouvaient plongés dans la culpabilité et la peur. De pair avec Satan et ses anges, ils avaient commis un suicide mental et émotionnel. Ils avaient perdu leur identité et leur valeur, et rien de ce qu’ils pouvaient faire n’allait les restituer. Ils ne pouvaient d’eux-mêmes retrouver la faveur de Dieu. Ils avaient rompu la relation, et seul Dieu pouvait la restaurer. Ce fait est évident, même lorsque nous réfléchissons à notre propre expérience. Si quelqu’un viole une relation avec nous, la puissance de restaurer cette relation se trouve du côté de celui qui n'a pas commis l'offense ; le côté offensant ne peut plus prétendre restaurer la relation.

   A ce point là, il est important de se souvenir de ce que nous avons étudié au chapitre 1. Dieu est la source de la vie, de la sagesse et de la joie. Adam et Eve se sont coupés de cette source en croyant le mensonge d’après lequel ils avaient tout cela en eux-mêmes. Leurs facultés de raisonnement ne pouvaient plus être utilisées de manière désintéressée ou objective. Leurs pensées étaient à présent entièrement en harmonie avec Satan. Ils n’avaient pas la force de démasquer le mensonge qu’il leur avait dit. Satan a commencé à les remplir de fausses théories au sujet du caractère de Dieu. En même temps, Satan dit à Adam et Eve qu’ils étaient mauvais. Il leur dit qu’ils méritaient la mort et qu’ils étaient des individus sans valeur. Satan est encore déterminé à détruire notre sens de l’identité, et il le fait en nous disant des mensonges à notre sujet. Aussi longtemps que nous adhérons aux mensonges concernant Dieu nous-mêmes, nous ne pourrons jamais espérer avoir une relation durable avec Dieu. En effet, ces mensonges frappent directement au cœur de Sa loi, le simple fait d’y croire revient à transgresser la loi et à nier la relation qu’elle procure.

   L’intrus sépara les meilleurs amis. Lorsque Dieu vint visiter Adam et Eve et les appela par leurs noms, la voix qu’ils avaient auparavant connue comme la plus douce de l’univers les poussait maintenant à se cacher, dans la peur et le désespoir. Le programme de Satan avait fait son œuvre !

   Imaginez que vous rentrez un jour du travail, anticipant avec joie le rituel heureux que vous avez développé avec votre enfant. Chaque après-midi, il ouvre la porte d'entrée et court vers vous, chantant « Papa, Papa », puis il se jette dans vos bras en vous serrant tendrement. Mais cette fois, alors que vous arrivez chez vous, vous remarquez que votre enfant bien-aimé ne vient pas vous saluer. Surpris, vous entrez dans la maison, et vous entendez un cri de terreur, puis des petits pieds courir au plus vite dans le jardin pour s’y cacher. Quelque-chose a brisé la relation. Là où il y avait un jour de l’amour, il y a maintenant de la peur. Aucun véritable père n’apprécie de voir s'enfuir ses enfants à l'appel de sa voix. Ça fait mal. Quelle tragédie ! Le péché peut nous inspirer la peur de la Personne la plus aimante, généreuse, patiente, et soucieuse de liberté dans l’univers.

   Dans le jardin, Dieu faisait face à un dilemme très sérieux. Comment devait-il approcher ses créatures, alors qu’elles écoutaient maintenant la voix d’un autre ? Chaque parole de Dieu était à présent interprétée négativement. Les implications pour la race humaine étaient sérieuses, étant donné leurs conséquences futures dans l'histoire Biblique. Adam et Eve savaient qu’ils étaient coupables, mais maintenant ils ne se sentaient plus en sécurité, il n'avaient plus la conscience de leur valeur pour accepter qu’ils étaient en tord, car ils avaient accepté de fausses idées au sujet de Dieu, la source de la vie et de la sagesse. Contrôlés par un esprit de culpabilité et d’insécurité, ils adoptèrent une position de défit. Ils avaient perdu la force de raisonner honnêtement.

   Je m’émerveille devant l’amour de Dieu manifesté dans sa patience. Dieu appela Adam, « Où es-tu ? », non qu’Il ne le savait pas, mais afin de permettre à Adam de faire face au problème. « Où en es-tu, Adam ? Qu’est-il arrivé à ton identité ? » La réalité physique représente toujours le spirituel, et le fait que Adam et Eve se cachèrent physiquement révèle clairement ce qu’il se passait dans leurs pensées. Ils s’étaient retranchés dans la tromperie et la fausseté pour s’éviter de faire face à la vérité, qui semblait maintenant si effrayante. Dieu les aidait à diagnostiquer le problème pour pouvoir leur apporter la solution bénie.

 

B. La Prison de l’Ego-Centrisme

   Adam répondit à la question en disant à Dieu qu’il avait peur parce qu’il était nu. Cette confession est intéressante à la lumière de Genèse 2 : 25 : « Adam et Eve étaient tous les deux nus, et ils n’en avaient point honte ». Adam était nu avant d’avoir mangé du fruit, mais il n’en avait pas honte. L’implication ici, c’est que Adam se sentit honteux après avoir mangé du fruit. Le mot Hébreux buwsh veut aussi dire confus, confondu et déçu. Adam était plein de confusion, de culpabilité, et de déception. Il était confus au sujet de qui il était, et il ressentait de la culpabilité au sujet de ce qu’il avait fait. Dieu cherchait à présent à mettre le doigt sur l’intensité de la souffrance d’Adam. « Qui t’a appris que tu es nu ? Est-ce que tu as mangé de l’arbre dont je t’avais défendu de manger ? » (Gen. 3 : 11) Dieu ne demanda pas à Adam, « Comment sais-tu que tu es nu ? » Il lui demanda, « Qui t’a dit que tu étais nu ? » Dieu essayait d’attirer l’attention d’Adam sur l’instigateur des mensonges qui lui étaient dits. En d’autres termes, « Qui te pousse à courir loin de moi ? Qui s’est mis entre toi et moi ? »

   Dieu s’adressa directement à Adam. « As-tu mangé de l’arbre dont je t’avais défendu de manger ? C’était là une question simple, qui demandait pour seule réponse un oui ou un non. A présent, alors qu’Adam se représentait Dieu comme un être égoïste et prompt à se venger, et lui comme étant stupide et sans valeur, il se trouva dans l'embarras. Adam « savait » que s’il disait oui, il était coincé, et s’il disait non, il était doublement coincé – une fois pour avoir mangé du fruit défendu, et une autre fois pour avoir menti à ce sujet. Sachant qu’il n’y avait pas d’issue, Adam enfila ses gants de boxe et sortit de son coin en battant l’air de ses poings (comme le fait toute personne insécurisée), essayant de s'attaquer à Dieu lui-même. Comme le dis le proverbe, « Autant se battre jusqu'au bout ».

   « La FEMME que TU as mise auprès de moi, Elle m’as donné de l’arbre, et j’en ai mangé, » a-t-il accusé (Gen. 3 : 12, KJV, emphase ajoutée).

   Pouvez-vous imaginer le choc d’Eve face à cet homme qui peu avant avait promis de braver toute épreuve avec elle, et qui se ramassa par terre au premier obstacle ! Le péché ne peut pas produire quelqu’un d’héroïque qui se donne de façon désintéressée pour aider et soutenir les autres. Il produit toujours le même : chacun pour soi.

   Nous passons pas à côté du processus qui se développe ici. Les réactions d’Adam étaient dirigées par sa culpabilité et son insécurité, combinées avec une fausse conception du caractère de Dieu, toutes réunies par une bonne dose d’orgueil fondé sur une source de vie indépendante. C’est là le drame du péché : comment Dieu pouvait-il montrer à Adam qu’il n’était ni sans valeur ni stupide, mais qu’il avait une fausse image de son Père ? Comment Adam pouvait-il recevoir une véritable révélation de sa situation, alors qu’il avait perdu la force de raisonner objectivement ? Dieu est la seule source de véritable sagesse, et Adam s’était coupé lui-même de cette source. Et même lorsque Adam raisonnait, comment pouvait-il raisonner libéré de son nouveau système de valeurs fondé sur la performance, qui rejetait radicalement tout ce qui ressemblait à la vérité ? Adam ne pouvait pas supporter d’entendre Dieu le déclarer dans l’erreur, même si cela était fait dans l’amour et dans son propre intérêt, parce que son égocentrisme contrôlait sa raison. La préservation personnelle lutte jusqu’à la fin.

   De nombreuses personnes m’ont demandé, « Comment peut-on avoir une seule Bible avec un seul message, et avoir en même temps des milliers d’églises différentes qui professent toutes avoir « la vérité » ? Tout remonte au jardin d'Eden et au mensonge du serpent. La nature humaine accepta un modèle de source de vie et un système de valeur qui allait naturellement tordre tout ce que Dieu dit. Dieu nous parle depuis un royaume dont il est Lui-même la seule fontaine de vie et la seule source de valeur. Mais l’humanité s’approche de la Bible avec sa propre source de vie, et son propre système de valeur basé sur la performance. Ce système de valeur par la performance, a tordu chaque enseignement de la Parole de Dieu. La vérité de Dieu est changée en mensonge (Rom. 1 : 25). C’est pour cela que Dieu nous dit :

   Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, dit l’Eternel. Autant les cieux sont élevées au-dessus de la terre, autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées (Esaïe 55 : 8, 9)

Et Paul l’affirme de cette manière :

   Mais l’homme naturel ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu, car elles sont une folie pour lui, et il ne peut les connaître, parce que c’est spirituellement qu’on en juge (1 Co. 2 : 14).          

   La pensée fondée sur la performance, ou nature charnelle, voit tout à travers les lentilles d’une puissance intérieure propre. Elle nous conduit sur les sommets de l’orgueil [1] lorsque nous réussissons, et nous jette dans le puits du désespoir lorsque nous échouons. Elle nous pousse à poser les mauvaises questions, telles que « Qui donc est le plus grand dans le royaume des cieux ? » (Matthieu 18 : 1) et « Que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ? » (Marc 10 : 17), ou encore « Comment connaît-il les Ecritures, lui qui n’a point étudié ? » (Jean 7 : 15). Remarquez le diagramme suivant :

 

 

   Cette vision de valeur par la performance transformera toujours la vérité de Dieu en un mensonge. Remarquez le texte suivant :

   Pour ce qui concerne les viandes sacrifiées aux idoles, nous savons que nous avons tous la connaissance. – La connaissance enfle, mais la charité édifie. Si quelqu’un croit savoir quelque chose, il n’a pas encore connu comme il faut connaître.  (1 Co. 8 : 1-2)

   Dans un système fondé sur la performance, la connaissance de la vérité ne fera que nous enorgueillir. C’est le problème de fond pour l’église de Laodicée. Tant de vérités lui ont été données qu’elle se sent riche et dans l’abondance de biens, et qu’elle ne ressent aucun besoin (Ap. 3 : 17). Lorsque nous en voyons d’autres dans l’église qui ont un ministère et font de grandes choses pour Dieu, qui reçoivent de la reconnaissance et de l’approbation, il se peut que nous ne nous sentions pas à la hauteur et même désespérés. Tout cela découle d'une pensée axée sur la performance. Cette question est si importante que je veux y consacrer le chapitre suivant, parce que la pensée fondée sur la performance ne meurt pas complètement lorsque nous sommes nouvellement baptisés et que entrons dans l’église ; elle continue souvent à vivre pendant des décennies dans la vie des Chrétiens de profession.

   En effet, la conversion est le processus par lequel nous apprenons à penser comme notre Père céleste. Elle initie un processus de découverte personnelle de Son amour sans faille, de Sa justice, et souvent de la profondeur sans mesure de notre propre orgueil. Elle consiste à apprendre à contempler Dieu et à dépendre de Lui plutôt que de nous-mêmes. C’est parce que nous ne saisissons pas cela que nous sommes si souvent remplis de culpabilité et de peur, ce qui nous conduit vers des comportements centrés sur nous-mêmes.

 

Schéma

 

[1] « Dans l’ancien temps, lorsqu’un roi voyageait dans les régions les moins fréquentées de son royaume, un groupe d’hommes était envoyé au-devant du cortège royal afin de niveler les endroits escarpés et de combler les fossés, afin que le roi puisse poursuivre sa route en toute sécurité et sans obstacle. Cette coutume est employée par le prophète pour illustrer l’œuvre de l’évangile. “Que toute vallée soit exhaussée, que toute montagne et toute colline soient abaissées.” Lorsque l’Esprit de Dieu touche une âme de son merveilleux pouvoir vivifiant, l’orgueil humain est abaissé. Les plaisirs du monde, la position et la puissance perdent leur valeur. “Les raisonnements et toute hauteur qui s’élève contre la connaissance de Dieu” sont renversés ; toute pensée est amenée captive à “l’obéissance de Christ”. (2 Cor. 10 : 5)» The Desire of Ages, p. 135. Retour