Etoile du matin

5. Crise familiale

Mise en ligne Mar 10, 2015 par Adrian Ebens dans Guerre d'identité
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5. Crise familiale

  

   Sur les traits de son visage je pouvais voir qu’il avait subi un traumatisme. Les poches sous ses yeux trahissaient sa tentative courageuse d’avoir l’air en forme. Je lui ai dit « Tu as l’air vraiment épuisé ! »

   « Ma femme et moi sommes séparés » dit-il douloureusement. « Je ne l’ai pas anticipé », dit-il submergé par le regret. Nous avons parlé des défis auxquels il faisait face et puis il a laissé échapper les paroles suivantes : « Je ne peux pas supporter de ne pas voir les enfants – ça me tue. » Je pouvais voir qu’il avait du mal à garder la tête hors de l’eau et j’ai vraiment senti sa douleur. J’ai souhaité vivement pouvoir l’aider. Son dernier commentaire fut : « Je ne sais plus quoi faire ni où me diriger. »

   Seuls ceux qui ont connu le monde tortueux de la séparation et du divorce comprendront l’émotion derrière ces mots. Le choc, la colère et la douleur ressentis par le conjoint subissant la séparation ont souvent été comparés à l’expérience de la mort d’un conjoint.[1] La réalité dévastatrice du divorce signifie plus qu’un simple partage de biens, il s’agit de redéfinir votre identité tout entière.[2] Les plus grandes victimes, bien sûr, sont les enfants. La gamme des émotions destructrices qui traversent le cœur d’un enfant, non seulement au moment de l’événement, mais également pour le restant de sa vie, ne peut jamais être totalement évaluée.

   Jim Conway a interrogé des centaines d’adultes, enfants du divorce et la gamme des émotions qu’ils ressentaient se décline comme suit :

 

Se sentaient malheureux   72%

Se sentaient impuissants   65%

Se sentaient seuls   61%

Avaient peur   52%

Étaient en colère   50%

Se sont sentis abandonnés   48%

Se sentaient personnellement rejetés   40%

Se sentaient bons à rien   30%

 

Les conséquences découlant du fait d’avoir subi un divorce en tant qu’enfants sont les suivantes :

 

Constamment à la recherche d’approbation   58%

Refoulent quelques aspects de leur passé   54%

Se jugent trop sévèrement   53%

Se prennent trop aux sérieux   47%

Réagissent très fortement aux situations sur lesquelles ils n’ont aucun contrôle   42%

Ont encore des problèmes avec les relations [3]   40%

 

   Faut-il s’étonner que Dieu dise : « Je hais la répudiation ! (le divorce) » Malachie 2 : 16. Peu importe la manière dont il se passe, ou qui abandonne qui, la perte des liens familiaux est nuisible pour tous. Il n’y a pas de gagnant lorsque les relations familiales se brisent. Pourtant, c’est exactement ce qui s’est passé dans le ciel. La famille de Dieu a été déchirée par une crise, lorsqu’un de ses fils bien-aimés s’est tourné contre lui.

   La Bible dit dans Apocalypse 12 : 7 « Et il y eut guerre dans le ciel. » Quand nous lisons ce verset, nous pouvons être tentés de penser qu’il s’agit d’une guerre entre deux rois et leurs royaumes, mais cette guerre a été le déchirement de la famille de Dieu. Pouvez-vous imaginer le moment où Dieu a créé Lucifer et la manière dont Il a tendrement tenu son nouveau fils ? Dieu avait partagé son cœur et son âme avec cet ange. Il lui avait témoigné uniquement de l’amour et lui avait donné le privilège de servir au plus haut niveau de son gouvernement familial. Mais maintenant, cet enfant proférait des paroles de colère et de révolte. Agissant dans l’ombre en utilisant la tromperie et le mensonge, il a corrompu l’esprit de beaucoup d’autres enfants de Dieu. Pouvez-vous imaginer Sa douleur ? Lucifer, créé d’une manière si parfaite, était rempli de haine et de meurtre. Il était déterminé à détruire le Fils éternel de Dieu, car Jésus révèle que Satan a été meurtrier dès le commencement.[4] La réalité de ce sentiment a été démontrée sur la croix du Calvaire, où Satan espérait se débarrasser de Jésus.

   Qui peut comprendre la perte ressentie par Dieu pour son fils Lucifer ? Nous avons un reflet du cœur de Dieu dans l’histoire de David et Absalom. « Mon fils Absalom ! Mon fils, mon fils Absalom ! Que ne suis-je mort à ta place ! Absalom, mon fils, mon fils ! »[5] Absalom, fils de David d’une grande beauté, a voulu tuer son père et prendre son royaume. Mais l’armée de David vainquit les armées de son fils et Absalom fut tué lors de la bataille. Au lieu de la joie de la victoire, David pleura pour la perte de son fils rebelle. Il n’y a pas de gagnant lorsque les familles sont déchirées.

   Il est crucial de se rappeler que dans le royaume de Dieu, l’identité et la valeur d’une personne sont liées à sa relation avec Dieu, le Créateur, notre Père céleste. Lorsque Lucifer est sorti de cette relation, il s’est mentalement et émotionnellement suicidé et a ouvert une écluse inattendue d’émotions négatives. Si, avant la rébellion de Lucifer, vous lui aviez demandé – « qui es-tu ? », il aurait répondu avec assurance et une calme confiance : « Je suis un fils de Dieu et Il m’aime. » Mais, une fois que Lucifer avait rejeté son Père, si la même question lui avait été posée – « qui es-tu Lucifer ? », que pouvait-il répondre ? Il n’avait plus d’identité, il l’avait détruite. Quelle que soit l’identité qu’il pouvait essayer de se donner à partir de ce moment, il ne pourrait JAMAIS, JAMAIS, JAMAIS remplir ce vide et cette perte expérimentés en rompant ses relations étroites avec son Père céleste. JAMAIS !

   Plusieurs fois, il a désiré retrouver ce qu’il avait perdu, mais son orgueil ne le lui permit pas. Qui plus est, au fond de lui, il ne pouvait pas croire qu’il puisse être pardonné après son ingratitude effrontée et sa rébellion ouverte. Lucifer, nommé à présent Satan, est seul. Personne n’est là pour le soutenir et pour l’aimer, il n’a aucun lieu où il se sente chez lui. Satan est animé par toutes sortes d’émotions négatives : insécurité, peur, vide, jalousie, orgueil, autojustification, arrogance, rage, colère et esprit dominateur.

   Satan ne savait plus quoi faire. Il a dû redéfinir qui il était et en quelque sorte étouffer ce vide, cette inutilité, ce néant qui l’envahissait. Comme tout enfant se sentant dévalorisé, Satan porte toutes les marques de l’insécurité, de la peur, de la folie et a désespérément besoin d’approbation, quelque soit le moyen de la trouver. Il a besoin d’attention, et, afin de combler le vide, sa nature pervertie aspire à être adorée, vénérée et aimée : tout ce qui peut soulager sa douleur, sa solitude et le sentiment qu’il n’a aucune valeur.

   Puisque Satan a rejeté les relations comme base de la valeur, il n’a jamais pu établir un royaume fondé sur des relations. Il lui restait une seule option : « Soit reconnu par ce que tu fais plutôt que par ton appartenance. » Ce royaume ne pourrait jamais fonctionner si tout le monde reconnaissait que Dieu est la source de toute vie, de la sagesse et de l’amour. Satan a donc conçu le principe de « la puissance inhérente » afin de réduire Dieu à une simple force, incapable d’avoir une relation personnelle, force que l’on peut utiliser et tromper à volonté. Le royaume de Satan est un royaume de puissance, de performance et de recherche du plaisir. Ne soyez responsable de personne, prenez soin uniquement des personnes qui peuvent vous être utiles : tel est le thème central de son royaume.

   Il est clair que ce royaume est voué à la ruine. La force vitale appartient à un Être vivant, et un jour, Il retirera cette vie de ceux qui refusent obstinément de reconnaître leur identité en tant qu’enfants de Dieu. Ce royaume est condamné car rien ne peut faire disparaître la douleur et la perte qui résultent du rejet de cette identité. Nous apprenons ici la vérité du proverbe – « Il n’y a pas de repos pour les méchants. »

   Si nous revenons au jardin d’Eden dans ce contexte, nous voyons qu’extérieurement Satan semble rusé et habile alors qu’il cherche à contrecarrer son expulsion du ciel par Dieu. Mais intérieurement se cache un cœur vide et insécurisé qui se bat pour former une nouvelle identité et  échapper à l’abysse toujours plus profond du désespoir.



[1] Nelly Zola et Renata Zinger, True Stories from the Land of Divorce, (Pan Macmillan, Sydney, 1995), p. 2.

[2] Ibid

[3] Conway, p. 31

[4] Jean 8 : 44

[5] 2 Sam. 18 : 33