19. Autres Pensées de l'Esprit de Prophétie
Autres Pensées de l’Esprit de Prophétie
Il y a dans les écrits de Ellen White des déclarations qui, pour certains, semblent approcher la doctrine de Dieu sous différentes perspectives. Alors que les citations plus anciennes d’Ellen White semblent toutes être non-trinitaires, certains estiment que ses déclarations plus récentes enseignent le Trinitarisme. Je suis fermement convaincu qu’une étude attentive et impartiale des écrits d’Ellen White ne présentera pas deux vues différentes de Dieu. Pourtant, considérant les préjugés développés sur des décennies à ce sujet, certains ont du mal à être objectifs, et sont donc arrivés à des conclusions erronées. L’une de ces conclusions proclame qu’Ellen White était d’abord non-trinitaire, ou, au moins, n’enseignait pas pleinement la Trinité, mais que sa compréhension grandissant, elle enseigna fermement la doctrine de la Trinité. D’autres ont utilisé les affirmations apparemment divergentes pour écarter en bloc Ellen White de la discussion, et n’utiliser que la Bible.
La Bible est suffisante pour enseigner toute doctrine. C’était là la compréhension d’Ellen White, ainsi que des pionniers Adventistes de nos débuts. Ellen White écrivit :
Mais Dieu aura sur la terre un peuple qui s’attachera à la Bible et à la Bible seule, comme la pierre de touche de toutes les doctrines, et la base de toutes les réformes. (La Grande Controverse, p. 376 ; voir TS, p. 645)
La Bible, et la Bible seule, doit être notre credo. (The Review and Herald, 15 décembre 1885)
Le pasteur James White exprima bien la compréhension du mouvement Adventiste, lorsqu’il écrivit :
Tout Chrétien est donc en devoir de prendre la Bible comme règle parfaite de foi et de devoir. Il devrait prier avec ferveur pour être aidé par l’Esprit Saint, alors qu’il sonde les Ecritures dans sa recherche de toute la vérité, et de son propre devoir. Il n’est pas libre de se détourner d’elles pour connaître son devoir par l’un quelconque des dons. Nous disons que dès qu’il fait cela, il met les dons à une mauvaise place, et prend une position extrêmement dangereuse. La Parole devrait être mise en avant, et le peuple devrait y fixer les yeux, et la prendre comme règle de conduite, comme fontaine de la sagesse, dont il peut apprendre son devoir en « toutes bonnes œuvres ». (The Review and Herald, 21 avril 1851)
George Butler donna une approche équilibrée de la relation existant entre la Bible, l’Esprit de Prophétie, et la vérité. Dans un article intitulé « The Vision, » il écrivit :
La majorité de notre peuple croit que ces visions sont une manifestation authentique des dons spirituels, et qu’elles doivent donc être respectées. Nous ne les tenons pas comme supérieures à la Bible, ni un tant soit peu égales. Les Ecritures sont notre règle par laquelle tout le reste est évalué, les visions ainsi que d’autres choses. C’est pourquoi cette règle est de la plus haute autorité ; la référence est plus élevée que ce qui est évalué par elle. Si la Bible prouvait que les visions ne sont pas en accord avec elle, la Bible subsisterait, et les visions seraient abandonnées. (The Review and Herald, 14 août 1883)
Le pasteur Butler exprime la véritable position ‘Adventiste historique’, et la position des pionniers. Le pasteur William Grotheer a fait un commentaire perspicace de l’affirmation de Butler :
Butler a affirmé – « Les Ecritures sont notre règle par laquelle tout le reste est évalué, les visions ainsi que d’autres choses. » Ayant accepté ce principe – et il n’y en a vraiment pas d’autres à accepter – tout ce qui reste à faire, c’est d’évaluer par la Bible la référence quelconque des Ecrits qu’on aimerait utiliser. S’il y a harmonie, même si on a cherché ailleurs, …c’est la vérité. Utilisez-la ! Il y a des citations qu’on ne peut pas vérifier par la Bible, mais dont la Bible ne contredit pas non plus les idées. Si quelqu’un souhaite suivre le conseil exprimé dans de telles conditions, il est libre de le faire, mais qu’une telle personne manifeste de la tolérance, comme l’a conseillé Paul, envers quiconque ne partage pas son point de vue. Ceux qui ne souhaitent pas suivre un conseil quelconque n’ayant pas spécifiquement été affirmé par la Bible, mais donné dans les Ecrits, doivent s’assurer de ne pas être condamnés par les choses qu’ils permettent. (Bible Study Guide, [1] p. 78, 79)
Cela signifie-t-il que nous devrions exclure Ellen White de notre étude ? Non. Dieu a fait un don merveilleux au peuple Adventiste, et nous ne devrions jamais l’ignorer. Nous devrions cependant l’utiliser comme Dieu l’a prévu, nous tournant avant tout vers la Bible pour y trouver la vérité, puis vers les témoignages. Pour tous ceux qui ont tendance à rejeter ce que la Bible dit au sujet du « seul vrai Dieu » et de son « seul Fils engendré » parce qu’ils croient qu’Ellen White enseignait la doctrine de la Trinité et y croyait, nous vous invitons aimablement à étudier attentivement le contenu de ce chapitre.
Le poids de l’évidence
Sœur White nous a conseillé d’accepter le poids de l’évidence en ce qui concerne la doctrine. Bien qu’il y ait quelques citations qui semblent être Trinitaires, le poids de l’évidence penche clairement du côté non-Trinitaire. Nous croyons que des affirmations qui semblent être Trinitaires, seront reconnues en harmonie avec le reste de ses écrits suite à une étude plus approfondie. Ce chapitre n’est certes pas exhaustif, mais il traite des citations d’Ellen White jusque là omises, et le plus souvent utilisées par les Trinitaires en faveur de la doctrine de la Trinité. Nous allons examiner ces affirmations, et pourvoir à des explications montrant que ces citations ne soutiennent pas la doctrine de la Trinité et qu’en fait, certaines d’entre elles font exactement le contraire !
Personne et personnalité
L’une des plus célèbres citations d’Ellen White qui soit utilisée pour prouver une Trinité se trouve dans Special Testimonies, série B, no. 7, p. 63, qui fut plus tard publiée dans Evangéliser, p. 550 :
Il y a trois personnes vivantes dans la triade céleste : au nom de ces trois grandes puissances : le Père, le Fils et l’Esprit Saint, ceux qui donnent leur adhésion au Christ par une foi vivante sont baptisés, et ces trois puissances coopéreront avec les sujets obéissant au roi céleste dans leurs efforts pour vivre la vie nouvelle en Christ. [2]
L’intérêt principal de cette citation est le changement du mot « personnalités » du texte original, au profit du mot « personnes ».
L’arrière-plan de cette citation est d’une importance capitale. Le Dr. John Harvey Kellogg, Directeur du Sanatorium de Battle Creek, avait adopté un système de théologie, une philosophie appelée panthéisme, un enseignement disant que Dieu se trouve dans toutes choses. Ces idées furent publiées par Kellogg en 1903 dans un livre ayant pour titre The Living Temple [3]. Comme nous allons le voir, Kellogg a dévié vers des idées panthéistes, parce qu’il avait accepté la doctrine de la Trinité. Relevez attentivement les déclarations suivantes citées du même témoignage dont est tirée la célèbre citation du « trio céleste ».
Je n’ai pas pu dormir pendant la nuit dernière. Des lettres me sont parvenues dans lesquelles des hommes affirment avoir demandé au Dr. Kellogg s’il croit aux Témoignages rendus par Sœur White. Il prétend que oui, mais il n’y croit pas. (Special Testimonies, series B, no 7, p. 60)
Kellogg affirmait croire aux témoignages, et prétendaient qu’ils exprimaient ce qu’il enseignait alors au sujet de l’Esprit Saint. Ecrivant à l’ancien Président de la Conférence Générale, G.I. Butler, il affirma :
Ce n’est pas moi qui suis à l’origine de l’idée que je défends quant à la présence de Dieu partout et en toutes choses, tel un agent manifesté dans toutes les œuvres de la Nature. (Lettre de J.H. Kellogg à G.I. Butler, 30 décembre 1903)
Plus tôt cette même année, alors qu’il écrivait à W.W. Prescott, Kellogg cita Jésus-Christ p. 142, 143 ; Testimonies for the Church, vol. 1, p. 205 ; Special Testimonies en Education, p. 33 ; Christian Tempérance, p. 52 et 161, pour défendre que ses écrits ne faisaient que refléter l’œuvre d’Ellen White. Bien qu’il prétendait croire aux témoignages, et s’en servait même pour défendre ses points de vue, Ellen White affirma audacieusement que le Dr. Kellogg n’y croyait pas. Retournons au témoignage original, série B, no. 7 :
Je suis si désolée que des hommes sensées ne discernent pas le sentier du serpent. Je l’appelle ainsi, car c’est ainsi que le nomme le Seigneur. Comment se peut-il que ceux qui sont désignés comme s’écartant de la foi et donnant prise à des esprits séducteurs et à des doctrines de démons, s’écartent de la foi qu’ils ont tenue comme sacrée durant les cinquante dernières années ? Je laisse le soin de répondre à ceux qui soutiennent les personnes qui développent une telle subtilité dans leurs plans pour souiller et entraver l’œuvre de Dieu. (Special Testimonies, series B, no 7, p. 61)
Dans ce témoignage, Ellen White déclare que certains frères « s’écartent de la foi qu’ils ont tenue comme sacrée durant les cinquante dernières années ». En 1872 fut publiée la première déclaration de Principes Fondamentaux. Elle reflétait clairement les croyances des cinquante premières années de notre mouvement. Cette déclaration affirmait en partie :
Il y a un seul Dieu, personnel, être spirituel, le créateur de toutes choses, omnipotent, omniscient, éternel ; de sagesse infinie, saint, juste, bon, véritable et miséricordieux ; qui ne connaît l’ombre d’un changement, et qui est partout présent par son représentant l’Esprit Saint. Ps. 139 : 7.
Il y a un seul Seigneur Jésus-Christ, le Fils du Père Eternel, par qui Il créa toutes choses, et par lequel elles consistent…
Les Trinitaires Adventistes qui connaissent notre histoire reconnaissent qu’il y a eu un changement radical dans la théologie de l’église au sujet de la Divinité – un grand changement quant aux cinquante premières années de notre histoire. Le livre Issues, autorisé par les Dirigeants de la Division de l’Amérique du Nord et les Présidents de l’Union, a qualifié la déclaration de Croyances Fondamentales de 1872 de « distinctement non-Trinitaire » (p. 39). Dans le témoignage même dont il est question, Ellen White dit que les enseignements de Kellogg consistaient à s’écarter de la foi, et non pas à progresser. Elle déclara que de tels enseignements allaient souiller et entraver l’œuvre de Dieu ! Elle releva également :
A vous, à tous les autres de Thyatire, qui ne reçoivent pas cette doctrine, et qui n’ont pas connu les profondeurs de Satan, comme ils les appellent, je vous dis : Je ne mets pas sur vous d’autre fardeau ; seulement, ce que vous avez, retenez-le jusqu’à ce que je vienne. [4] (Special Testimonies, series B, no 7, p. 62)
Il est intéressant de voir qu’Ellen White a mentionné Thyatire. Cette église a historiquement été associée au Catholicisme qui repose sur la doctrine de la Trinité, son pilier central. C’est à cette église, qui a rejeté Jésus en tant que Fils, que notre Seigneur s’est présenté comme « le Fils de Dieu » (Apocalypse 2 : 18). Remarquez la citation suivante, qui aide à y voir plus clair :
Le Père est toute la plénitude de la Divinité corporellement, et invisible à la vue des mortels. Le Fils est toute la plénitude de la Divinité manifestée. La Parole de Dieu déclare qu’il est « l’empreinte de Sa personne ». « Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son seul Fils engendré, afin que quiconque croit en Lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. » Ici nous est montrée la personnalité du Père. Le Consolateur que Dieu a promis d’envoyer après Son ascension au ciel est l’Esprit dans toute la plénitude de la Divinité, rendant manifeste la puissance de la grâce divine pour tous ceux qui reçoivent Christ et croient en Lui comme à un Sauveur personnel. (Idem, p. 62, 63)
Maintenant, lisez attentivement la partie suivante du témoignage, tel qu’il fut édité par Ellen White dans son propre manuscrit et largement distribué et promu par le White Estate :
There are the living three personsalities of the heavenly trio in which every soul repenting of their sins believing receiving Christ by a living faith to them who are baptized. (Idem, p. 63) [5]
Telles sont les vivantes trois personnesalités de la céleste triade dans lesquelles toute âme repentante de leurs péchés croyant recevant Christ par une vivante foi pour ceux qui sont baptisés.
Il y a deux points clefs dans ce témoignage. Premièrement, Kellogg avait perdu sa foi dans les témoignages. Deuxièmement, un contraste est établi entre ses croyances spirites, et la vérité au sujet de la personnalité et de la nature de Dieu. Kellogg affirmait croire aux témoignages, et il s’en servait même pour essayer de prouver qu’Ellen White enseignait que l’Esprit Saint était un troisième être séparé, à part du Père et du Fils. Elle n’accepta cependant pas ce nouvel enseignement, et mit les gens en garde contre cette soi-disant « lumière nouvelle ». Elle exhorta l’église à se tenir du côté de la vérité qu’ils avaient enseigné pendant au moins cinquante années. Cette vérité était simple : le Père est Dieu, Jésus-Christ est son Fils, et l’Esprit est l’Esprit de Dieu. Ellen White écrivit que dans sa nouvelle théologie, Kellogg s’éloignait de la foi et acceptait des doctrines de démons.
Ce témoignage décrit la personnalité de Dieu, sa relation littérale avec son Fils, Jésus-Christ, et décrit également le Consolateur comme étant, en fait, « l’Esprit ». Elle dit ensuite que l’œuvre de Dieu par ses anges au jour de la Pentecôte « est représentée par la descente du Esprit Saint. » (Idem, p. 63)
Le 28 octobre 1903, Dr. Kellogg écrivit à G.I. Butler, disant :
Aussi loin que je puisse le concevoir, la difficulté rencontrée dans The Living Temple peut être entièrement résumée par la question : L’Esprit Saint est-il une personne ? Vous dites non. J’ai supposé que la Bible enseignait cela parce que le pronom personnel « il » est utilisé lorsqu’on parle de l’Esprit Saint. Sœur White utilise le pronom « il », et a dit avec tant de mots que l’Esprit Saint est la troisième personne de la Divinité. Que l’Esprit Saint soit la troisième personne et pas une personne du tout est une chose que j’ai du mal à concevoir. (Lettre de J.H. Kellogg à G.I. Butler, 28 octobre 1903)
Le jour d’après, le 29 octobre 1903, le Président de la Conférence Générale de l’époque A.G. Daniells écrivit la lettre suivante à Willie White au sujet des idées panthéistes de Kellogg :
Il [Dr. Kellogg] affirma ensuite que ses anciennes vues concernant la trinité l’avaient empêché de faire une déclaration absolument claire et correcte ; mais qu’en peu de temps il en était venu à croire à la trinité et pouvait à présent voir assez clairement où se trouvait toute la difficulté. Il croyait pouvoir arranger tout cela de façon satisfaisante. Il me dit qu’il croyait à présent à Dieu le Père, Dieu le Fils, et Dieu l’Esprit Saint ; et que sa compréhension était que c’était Dieu l’Esprit Saint, et non Dieu le Père, qui remplissait tout l’espace, et tous les êtres vivants. Il dit que s’il avait cru cela avant la rédaction du livre, il aurait pu exprimer ses vues sans donner la mauvaise impression actuellement donnée par le livre. (Lettre de A.G. Daniells à Willie White, 29 octobre 1903)
Plus tôt dans sa lettre, Daniells avait écrit ceci au sujet de Kellogg :
Il me dit que plusieurs jours avant de venir au conseil, il avait pensé à tout cela et commencé à voir qu’il avait fait une petite erreur en exprimant ses vues. … Il était certain de croire exactement ce qu’enseignent les Témoignages, et ce que le Dr. Waggoner et le pasteur Jones avaient enseigné pendant des années ; mais il en était venu à croire qu’aucun d’eux n’avait exprimé la chose dans la bonne perspective. (Idem)
Kellogg pensait avoir enseigné la même chose qu’Ellen White, Jones et Waggoner, mais qu’il avait mal exprimé ses vues. A.G. Daniells écrivit à Kellogg, « À présent, vous pouvez bien voir que tout cela ne peut pas être corrigé par un simple changement de termes. » (Lettre de A.G. Daniells à J.H. Kellogg, 28 octobre 1903) De plus, Daniells avait fait remarqué à Willie White qu’avant que sa mère, Ellen White, ne se soit ouvertement opposée au livre, Kellogg avait donné « un clair avertissement que cette bataille serait livrée sans merci, et que les vieilles théories traditionnelles seraient renversées. » (Lettre de A.G. Daniells à Willie White, 29 octobre 1903) Dès le début de la controverse, Kellogg reconnut avoir un nouveau modèle de pensées allant au-delà de la simple expression de ses paroles. Daniells ne se laissa pas tromper par la tentative de Kellogg de changer sa manière d’exprimer ses pensées. Il écrivit : « J’étais certain qu’il n’avait changé ses vues sur aucun point essentiel ». (Idem)
Quelle leçon pour nous ! Des théories au sujet de la Divinité ou d’autres vérités sont parfois présentées aux gens comme de l’eau vive, alors qu’elles proviennent « d’esprits séducteurs et de doctrines de démons ». Ces théories sont bien souvent introduites comme des nouvelles lumières. Lorsque l’opposition arrive, on entend cependant des voix proclamant que ces théories sont d’anciennes vérités dans un nouveau contexte, vérités que même Ellen White, Jones, et Waggoner ont présentées. Nous devons tous être des Béréens (Actes 17 : 11) et étudier pour nous-même la Parole de Vérité.
La citation tirée de la Série B est l’une des principales « preuves » utilisées pour prouver la doctrine de la Trinité. Une étude des écrits d’Ellen White révèle cependant qu’elle n’utilisait pas les termes « être » et « personne » de manière interchangeable comme le font certains aujourd’hui. Elle affirma que Christ était « le seul être qui pouvait entrer dans tous les conseils de Dieu, et partager tous ses desseins (Patriarchs and Prophets, p. 34). » Ce passage ne mentionne que deux « êtres ». Si l’Esprit Saint est un « être » dans le même sens que l’est Christ, pourquoi l’Esprit Saint n’a-t-il pas pu entrer dans « tous les conseils de Dieu » ? De plus, on peut faire une distinction entre « personne » et « personnalité », et une distinction dans la manière de définir « personnalité ». Dans une lettre datée du 24 janvier 1935, le pasteur H.W. Carr écrivit à W.C. White, afin de connaître sa compréhension « de la position de [sa] mère au sujet de la personnalité de l’Esprit Saint ». le pasteur White répondit en partie :
Je ne puis faire cela, étant donné que je n’ai jamais clairement compris ses enseignements à ce sujet. Il y a toujours quelque perplexité dans mon esprit quant à la signification de ses déclarations, qui semblaient parfois embrouiller ma façon superficielle de penser. …
Mes perplexités furent un peu atténuées lorsque j’appris dans le dictionnaire que l’un des sens de ‘personnalité’ était aussi ‘caractéristiques’. Les choses sont expliquées de telle manière que j’en conclus qu’il peut y avoir personnalité sans la forme corporelle que possèdent le Père et le Fils. (Lettre de W. C. White à H. W. Carr, 30 avril 1935)
The Published Ellen G. White Writings, [6] ver. 3.0 (CD-ROM) donne neuf citations différentes, publiées en dix-huit endroits différents pour le mot « personnalité ». Trois de ces citations se réfèrent à la Divinité, et toutes les trois n’incluent que Dieu et Christ. Les voici :
« Ce n’est pas pour eux seulement que je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole, afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu’eux aussi soient un en nous. » Ces paroles présentent Dieu et Christ comme deux personnalités distinctes. (Notebook Leaflets, p. 124)
Le sabbat 27 avril, de nombreux frères et sœurs des églises environnantes se sont rassemblés dans la grande salle, et c’est là que je leur ai parlé. Le texte de base de mon discours était Hébreux un. Ce chapitre montre clairement les personnalités individuelles du Père et du Fils. (The Review and Herald, 1er Août 1907)
Dans ces textes Bibliques [Jean 1 : 1-4, 14-16 ; 3 : 34-36], Dieu et Christ sont présentés comme deux personnalité distinctes, agissant chacune dans leur individualité propre. (Manuscript Release, no. 760, p. 18)
Dans Special Testimonies, Sœur White utilise le terme « personnalité » d’une façon qui ne peut être échangée avec « personne ». Au sujet de Dieu et Christ, elle écrivit :
Le Fils est toute la plénitude de la Divinité manifestée. La Parole de Dieu dit qu’Il est « l’empreinte de Sa personne ». « Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son seul Fils engendré, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. » Ici nous est montrée la personnalité du Père. (Special Testimonies, Série B, no. 7, p. 63)
Notre pensée est encore approfondie par la citation suivante :
Embarrassé de l’humanité, Christ ne pouvait pas être personnellement en tous lieux ; c’est pourquoi il leur était avantageux qu’Il les quitte, qu’Il aille vers son Père, et qu’Il envoie l’Esprit Saint pour qu’il soit son successeur sur la terre. L’Esprit Saint est Lui-même, dépouillé de la personnalité humaine, et indépendant de celle-ci. Il allait se représenter lui-même comme l’Omniprésent, partout présent par Son Esprit Saint. (Manuscrit 5a ; Manuscript Releases, vol. 14, p.23, 24)
Certains croient qu’Ellen White enseignait que l’Esprit Saint est un autre être séparé du Père et de son Fils. Cependant, la citation ci-dessus n’aurait aucun sens si c’était l’Esprit Saint qui était « dégagé de la personnalité humaine ». D’après le Dictionnaire American Heritage, le mot « dégager » veut dire « enlever, déposséder, libérer, débarrasser. Si l’Esprit Saint est un être comme le sont le Père et le Fils, il est certain qu’il n’a jamais été humain et qu’il n’a donc jamais pu être dégagé, ou débarrassé de l’humanité.
En plus de ces citations, Sœur White se référait au Esprit Saint avec le pronom « it » [7], ce qu’elle n’a jamais fait en parlant de Dieu ou de Christ.
L’Esprit Saint est le Consolateur, au nom du Christ. Il personnifie Christ, mais il est une personnalité distincte. Nous pouvons avoir l’Esprit Saint si nous le demandons [it], et si nous prenons l’habitude de nous tourner vers Dieu et de nous confier en lui plutôt qu’en des êtres humains qui peuvent se tromper. (Manuscript Releases, vol. 20, p. 234)
Photocopie de l’original du manuscrit d’Ellen G. White
« Les trois êtres les plus saints »
Il y a une citation en rapport avec les termes personnes et êtres que nous devrions considérer. C’est la seule fois où nous avons une annale de Sœur White qui aurait utilisé les termes « trois… être ».
Vous êtes né en Dieu, et vous vous trouvez sous le regard et la puissance des trois Etres les plus saints du ciel, qui peuvent vous garder de tomber. (Sermons and Talks, vol. 1, p. 367)
Le White Estate nous dit que cette citation nous vient d’un rapport sténographique du sermon prêché par Ellen White à l’Eglise de la congrégation d’Oakland, en Californie, le sabbat après-midi du 20 octobre 1906. Il est réédité dans Manuscript Releases, vol. 7.
Il y a quelques points important sur lesquels nous voudrions attirer votre attention. Premièrement, cette citation doit être considérée à la lumière du poids de l’évidence. Comme nous l’avons vu plus tôt, Ellen White parlait constamment d’uniquement deux êtres divins. Deuxièmement, il s’agit d’un rapport sténographique ayant été édité soixante dix-sept ans après qu’elle ait donné la première fois son message, et cela, sans qu’elle ait eu une chance de réviser, ou de corriger des mots ou des phrases qui n’auraient pas exactement représentés ses pensées. Troisièmement, toute personne ayant déjà parlé en public sait combien il est facile de mal choisir un mot ou de formuler une phrase qui aurait pu être mieux dite. Quatrièmement, Ellen White écrivit :
Et maintenant, à tous ceux qui aspirent à la vérité, je dirais : Ne donnez aucun crédit à des rapports non authentifiés quant à ce que Sœur White aurait dit ou écrit. Si vous souhaitez savoir ce que le Seigneur a révélé par elle, lisez ses œuvres publiées. (Testimonies for the Church, vol. 5, p. 696)
Bien sûr, tout ce qui passe à l’imprimerie est publié. Ellen White conseilla aux chercheurs de vérité de lire ce qui avait passé par le processus établi, lui donnant l’occasion de vérifier que ce qui allait être publié était bien en accord avec ce que le Seigneur lui avait révélé.
L’emploi des lettres majuscules par l’éditeur
Une sorte d’altération éditoriale ayant eu lieu a consisté en l’emploi de lettres majuscules pour insister sur l’idée que l’ Esprit Saint est Dieu lui-même. Notre premier exemple sera tiré de Jésus-Christ :
La résistance au péché et la victoire ne seraient rendues possibles qu’au moyen de la Troisième Personne de la Divinité, qui viendrait, non avec un pouvoir amoindri, mais avec la plénitude de la puissance divine. (The Desire of Ages, p. 671, 1940)
L’édition originale dont le copyright date de 1898 se lit ainsi :
La résistance au péché et la victoire ne seraient rendues possibles qu’au moyen de la troisième personne de la Divinité, qui viendrait, non avec un pouvoir amoindri, mais avec la plénitude de la puissance divine. (The Desire of Ages, p. 671, 1898) [8]
L’édition avec les lettres majuscules donne à penser qu’Ellen White défendait une position pro -Trinitaire. La phrase « troisième personne de la Divinité » fut publiée sept fois du vivant de Ellen White. (Voir The Review and Herald, 19 mai 1904 et novembre 1904 ; The Signs of the Times, 1er décembre 1898 ; The Watchman, 28 novembre 1905 ; Special Testimonies, Série A, no. 10, p. 25, 37 ; et The Desire of Ages, p. 671, 1898) Chaque fois que les mots « troisième personne » furent publiés, c’était avec des lettres minuscules. Les règles standard quant à l’emploi des lettres majuscules pour les titres de Dieu n’ont pas changé depuis la mort d’Ellen White. Pourtant, ces mots furent réédités six fois avec des majuscules depuis la mort d’Ellen White, la référence de The Desire of Ages incluse.
La comparaison suivante donne un autre exemple de changement en lettres majuscules :
Le mal s’était accumulé pendant des siècles et seule la puissance imposante de l’Esprit Saint, la Troisième Personne de la Divinité, pouvait le restreindre, venant avec une énergie non modifiée, mais dans la plénitude de la puissance divine. (Testimonies for Ministers and Gospel Workers, p. 392)
Le mal s’était accumulé pendant des siècles et seule la puissance imposante de l’Esprit Saint, la troisième personne de la Divinité, pouvait le restreindre, venant avec une énergie non modifiée, mais dans la plénitude de la puissance divine. (Testimonies for Ministers and Gospel Workers, Série A, no. 10, p. 25)
Dans Testimonies to Ministers and Gospel Workers, la note de bas de page dit ceci : « Les articles de cette section proviennent de Special Testimonies to Ministers and Workers (Série A, nos. 9-11, 1897-1898). Cet article est tiré du no. 10, p. 25-33. » Chaque fois que la phrase « troisième personne de la Divinité » d’Ellen White fut publiée de son vivant, l’expression « troisième personne » était toujours écrite avec des lettres minuscules ! Depuis sa mort, elle a été réimprimée au moins six fois avec des lettres majuscules. [9]
Il y a une référence à la « troisième personne » qui fut correctement rééditée avec des lettres minuscules. Elle se trouve dans The Seventh-day Adventist Bible Commentary, vol. 6, p. 1052, 1053. Cette citation se réfère à l’Esprit divin comme à « cette puissance sanctifiante, qui convertit et illumine ».
Christ décida que lorsqu’il s’élèverait de cette terre, il répandrait un don à ceux qui avaient cru en lui, ainsi qu’à ceux qui croiraient en lui. Quel don suffisamment riche pouvait-il bien répandre, afin de marquer et d’honorer son ascension au trône de médiateur ? Il devait être digne de sa grandeur et de sa royauté. Il détermina d’offrir son représentant, la troisième personne de la Divinité. Ce don ne pouvait être plus grand. Il allait donner tous les dons en un seul, et c’est pourquoi sa donation serait l’Esprit divin, cette puissance sanctifiante, qui convertit et illumine. (Source d’origine : Southern Watchman, 28 novembre 1905)
Les éditeurs modifient des citations
Depuis sa mort, certaines citations d’Ellen White ont été modifiées suite à des révisions. Ces révisions ont abouti à une signification différente de celle qui fut originellement écrite par le prophète. Le texte suivant est tiré d’une lettre écrite au Pasteur S. N. Haskell, datée du 30 mai 1896. Cette référence de 1888 Materials a directement été altérée par la suppression du terme « it [10] » [ça, ce, que, quoi – impersonnel] pour l’Esprit, et son remplacement par « Him » et « He » [lui, il – personnel].
L’Esprit nous est gratuitement donné de Dieu, si nous l’apprécions et l’acceptons [l’=it]. Et qu’est ce que c’est ? Le représentant de Jésus-Christ. Il [it] doit être notre aide permanente. C’est par l’Esprit que le Christ accomplit sa promesse, « Je ne te délaisserai point, je ne t’abandonnerai point. » « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi a la vie éternelle. » (La cloche sonne pour le culte matinal, je dois m’arrêter là). (The 1888 Materials, p. 1538) |
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L’Esprit nous est gratuitement donné de Dieu, si nous l’apprécions et l’acceptons [l’=He]. Et qu’est ce qu’Il est ? Le représentant de Jésus-Christ. Il [He] doit être notre aide permanente. C’est par l’Esprit que le Christ accomplit sa promesse, « Je ne te délaisserai point, je ne t’abandonnerai point. » « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi a la vie éternelle. » (Jean 6 : 47) (La cloche sonne pour le culte matinal, je dois m’arrêter là). (Lettre 38, 1896, p. 1-4 ; Manuscript Releases, vol. 11, p. 35 ; Lettre à S.N. Haskell, 30 mai 1896) |
La lettre à Haskell avait d’origine au moins quatorze références à l’Esprit par le pronom « it ». En voici d’avantage :
Les membres d’église doivent connaître par expérience ce que l’Esprit Saint fera pour eux. Il [it] bénira celui qui le reçoit, et fera de lui une bénédiction. Il est triste que chaque âme ne prie pas pour le souffle vital de l’Esprit, car nous sommes prêts à mourir s’il [it] ne souffle pas sur nous.
Il nous faut prier pour le don de l’Esprit comme remède pour l’âme malade du péché. L’église doit être convertie, et pourquoi ne devrions-nous pas nous prosterner devant le trône de la grâce, comme les représentants de l’église, et d’un cœur brisé, d’un esprit contrit, faire des supplications ferventes afin que l’Esprit Saint soit déversé sur nous d’en haut ? Prions, pour que lorsqu’il [it] sera gracieusement accordé, nos cœurs glacés reprennent vie, et que nous puissions avoir le discernement de comprendre qu’il [it] vient de Dieu, et le [it] recevoir avec joie. Certain ont traité l’Esprit comme un invité importun, refusant de recevoir le don précieux, refusant de le [it] reconnaître, s’en [it] détournant, et le [it] condamnant comme fanatisme. Lorsque l’Esprit Saint œuvre dans l’agent humain, il [it] ne nous demande pas de quelle façon il [it] doit opérer. Il [it] agit souvent de façon imprévue. Christ n’est pas venu comme l’ont prévu les Juifs. Il n’est pas venu de manière à les glorifier en tant que nation. Ses précurseurs vinrent lui préparer la voie en invitant les gens à se repentir, à se convertir, et à être baptisés. Le message du Christ était : « Le Royaume de Dieu est proche ; repentez-vous et croyez à l’évangile ». Les Juifs refusèrent d’accepter Christ, parce qu’il ne vint pas selon leurs attentes. (Idem, p. 1540)
Il n’y a aucune excuse, ou raison valable pour altérer ainsi l’œuvre de Sœur White. Si nous voulons publier une paraphrase, il nous faut la présenter ainsi. Les Ecritures ne soutiennent en aucun cas de tels changements. Alors que certains hommes, responsables dans le domaine de l’édition, travaillent peut-être d’un cœur honnête, cherchant à présenter les écrits aussi clairement que possible, il est clair que ces choses ouvrent l’esprit à l’idée d’une conspiration pour altérer la théologie du peuple de Dieu.
On peut trouver un autre exemple de changement de pronom, en comparant la citation suivante initialement publiée dans The Signs of thé Times [11], le 27 septembre 1899, puis republiée dans Ye Shall Receive Power [12], en 1995 :
Signs of the Times, 27 septembre 1899 « Le Seigneur voudrait que chacun de Ses enfants soit riche en foi, et cette foi est le fruit de l’œuvre de l’Esprit Saint sur la pensée. Il [it] demeure avec chaque âme qui le [it] reçoit, parlant à l’impénitent avec des paroles de mise en garde, et attirant son attention sur Jésus, l’Agneau de Dieu, qui ôte les péchés du monde. Il [it] fait briller de la lumière dans les esprits de ceux qui cherchent à coopérer avec Dieu, leur donnant de l’efficacité et de la sagesse pour faire son œuvre. » |
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Ye Shall Receive Power p. 59 « Le Seigneur voudrait que chacun de Ses enfants soit riche en foi, et cette foi est le fruit de l’œuvre de l’Esprit Saint sur la pensée. Il [He] demeure avec chaque âme qui le [Him] reçoit, parlant à l’impénitent avec des paroles de mise en garde, et attirant son attention sur Jésus, l’Agneau de Dieu, qui ôte les péchés du monde. Il [He] fait briller de la lumière dans les esprits de ceux qui cherchent à coopérer avec Dieu, leur donnant de l’efficacité et de la sagesse pour faire son œuvre. » |
Clarification d’autres citations d’Ellen White :
Les deux citations suivantes traitent de l’Esprit Saint en sa qualité de personne. La première de ces citations a été publiée dans Evangéliser :
Nous devons prendre conscience que l’Esprit Saint, qui est une personne tout comme Dieu lui-même, se trouve dans ces lieux. (Manuscrit 66, 1899 ; Evangéliser, p. 551)
Cette citation est extraite d’un message donné à l’Ecole d’Avondale, le 15 avril 1899. Ce message n’a jamais été publié du vivant d’Ellen White. C’est en 1946, alors que Evangéliser fut publié, qu’on en publia pour la première fois une partie. Une autre partie fut publiée en 1990 dans Manuscript Releases, vol. 7, p. 299, puis davantage encore fut publié dans Sermons and Talks, vol. 2, p. 136-139. Le message entier n’a toujours pas été publié, mais nous savons grâce à Sermons and Talks que la citation ci-dessus n’est pas la phrase entière. Ce qu’ Ellen White voulait mettre au clair se voit dans le contexte de la citation entière :
Nous avons été réunis en tant qu’école, et nous devons prendre conscience que l’Esprit Saint, qui est une personne tout comme Dieu lui-même, se trouve dans ces lieux, invisible des yeux humains ; que le Seigneur Dieu est notre Gardien et notre Aide. Il entend chacune de nos paroles et connaît chaque pensée de l’esprit. (Sermons and Talks, vol. 2, p. 136, 137)
Ellen White mit les choses au clair, elle n’enseignait pas que l’Esprit Saint n’était qu’une simple force impersonnelle, mais la personne du « Seigneur Dieu » qui était constamment avec eux, regardant et entendant tout ce qui se passe. Si elle essayait d’enseigner la doctrine de la Trinité, elle a échoué, parce que l’école n’a pas accepté la doctrine de la Trinité, et le grand « poids de l’évidence » de ses écrits penche clairement du côté non trinitaire.
Une autre citation controversée se trouve dans Evangéliser, p. 551, 552 :
L’Esprit Saint possède une personnalité ; sinon, il ne pourrait pas rendre témoignage à et avec notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Il est aussi de toute évidence une personne divine ; autrement, il n’aurait pas la faculté de pénétrer les secrets cachés dans la pensée de Dieu. « Lequel des hommes, en effet, connaît les choses de l’homme, si ce n’est l’esprit de l’homme qui est en lui ? De même, personne ne connaît les choses de Dieu, si ce n’est l’Esprit de Dieu.
La clé pour comprendre cette citation se trouve dans la citation que fait Sœur White de 1 Corinthiens 2 : 11. Ce texte dit essentiellement que seul l’homme connaît son esprit, et seul Dieu connaît son Esprit. En d’autres termes, l’homme est à l’esprit de l’homme, ce que Dieu est à l’Esprit de Dieu. Aucune personne ayant une connaissance correcte de l’esprit de l’homme ne dirait que son esprit est une partie, ou une entité distincte de lui. Nous utilisons l’expression « esprit de Satan », mais nous ne disons jamais que c’est un autre démon à côté de Lucifer, qui est séparé et distinct de lui, faisant une œuvre maléfique. Ellen White écrivit au sujet du mouvement de la Chair Sainte [13] dans l’Indiana, au début du 20ème siècle :
J’ai donné mon Témoignage, déclarant que ces mouvements fanatiques, ce tapage et ce bruit, étaient inspirés par l’esprit de Satan, qui opérait des miracles pour tromper, si possible, les élus mêmes. (Lettre 132, à Frère et Sœur S.N. Haskell, 10 Octobre 1900)
Dans Early Writings, page 56, Ellen White parle de Satan, qui souffla son esprit comme une « influence malsaine » sur ceux qui faillirent à s’élever avec Jésus alors qu’il alla dans le Lieu Très-Saint. Dans ces emplois du mot esprit pour l’homme ou pour Satan, nous ne penserions jamais à l’esprit comme étant une entité séparée de l’individu. Pourtant, à cause de l’enseignement de la Doctrine de la Trinité, la plupart sont formés à voir quelqu’un d’autre que le Père dans l’Esprit de Dieu. Si nous comprenions simplement l’identité de l’Esprit de Dieu dans un contexte semblable à la façon dont nous comprenons l’identité de l’homme et celle de l’esprit de l’homme, la plupart des problèmes seraient rapidement résolus. Mon esprit est mon moi intérieur, qui je suis, et non un autre individu en plus de moi.
La citation suivante concerne l’emploi de l’expression « les trois puissances suprêmes qui sont dans le ciel » :
Nous devons collaborer avec les trois puissances suprêmes qui sont dans le ciel : le Père, le Fils et l’Esprit Saint ; ces puissances travailleront par notre intermédiaire, faisant de nous des collaborateurs de Dieu. (Evangéliser, p. 552)
Cette citation, tout comme celle du « trio céleste », est tirée de la page 51 de Special Testimonies, Série B, no. 7) Tout l’arrière plan est le même, elle parle de la ‘crise Kellogg’ et encourage ses lecteurs à rester fidèles aux vérités qui ont été tenues durant les cinquante dernières années. En rapport avec cette citation d’Ellen White, il est très intéressant de relever une déclaration faite par Uriah Smith quatorze années plus tôt, lors de la Session de la Conférence Générale de 1891. Après avoir partagé plusieurs versets au sujet de l’Esprit Saint étant l’Esprit de Dieu et l’Esprit de Christ, il releva :
Vous remarquerez que dans ces quelques versets, l’apôtre attire l’attention sur les trois grands agents qui sont concernés dans cette œuvres : Dieu, le Père ; Christ, son Fils ; et l’Esprit Saint. (General Conference Daily Bulletin [14], 14 mars 1891, volume 4, p. 147)
Cette citation est remarquable, car elle nous montre que les pionniers comprenaient l’expression « trois grands agents » dans un sens qui est en harmonie avec l’enseignement que l’Esprit Saint n’est pas un troisième être séparé, mais plutôt l’Esprit du Père et de son Fils.
Une citation fréquemment utilisée pour calmer des discussions malvenues au sujet de l’Esprit Saint se trouve dans Conquérants Pacifiques :
La nature du Saint-Esprit est un mystère. Les hommes ne peuvent l’expliquer, parce que le Seigneur ne le leur a pas révélé. D’aucuns, aux vues fantaisistes, peuvent rapprocher des passages de l’Ecriture et les interpréter à la manière humaine, mais l’acceptation de ces vues ne fortifiera pas l’Eglise. A l’égard de tels mystères, qui demeurent trop profonds pour l’entendement humain, le silence est d’or. (Conquérants Pacifiques, p. 47)
Il est important de connaître ce que dit cette citation, ainsi que ce qu’elle ne dit pas. Ellen White dit clairement que la nature de l’Esprit Saint est un mystère. Cela est vrai. Personne n’est capable de définir la nature de son propre esprit, sans même parler Celui de Dieu ; cependant, cette citation ne dit pas que nous ne pouvons pas connaître l’identité de l’Esprit Saint. La base de cette citation de Conquérants Pacifiques, est une lettre écrite à un Frère Chapman en 1891. Ellen White écrivit au Frère Chapman au sujet de sa croyance que l’Esprit Saint était l’ange Gabriel. Elle écrivit partiellement :
Vos idées quant aux deux sujets que vous avez mentionnés ne s’harmonisent pas avec la lumière que Dieu m’a donnée. La nature de l’Esprit Saint est un mystère qui n’est pas clairement révélé, et vous ne serez jamais capables de l’expliquer aux autres, parce que le Seigneur ne vous l’a pas révélé. Vous pouvez rassembler des textes bibliques, et les interpréter à votre gré, mais l’application que vous en faites n’est pas correcte. …
Il n’est pas essentiel pour vous de connaître, et de pouvoir définir exactement ce qu’est l’Esprit Saint. Christ nous dit que l’Esprit Saint est le Consolateur, et le Consolateur est le Saint-Esprit, « l’Esprit de vérité, que le Père enverra en Mon nom. » « Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu’il demeure éternellement avec vous, l’Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit point et ne le connaît point ; mais vous, vous le connaissez, car il demeure avec vous, et il sera en vous. [Jean 14 : 16, 17] Ceci se réfère à l’omniprésence de l’Esprit du Christ, appelé le Consolateur…
Il y a de nombreux mystères que je ne cherche pas à comprendre ou à expliquer ; ils sont trop élevés pour moi, et trop élevés pour vous. Pour certains de ces sujets, le silence est d’or…
J’espère que vous chercherez à être en harmonie avec le reste du corps.
Il vous faut vous mettre en harmonie avec vos frères. (Manuscript Releases vol. 14, p. 175-180)
Sœur White encourageait le Frère Chapman à se mettre en accord avec ce que les frères enseignaient en 1891, enseignement clairement non-trinitaire.
Nous avons vu que les citations d’Ellen White supposées être au front pour soutenir la doctrine de la Trinité ne font que la combattre.
Une étude des écrits d’Ellen White permettant au ‘poids de l’évidence’ de jouer son juste rôle permettra à l’étudiant honnête de connaître la vérité « comme un tout, une chaîne parfaite », tout comme c’est le cas pour l’étude des Ecritures. Une étude subséquente aidera à résoudre certaines des inconsistances apparentes entre ces citations, qui semblent enseigner des concepts différents.
[1] Guide de l’Etude Biblique. retour
[2] Voir p. 281 pour voir une photocopie du manuscrit. Appendice p. 352 propose un transcrit du manuscrit ligne par ligne. retour
[3] Le Temple Vivant. retour
[4] Ap. 2 : 24, 25. retour
[5] Idem note 2. retour
[6] CD-ROM des écrits publiés d’Ellen White. retour
[7] N.T : C’est quoi ? C’est ça. Il ne fonctionne plus. Dans ce cas, il se traduit par it en anglais, c’est un pronom impersonnel.
C’est qui ? C’est lui. Il en est responsable. Dans ce cas, il se traduit par he en anglais, c’est un pronom personnel.
En français, le pronom personnel he et le pronom impersonnel it se traduisent tous deux par il. retour
[8] Voir p. 351 pour une copie de l’édition de 1898. retour
[9] Voir The Desire of Ages, p. 671, éd. 1940 ; God’s Amazing Grace, p. 194 ; Lift Him Up, p. 191 ; Testimonies to Ministers and Gospel Workers, p. 392 ; Manuscript Releases, vol. 2, p. 34 ; Manuscript Releases, vol. 4, p. 329. retour
[10] N.T. : En français le même mot « il » pouvant tour à tour être pronom impersonnel [it] et pronom personnel [he], on peut se faire une idée de ce que l’auteur veut relever en remplaçant les « il [it] » par les pronoms démonstratifs ce ou ça. retour
[11] Signes des Temps. retour
[12] Vous recevrez une puissance. retour
[13] Holy Flesh Movement. retour
[14] Bulletin quotidien de la Conférence Générale. retour