9. Ellen G. White et la Doctrine de Dieu
Ellen G. White et la Doctrine de Dieu
Le chapitre précédent a fournit des documents montrant que les dirigeants du mouvement Adventiste étaient tous anti-trinitaires. Nous avons spécifiquement cité : Joseph Bates, James White, J.H. Waggoner, R.F. Cottrell, J.N. Loughborough, J.N. Stephenson, Uriah Smith et A.T. Jones. D’autres personnes méritent d’être mentionnées pour leur importance dans l’Adventisme des débuts. On peut citer : J.N. Andrews, B.L. Whitney, E.J. Waggoner de 1888, Washington Morse, D. M. Canright, James Matteson, A.C. Bourdeau, J.B. Frisbie, S.B. Whitney, A.J. Dennis, M.C. Wilcox, et James Edson White (fils d’Ellen White). [1] Dans un journal de recherches, Russell Holt fit la déclaration suivante au sujet des premiers Adventistes : « il rejetèrent la trinité comme un seul homme, et pourtant, ils défendirent la divinité du Christ avec la même unanimité. » (‘La Doctrine de la Trinité dans l’organisation de Eglise Adventiste : Son rejet et son acceptation’, p. 6) Nous conclûmes le chapitre précédent en relevant que la doctrine de la Trinité est l’enseignement fondamental de l’Eglise Catholique Romaine.
La compréhension des pionniers Adventistes présente un net contraste avec la position courante acceptée par l’église, telle qu’elle est exprimée dans les croyances fondamentales : « Il y a un seul Dieu : le Père, le Fils et le Saint-Esprit, unité de trois personnes coéternelles. » (Croyance Fondamentale #2) Dans un numéro spécial de Adventist Review, consacré aux vingt-sept croyances fondamentales, (actuellement vingt-huit), nous trouvons l’affirmation suivante concernant la doctrine de la Trinité :
Bien qu’il n’y ait pas un seul passage scripturaire affirmant formellement la doctrine de la Trinité, elle est supposée être un fait par les écrivains Bibliques, et mentionnée à plusieurs reprises.
Ce n’est que par la foi que nous pouvons accepter l’existence de la Trinité. (Adventist Review, vol. 158, no. 31, p. 4 ; sans date, mais publié en juillet 1981).
Ces paroles présentent un contraste frappant avec la ferme assurance qu’avaient les premiers Adventistes quant à leur méthodologie. Ecrivant au sujet des premiers travailleurs, le Pasteur S.N. Haskell remarqua :
Lorsqu’en 1844, la date s’écoula, personne ne croyait en la vérité comme nous l’avons maintenant. Tous croyaient aux prophéties qui nous avaient conduits à cette époque. C’est alors que commença l’étude la plus assidue des Ecritures, probablement depuis les jours des apôtres. Ils reprirent maintes et maintes fois les vieux arguments qui concernaient les prophéties conduisant à 1844, puis après l’examen le plus minutieux, ils ne purent envisager aucune solution, si ce n’est d’accepter que les périodes prophétiques se terminaient à ce moment. Alors qu’ils étudiaient, ils commencèrent à voir un maillon de la vérité après l’autre ; et alors que ces vérités se dévoilaient aux pionniers – je me réfère à des hommes tels que les pasteurs James White, J.N. Andrews, Uriah Smith, et J.H. Waggoner, - ils ne s’avisaient pas à présenter cette vérité aux gens avant d’en avoir fait un sujet de prière particulier, et d’avoir obtenu le sceau de l’esprit de prophétie. [2] (Stephen Haskell, The Review and Herald, 27 octobre 1904)
Alors que, depuis l’époque des pionniers, l’église organisée a altérée ses vues au sujet de l’incarnation et de l’expiation, la doctrine de Dieu a subi des changements encore plus grands. Ces changements ont rendu nos doctrines plus attrayantes pour les Evangéliques. La vérité est que Satan lui-même est derrière ces changements, car il sait très bien que Dieu a fondé ce mouvement dans la vérité, et il désire le détruire de toutes les façons possibles.
En 1896, Sœur White écrivit : « Si ceux qui prétendent avoir une expérience vivante dans les choses de Dieu avaient accompli leur tâche comme le Seigneur l’avait ordonné, le monde entier aurait été averti, et le Seigneur Jésus serait venu avec puissance et une grande gloire. » (The Review and Herald, 6 octobre 1896) Si le Seigneur avait pu revenir avant 1896, alors la logique nous dit que la foi et les doctrines crues avant 1896 étaient la vérité. Cette vérité devait être donnée au monde dans ce que nous appelons « le grand cri ». Comme nous étions devenus tièdes et infidèles dans la proclamation de la vérité, Dieu appela deux hommes – les pasteurs Jones et Waggoner, – pour conduire l’église dans un réveil. Leur vue concernant Dieu et Christ ne différait pas de celle de leurs frères. Sœur White appela cela « un message des plus précieux » (Testimonies to Ministers and Gospel Workers, [3] p. 91), et déclara qu’il était « le message du troisième ange en vérité ». (The Review and Herald, 1 avril 1890) Ce « message des plus précieux » n’incluait pas la doctrine de la Trinité ! Une juste compréhension de Dieu est vitale pour notre salut, et pour notre capacité à servir Dieu comme il le demande. C’est l’Evangile, purement et simplement ! Le peuple de Dieu doit le comprendre clairement afin de pouvoir donner le grand cri.
Comme notre Sauveur, nous sommes ici-bas pour servir Dieu, refléter son caractère et le faire connaître au monde par une vie de service. Mais si nous voulons collaborer avec lui afin de lui devenir semblable, et de révéler son caractère, il faut que nous le connaissions tel qu’il est. Nous devons le connaître comme il s’est révélé.
La connaissance de Dieu est la base de toute véritable éducation. Elle est indispensable à tous ceux qui travaillent au relèvement de leurs semblables. C’est par elle que nous sommes préservés de la tentation, et que notre caractère devient conforme à celui du Très-Haut.
La transformation du caractère, la pureté de la vie, l’efficacité du service, la fidélité aux principes rationnels, tout cela dépend d’une juste conception de Dieu. Cette connaissance constitue la préparation essentielle à cette vie, et à la vie à venir. (Le ministère de la guérison, p. 347)
Au début de sa prière sacerdotale, Jésus dit : « Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. » (Jean 17 : 3) Les Ecritures affirment également : « Le commencement de la sagesse, c’est la crainte de l’Eternel ; et la science des saints, c’est l’intelligence. » (Proverbes 9 : 10)
En dehors de l’Adventisme, on ne connaît personne qui ait autant étudié et sondé les écrits d’Ellen G. White que feu Walter Martin. Durant les conférences Adventistes du Septième Jour/Evangéliques de 1955-1956, Martin demanda et obtint un libre accès aux archives du White Estate, ainsi qu’à tout autre document sur demande. Martin attesta qu’il avait lu « en long et en large dans les publications de l’Eglise Adventiste du 7ème Jour, et presque tous les écrit de Ellen G. White, sans omettre les témoignages. » (Eternity, octobre 1956) Lors d’une conversation téléphonique enregistrée, le Dr. Barnhouse affirma à Al Hudson que : « Froom et les autres [Roy A. Anderson, et d’autres dirigeants d’église] disent que Walter Martin en connaît plus sur les Adventistes du 7ème Jour qu’aucun professeur à Takoma Park. » [4] Après ses investigations approfondies, Martin parvint à la conclusion qu’Ellen White avait d’abord été de foi Arienne, mais qu’elle devint Trinitaire par la suite. [5] Ni Froom, ni Anderson n’ont jamais répudié cette accusation.
Y avait-il un double langage, comme le prétend Martin ? Sœur White était-elle inconsistante ? Y a-t-il un problème dans l’interprétation de ses écrits, tel que le problème d’interprétation qui existe entre les Calvinistes et les Arminianistes, au sujet de certains passages de la Bible ? Le restant de ce chapitre, ainsi que le chapitre 19, répondront à ces questions.
Il y a deux croyances du Trinitarisme qui sont généralement présentées pour défendre la doctrine. La première est que Jésus-Christ est co-égal et co-éternel à Dieu en tous points. La relation de Père-Fils ne doit pas être prise littéralement, mais dans un sens figuré ou spirituel. Même ainsi, Christ ne doit pas être considéré le Fils de Dieu jusqu’à son incarnation à Bethléhem. La deuxième croyance est que l’Esprit Saint est un troisième être distinct, co-égal et co-éternel, existant avec Dieu et Christ. La doctrine de la Trinité fut formellement énoncée lors des conciles de Nicée (325 ap. J-C) et de Constantinople (381 ap. J-C) Comme nous l’avons relevé plus tôt : « Le mystère de la Trinité est la doctrine centrale de la foi Catholique, sur laquelle se fondent toutes les autres doctrines de l’Eglise. » (Handbook for Today’s Catholic, p. 16) Ellen White écrivit :
L’Eglise romaine monte silencieusement vers le pouvoir. Ses doctrines font leur chemin dans les assemblées législatives, dans les églises et dans les cœurs. (La tragédie des siècles, p. 630)
Sœur White approuvait-elle les conciles qui établirent la foi Catholique ? [6] Nous allons commencer par examiner certaines des citations plus anciennes d’Ellen White, afin de savoir si l’évaluation de Martin quant à ces premiers écrits était correcte. L’une des déclarations représentatives de ce que Walter aurait évalué comme l’expression de la vue non-Trinitaire dans les écrits de Sœur White se trouve dans Patriarchs and Prophets :
Le Souverain de l’univers n’était pas seul dans l’accomplissement de son œuvre de bienfaisance. Il avait un associé – un collaborateur capable d’apprécier ses dessins et de partager la joie qu’il trouve dans le bonheur de ses créatures. « Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. » Jean 1 : 1, 2. Christ, la Parole, le seul engendré de Dieu, [7] était un avec le Père éternel – un par sa nature, par son caractère, par ses desseins – le seul être qui pouvait entrer dans tous les conseils de Dieu, et partager tous ses desseins. « On l’appellera le Conseiller admirable, le Dieu fort, le Père d’éternité, le Prince de la Paix. ». Esaïe 9 : 6 « Celui dont l’origine remonte aux temps anciens, aux jours éternels. » Michée 5 : 2 Et le Fils de Dieu déclare à Son sujet : « Moi, la Sagesse,… L’Eternel m’avait auprès de lui quand il commença son œuvre, avant même ses créations les plus anciennes. J’ai été formé dès l’éternité, dès le commencement, dès l’origine de la terre… Quand il posait les fondements de la terre, j’étais auprès de lui, son ouvrière. J’étais ses délices tous les jours, et sans cesse je me réjouissais en sa présence. » (Proverbes 8 : 22-30) (Patriarchs and Prophets, p. 34 ; publié en 1890)
Une lecture attentive de ce paragraphe révèle plusieurs points importants, qui ne devraient pas être négligés. Premièrement, Sœur White donne le nom de « Souverain de l’univers » au Père. Elle n’affirme pas que Christ est le Souverain avec Lui. Cependant, elle dit belle et bien que le Souverain avait « un associé – un collaborateur, » au singulier. Elle déclare que cet « associé » est Christ, « le seul être qui pouvait entrer dans tous les conseils de Dieu, et partager tous ses desseins. » [8]
Les implications quant à l’Esprit Saint en temps qu’ « être » ne sont pas difficiles à concevoir. D’autant plus qu’elle cite Proverbes 8 : 22-30, en attribuant ce texte à Jésus-Christ. Comme pour la plupart des commentaires, The Seventh-day Adventist Bible Commentary [9] reconnaît que ces versets s’appliquent au Christ, mais les auteurs affirment qu’ils ne s’appliquent que dans un sens « allégorique » (vol. 3, p. 972). L’auteur de Patriarchs and Prophets décrit des événements réels, pas des allégories ! Le chapitre entier nous dit que Jésus-Christ est le Fils littéral de Dieu, « investi » de pouvoir et d’autorité par son Père. Plus loin, elle écrit :
Contester la suprématie du Fils de Dieu, et blâmer ainsi la sagesse et l’amour du Créateur, telle fut dès lors la détermination de ce prince des armées célestes. En vue du succès de ce dessein, il [Satan] résolut d’utiliser toute l’énergie d’une intelligence surpuissante qui, après Christ, était la première parmi les armées de Dieu. [10] (Patriarchs and Prophets, p. 36)
Le Roi du l’univers réunit les armées célestes pour leur faire connaître la vraie position de son Fils et le caractère de ses relations avec tous les êtres créés. Le Fils de Dieu partageait le trône du Père, et la gloire de celui qui est éternel, et existe de lui-même, entourait lesdeux. [11] Autour du trône se rassembla, par « myriades de myriades et milliers de milliers », (Apocalypse 5 : 11) la foule innombrable des saints anges, placés dans l’ordre de leur rang, à la fois ministres et sujets, mais tous nimbés de la gloire dont rayonne le trône de la Divinité. Devant cette multitude, le Roi déclara que personne, si ce n’est Christ, le Seul Engendré de Dieu, n’était admis à entrer pleinement dans ses conseils, et que c’est à lui qu’était confiée l’exécution des desseins grandioses de sa volonté. Le Fils de Dieu avait accompli la volonté du Père en créant toutes les armées du ciel ; et c’est à lui, comme à Dieu, qu’appartenaient leur allégeance et leurs hommages. Christ allait d’ailleurs encore exercer la puissance divine en créant la terre et ses habitants. Mais dans tout cela, il ne chercherait jamais de puissance ou d’exaltation pour lui-même, contrairement à la volonté de Dieu, mais exalterait la gloire de son Père et exécuterait ses plans de bienveillance et d’amour. (Idem)
Lors de ce concile, le Père déclare la vraie position de son Fils, en tant que Créateur de toutes choses. « Personne, si ce n’est Christ, le Seul Engendré de Dieu », ne pouvait entrer dans tous ses conseils et ses desseins. Le trône était partagé avec le Fils, « et la gloire de celui qui est éternel, et existe de lui-même, entourait les deux. Il est ici question de deux.
Les théologiens ont étudié le statut de Fils du Christ sous différents angles. D’après la perspective Trinitaire, Christ n’est pas un fils littéral, mais seulement un fils spirituel, et cela n’a pas eu lieu avant l’incarnation. La relation de Père-Fils se base sur un jeu de rôles. Une deuxième perspective dit que Christ n’était qu’un simple homme sans préexistence, et que Dieu l’a « adopté » comme son Fils. Une troisième approche est celle qu’enseignent les Témoins de Jéhovah : Christ est le Fils littéral de Dieu, créé par Dieu comme le furent les anges, mais avant la création des autres créatures. Une quatrième perspective est celle qu’enseignait sœur White : Christ est littéralement le Fils engendré de Dieu.
Le pécheur n’a qu’une seule solution pour s’en sortir. Il n’existe qu’une seule voie par laquelle il puisse être purifié du péché. Il doit accepter la propitiation qui a été faite par l’Agneau de Dieu, qui ôte les péchés du monde. Le sang que Christ a répandu nous purifie de tout péché. « Celui qui n’a point connu le péché, il l’a fait devenir péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu. » [12] « Dieu l’a élevé par sa droite comme Prince et Sauveur, pour donner à Israël la repentance et le pardon des péchés. » [13] Une offrande complète a été faite ; car « Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son seul Fils engendré, » [14] – pas un fils par création, comme l’étaient les anges, ni un fils par adoption, comme l’est le pécheur pardonné, mais un Fils engendré selon l’empreinte de la personne du Père, et dans tout l’éclat de sa majesté et de sa gloire, un [être] égal à Dieu en autorité, en dignité, et en perfection divine. En lui habitait corporellement toute la plénitude de la Divinité. (Signs of the Times, 30 mai, 1895)
Il est clair que pour elle, Christ n’était pas créé comme les anges, ni adopté. Elle comprenait Jésus comme le Fils engendré de Dieu. Comme a-t-il été engendré ? Ni elle, ni la Bible ne l’expliquent ; pourtant, la déclaration suivante, venant de sa part, ne manque pas d’intérêt :
Le Père Eternel, celui qui ne peut changer, donna son seul Fils engendré, et arracha de son sein celui qui était fait selon l’empreinte de sa personne, et l’envoya dans les régions inférieures de la terre pour montrer combien son amour pour l’humanité était grand. (The Review and Herald, 9 juillet 1895)
Dans l’article du Signs of the Times du 30 mai 1895, Sœur White affirma que Christ était « un [être] égal à Dieu en autorité, en dignité, et en perfection divine. » Dans ses écrits, elle reconnaît à plusieurs reprises, tout comme les pionniers, que Christ est égal au Père. Pourtant, elle affirme que cette égalité avait été donnée, ou conférée au Christ par le Père, et n’était pas une égalité que Christ avait naturellement.
Remarquez les affirmations suivantes :
Les Ecritures indiquent clairement la relation qui existe entre Dieu et le Christ, et donnent une idée également très nette de la personnalité et de l’individualité de chacun d’eux.
« Après avoir autrefois, à plusieurs reprises et de plusieurs manières, parlé à nos pères par les prophètes, Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses, par lequel il a aussi créé le monde, et qui, étant le reflet de sa gloire et l’empreinte de sa personne, et soutenant toutes choses par sa parole puissante, a fait la purification des péchés et s’est assis à la droite de la Majesté Divine dans les lieux très hauts, devenu d’autant supérieur aux anges qu’il a hérité d’un nom plus excellent que le leur. Car auquel des anges Dieu a-t-il jamais dit : Tu es mon Fils, Je t’ai engendré aujourd’hui ? Et encore : Je serai pour lui un Père, et il sera pour moi un Fils ? » (Hébreux 1 : 1-5)
Dieu est le Père du Christ ; le Christ est le Fils de Dieu. Au Christ a été donnée une position élevée. Il a été fait l’égal du Père. Tous les conseils de Dieu sont ouverts à son Fils. (Témoignages pour l’Eglise, vol. 8, p. 318)
Le grand Créateur réunit les armées célestes, afin de pouvoir conférer des honneurs particuliers à son Fils en présence de tous les anges. Le Fils était assis avec le Père sur le trône, et les armées célestes, constituées de saints anges, étaient assemblées autour d’eux. Le Père fit alors savoir qu’il avait lui-même ordonné que Christ, son Fils, devait lui être égal ; afin que la présence de son Fils soit considérée comme Sa présence même. La parole du Fils devait être obéie avec autant de spontanéité que sa propre parole. Il avait investi son Fils d’autorité, afin qu’il commande les armées célestes. Son Fils allait tout spécialement travailler en union avec lui dans la création anticipée de la terre et de tout être vivant qui allait exister sur la terre. Son Fils allait mettre sa volonté et ses plans à exécution, mais n’allait rien faire de sa propre initiative uniquement. La volonté de son Père allait être accomplie en lui. (The Spirit of Prophecy, vol. 1, p. 17, 18)
Lucifer quitte le poste qu’il occupe en la présence immédiate de Dieu, et s’en va propager son esprit de mécontentement parmi les anges… L’élévation du Fils à l’égal du Père est donc une injustice à l’égard de Lucifer qui a les mêmes droits à être révéré et honoré. (Patriarches et Prophètes, p. 13-14)
Pour que Christ soit à même d’être élevé à l’égal du Père, il dû y avoir un moment où il ne lui était pas en tout point égal. Cette exaltation n’aurait pas pu être possible si Christ avait été un être co-éternel et co-égal au Père en toutes choses. Pourtant, si Christ était le Fils littéral de Dieu, le Père pouvait alors aussi l’élever. Le cd-rom d’Ellen G. White montre qu’elle n’a absolument jamais appelé Christ un « fils créé » ou un « fils adopté ». Bien que de nombreux théologiens insistent pour dire que Christ fut uniquement le Fils de par son rôle, Ellen G. White ne fait pas même la moindre allusion à une telle possibilité. Les écrits d’Ellen G. White parlent de Christ comme le « Fils engendré » de Dieu dans un sens très littéral.
L’ampleur de ce sujet est énorme, et nous prions pour que le lecteur veuille bien considérer le conseil de Proverbes 18 : 13 : « Celui qui répond avant d’avoir écouté fait un acte de folie et s’attire la confusion. » Deuxièmement, nous allons consciencieusement considérer d’autres citations qui semblent présenter la position Trinitaire. Nous n’acceptons pas la position de Walter Martin, et croyons qu’une étude sérieuse prouvera l’erreur de Martin, et non de Sœur White. Nous demandons au lecteur de garder un esprit ouvert et un désir sincère d’obtenir les directives de l’Esprit Saint.
L’histoire révèle que les premiers Adventistes étaient non-Trinitaires. Il est intéressant de remarquer qu’aucun de nos pionniers n’a jamais questionné Sœur White, ou exprimé une différence d’opinion quant à la doctrine de Dieu. Elle non plus, n’a jamais remis leurs vues en question. Les croyances qu’elle exprima dans ses premiers écrits correspondaient clairement à leurs pensées.
Afin que la tentation n’offre aucune excuse à la famille humaine, Christ devint un avec eux. Le seul être qui était un avec Dieu vécut la loi dans l’humanité, descendit dans l’humble vie d’un simple ouvrier, et travailla à l’établi de charpentier avec ses parents terrestres. (The Signs of the Times, 14 octobre 1897)
Insistons une fois de plus : Christ doit être adoré à l’égal de Dieu ; cependant, cette égalité qu’il possède lui a été donnée, ou conférée par le Père. « Notre grand Exemple a été élevé à l’égal de Dieu. » (Testimonies for the Church, vol. 2, p. 426) [15]
La hiérarchie du Ciel
Dans Patriarchs and Prophets, Sœur White appelle le Père « le Souverain de l’Univers » [16] (p. 34) et « le Roi de l’Univers » (p. 36) [17] A chaque fois qu’il est question de l’élévation du Christ à l’égal de Dieu, c’est le Père qui l’ordonne. Tout comme dans les Ecritures, les écrits de Sœur White nous décrivent le Fils accomplissant la volonté du Père. Le Père est suprême.
Christ est notre exemple. Il était après Dieu dans les cours célestes. Mais il vint sur cette terre pour vivre parmi les hommes. (Notebook Leaflets from the Elmshaven Library [18], vol. 1, p. 114, 115 ; Lettre 48, 1902)
Dans l’ordre du ciel, Sœur White place Christ après Dieu. C’était le désir de Satan de prendre la place de Christ et de devenir comme le Père.
Le Seigneur m’a montré que Satan avait une fois été un ange honoré dans le ciel, après Jésus-Christ. …Et je vis que lorsque Dieu dit à son Fils, faisons l’homme à notre image, Satan était jaloux de Jésus. Il aurait voulu être consulté au sujet de la réalisation de l’homme. Il était rempli d’envie, de jalousie et de haine. Il voulait être le plus grand dans le ciel, après Dieu, et recevoir les plus grands honneurs. (Spiritual Gifts, vol. 1, p. 17)
D’après elle, quelle était la position de Satan ?
Dans la controverse entre Christ et Satan, le caractère de Dieu était maintenant entièrement justifié d’avoir banni du Ciel l’ange déchu, qui avait une fois été élevé après Christ. (The Spirit of Prophecy, vol. 3, p. 184)
Il [Satan] était après Christ par le caractère et par le rang. (The Review and Herald, 22 octobre 1895)
Quarante jours et quarante nuits Jésus fut sujet aux tentations de l’ennemi – de celui qui avait une fois été un ange, après Christ en majesté et en gloire dans les cours célestes. Il est écrit, Ton cœur s’est élevé à cause de ta beauté, etc. Mais il voulait avoir la place de Christ, et Christ était un avec le Dieu infini ; et comme cela ne lui fut pas accordé, il devint jaloux, et fut l’auteur du péché. (Manuscript Releases, vol. 16, p. 180 ; MS 57, 1890)
Ces citations révèlent que la place de Satan dans le ciel avait été après Christ, qui était après Dieu. Au sujet de Satan, Sœur White écrivit :
Infatué de son éclat et de sa prééminence, il aspirait à être égal à Dieu. Il était aimé et vénéré de l’armée céleste, les anges étaient ravis d’exécuter ses ordres, et il les surpassait tous en sagesse et en gloire. Pourtant, le Fils de Dieu était plus élevé que lui, et partageait seul avec le Père la puissance et l’autorité suprêmes. Il entrait dans les conseils du Père, alors que Lucifer n’avait pas cette prérogative. « Pourquoi, » se demandait cet ange puissant, « est-ce au Fils qu’est dévolue la suprématie ? Pourquoi est-il plus honoré que Lucifer ? » (Patriarchs and Prophets, p. 37) [19]
Alors que le grand conflit entre Christ et Satan se livre aujourd’hui sur cette terre entre leurs disciples respectifs, il est clair que la guerre débuta au ciel. « Le mal est l’œuvre de Lucifer, qui se rebella contre le gouvernement de Dieu. Avant sa chute, il était un chérubin protecteur, distingué par son excellence. Dieu le créa bon et beau, aussi proche de Lui que possible. » (The Review and Herald, 24 septembre 1901) [20] Dieu avait mis toute son habileté créatrice dans Satan, qui crut que sa position aurait dû être égale à celle du Christ, et digne d’adoration. Mais cela ne devait pas être ainsi. « Que l’exemple le plus éclatant que le monde n’ait jamais connu soit votre exemple, plutôt que les hommes les plus grands et les plus instruits de cette époque, qui ne connaissent pas Dieu, ni Jésus-Christ qu’il a envoyé. Le Père et le Fils seuls doivent être exaltés. » (Ellen White, The Youth’s Instructor, 7 juillet 1898) [21] Cette citation ne compte que deux êtres divins devant être exaltés et adorés, et non pas trois.
La mort du Christ
Tout comme nous l’avons relevé dans le dernier chapitre, l’un des aspects de la doctrine de la Trinité est le manque d’un sacrifice divin dont la mort est totale. La doctrine de la Trinité enseigne « que le Fils de Dieu avait trois natures distinctes en même temps ; soit, un corps humain et une âme humaine, unies avec sa nature Divine : le corps étant mortel, l’âme étant immortelle, et la Divinité co-égale, co-existante, et co-éternelle avec le Père éternel. Eh bien, pas un seul des avocats de cette théorie n’affirme que son âme ou sa Divinité mourut. [Pour eux], seul le corps de cet être triple mourut « la mort de la croix » ; c’est pourquoi, d’après cette vue (qui présente la mort du Christ comme le grand sacrifice expiatoire pour les péchés du monde), nous n’avons que le sacrifice de la partie inférieure du Fils de Dieu – son corps humain. » (J.M. Stephenson, The Review and Herald, 21 novembre 1854)
Les premiers Adventistes du Septième Jour voyaient dans le sujet de l’expiation le cœur des messages des trois anges. Ils croyaient que Jésus mourut en totalité. Leur compréhension de l’engendrement du Christ, de paire avec une compréhension de la mortalité de l’âme et de l’état des morts les avait conduits à croire que l’affirmation biblique « Christ mourut pour nos péchés » signifiait qu’il mourut corps, âme et esprit. En fait, Ellen White écrivit que Satan, l’auteur de tous les mensonges, était l’auteur de la croyance selon laquelle Jésus ne pouvait pas mourir !
Lorsque Jésus révéla à ses disciples le fait qu’il devait aller à Jérusalem pour y souffrir et mourir entre les mains des principaux prêtres et des scribes, Pierre contredit présomptueusement son Maître, disant, « A Dieu ne plaise, Seigneur ! Cela ne t’arrivera pas. » [22] Il ne pouvait pas concevoir la possibilité que le Fils de Dieu soit mis à mort. Satan suggéra à son esprit que si Jésus était le Fils de Dieu, il ne pouvait pas mourir. (The Spirit of Prophecy, vol. 3, p. 231)
C’est là que des questions se posent ! Celui qui était divin pouvait-il seulement mourir ? Jésus, le Fils de Dieu, n’était-il pas immortel ? Comment pouvait-il mourir ?
Au moment où l’on avait le plus besoin de Lui, Jésus, le Fils de Dieu, le Rédempteur du monde, déposa Sa divinité, et vint sur la terre dans un vêtement d’humanité. (The Bible Echo and Signs of the Times, 12 octobre 1896)
En plus de cela, les concepts suivants reviennent à plusieurs reprises dans les écrits de Sœur White :
La race humaine était vouée à la mort, mais le Fils de Dieu revêtit sa divinité d’humanité, et vint dans ce monde pour y vivre et mourir en notre faveur. (The Review and Herald, 1 juin 1905)
Comment peut-on accorder ces idées ? Une citation dit que la divinité était « déposée », et l’autre dit que la divinité fut « revêtue… d’humanité ». Les Ecritures enseignent que Jésus déposa ses attributs divins, mentaux et physiques, à l’incarnation. [23] Ayant fait cela, que pouvait-il encore revêtir d’humanité ? Le témoignage suivant est une clé pour comprendre le mystère.
« Le Diable, l’ayant élevé, lui montra en un instant tous les royaumes de la terre, et lui dit : Je te donnerai toute cette puissance, et la gloire de ces royaumes ; car elle m’a été donnée, et je la donne à qui je veux. Si donc tu te prosternes devant moi, elle sera toute à toi. » [24] Il présenta le monde au Christ, tel un spectacle enchanteur des plus éblouissants. Mais Christ vit ce que Satan essayait de lui cacher, ce qu’il se félicitait d’avoir fait. Le Christ n’avait pas échangé sa divinité contre l’humanité ; mais il avait revêtu sa divinité d’humanité, et il donna à Satan la preuve de ce qu’il avait demandé, - il lui montra qu’il était le Fils de Dieu. La divinité éclata au travers de l’humanité, et le méchant ne pu pas résister à la voix divine, alors que Jésus dit : « Retire-toi de moi, Satan ! car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras lui seul. [25] » (The Review and Herald, 29 octobre 1895)
Alors que Christ déposa ses attributs divins, mentaux et physiques, lors de l’incarnation, il était encore le divin Fils de Dieu, investi d’autorité de par qui il était ! Il était encore toujours le Fils du Dieu Vivant. Dans toute son humanité, il ne délaissa jamais l’autorité divine qui lui avait été donnée du Père. Cela explique pourquoi la tentation de Satan dans le désert ne consistait pas à transformer des pierres en pain, mais à leur « ordonner » de devenir du pain.
« Originelle, non empruntée, non dérivée [26] »
Malgré l’enseignement Trinitaire de l’église Méthodiste dont elle est issue, Ellen White n’utilisa jamais les termes « Trinité », ou « Dieu Trin » dans ses écrits. Durant les cinquante premières années du ministère de Sœur White, les frères ne trouvèrent rien dans ses enseignements pour les faire renoncer à leur théologie anti-trinitaire. Un moment important arriva en 1898, lors de la publication de The Desire of Ages. On y trouva la citation suivante à la page 531 :
En Christ réside la vie, une vie originelle, non empruntée, non dérivée. « Celui qui a le Fils a la vie. » 1 Jean 5 : 12. La divinité du christ donne au croyant l’assurance de la vie éternelle. (The Desire of Ages, p. 530)
L’importance de cette déclaration est relevée par le pasteur M.L. Andreasen, qui écrivit : « Cette affirmation fut révolutionnaire à cette époque, et m’obligea à entièrement réviser ma position précédente – et celle de l’Eglise entière – quant à la divinité du Christ. » (Without Fear or Favor, p. 76) Alors qu’elle parlait de la divinité du Christ, que voulait dire Ellen White en qualifiant la vie du Christ de « originelle, non empruntée, non dérivée ? » Défendait-elle à présent une position Trinitaire ? D’après la règle selon laquelle «les témoignages eux-mêmes serviront de clé pour expliquer les messages, » (Messages Choisis, vol. 1, p. 47 ; Lettre 73, 1903), nous nous intéressons à un article qui fut publié une année avant la publication de The Desire of Ages. Cet article fut publié dans The Signs of the Times, et fut intitulé « Christ, celui qui donne la vie ». Nous trouvons dans cet article une clarification de la façon dont Sœur White comprenait ce concept.
En lui « était la vie, et la vie était la lumière des hommes. » (Jean 1 : 4) Il n’est pas question ici de la vie physique, mais de l’immortalité, la vie appartenant exclusivement à Dieu. La Parole, qui était avec Dieu, et qui était Dieu, possède cette vie. La vie physique est prêtée à chaque individu. Elle n’est pas éternelle, ou immortelle ; car Dieu, qui la donne, la reprend. L’homme n’est pas le maître de sa vie. Mais la vie de Christ n’est pas empruntée. Personne ne peut la lui ôter. « Je la donne de moi-même » (Jean 10 : 18), a-t-il dit. Il possédait une vie originelle, non empruntée, non dérivée. Cette vie n’est pas inhérente à l’homme. Celui-ci ne peut l’obtenir que par Christ. Il ne peut la gagner ; elle lui est accordée comme un don gratuit pourvu qu’il accepte le Christ comme son Sauveur personnel. (The Signs of the Times, 8 avril 1897). (Voir aussi Messages Choisis, vol. 1, p. 348, 349) [27]
Ce texte est extrêmement important ! Alors qu’elle affirme que la vie du Christ était « originelle, non empruntée, non dérivée, » elle affirme également que « cette vie n’est pas inhérente à l’homme. » Pour le moment, il n’y a rien d’exceptionnel. Les deux phrases suivantes nous ouvrent une perspective entièrement nouvelle : « Celui-ci [l’homme] ne peut l’obtenir [la vie originelle, non empruntée, non dérivée] que par Christ. Il [l’homme] ne peut la gagner [la vie originelle, non empruntée, non dérivée] ; elle lui [l’homme] est accordée comme un don gratuit pourvu qu’il accepte le Christ comme son Sauveur personnel. »
D’après ce que Sœur White écrivit une année avant que The Desire of Ages fût publié, la même qualité de vie que celle dont disposait Christ était offerte à l’homme. Si Christ pouvait accorder cette vie à l’homme comme un don gratuit, il pouvait aussi avoir reçu cette même vie de son Père. Le Christ possédait la vie originelle, non empruntée et non dérivée de son Père, et il peut l’accorder à l’homme. C’est là ce que voulait dire Jésus par ses paroles, « Car, comme le Père a la vie en lui-même, ainsi il a donné au Fils d’avoir la vie en lui-même. » (Jean 5 : 26)
La source originale
Les bibliothèques de Sœur White contenaient plus de 1000 volumes. Ces volumes étaient classés en deux groupes principaux : « Une section comprenait sa bibliothèque personnelle, dans sa ‘librairie privée’, l’autre était la bibliothèque de son bureau, où ses assistants littéraires travaillaient. » (A Bibliography of Ellen G. White’s Private and Office Librairies [28] ; compilée par Warren H. Jones, Tim Poirier, et Ron Graybill, p. i) L’un des livres enregistrés comme faisant partie de sa librairie privée est Sabbath Evening Reading on the New Testament, [29] par John Cummings. Nous trouvons l’affirmation suivante à la page 5 : « ’En lui était la vie’, – c’est-à-dire originelle, non empruntée, non dérivée. » (Sabbath Evening Reading on the New Testament, p. 1856)
Ce n’est pas une coïncidence si cette citation et la référence de The Desire of Ages sont presque mot pour mot identique. Les recherches révèlent que Sœur White utilisa le langage du livre de Cummings, car il se trouve qu’elle cite ses mots, et d’autres, ici et à au moins deux autres endroits. Ces passages ont été publiés au moins treize fois. [30] Dans une lettre du 1er novembre 1905, elle écrivit au directeur de l’un de nos sanatoriums :
En lui est la vie originelle, – non empruntée, non dérivée. En nous se trouve un ruisselet de la fontaine de la vie. En Lui est la fontaine de la vie. Notre vie est quelque chose que nous recevons, quelque chose que le Donateur reprend de nouveau. (Special Testimonies, série B, no. 19, p. 23)
La citation parallèle de Cummings s’exprime ainsi :
« En lui était la vie, » – originelle, non empruntée, non dérivée. En nous se trouve un ruisselet de la Fontaine de la Vie ; en lui était la Fontaine de la Vie. Notre vie est quelque chose que nous recevons, quelque chose que le Donateur reprend de nouveau. (Cummings, idem)
Mis à part pour un mot, ces citations sont mot pour mot identiques. Nous ne nous occupons pas ici de discuter de l’importance des emprunts littéraires de Sœur White, et des problèmes qui en résultent. [31] Les frères ont largement accepté que de tels emprunts ont eu lieu, et le livre de Cummings étant dans la bibliothèque privée de Sœur White, il est raisonnable de croire qu’elle décida de s’en servir sous inspiration divine, et non sous l’influence de l’un de ses assistants littéraires.
L’affirmation de Cummings devrait être considérée sous deux angles. Examinons d’abord le contexte. « Il [l’apôtre Jean] commence d’emblée à affirmer la Divinité du Christ comme Dieu et Seigneur de tous. » (Sabbath Evening Reading on the New Testament, p. 5) Bien qu’il défende la Divinité de Jésus-Christ, Cummings n’établit absolument aucun rapport entre la Divinité et une Trinité, ou un Dieu Trin. Cela se rapproche des pensées des pionniers Adventistes de nos débuts et de Sœur White qui écrivait incontestablement au sujet de la Divinité du Christ, sans pour autant parler d’une Trinité, ou Dieu Trin.
Deuxièmement, examinons le contenu de l’affirmation faite par Cummings. Il dit du Christ qu’il est la « Fontaine de la vie ». Il dit de nous que nous sommes un « ruisselet ». Un ruisselet est défini comme un « petit ruisseau ». (Dictionnaire Webster) [32] Un ruisselet ne véhicule pas une grande quantité d’eau, et n’est pas non plus la source de cette eau. Cependant, il véhicule la même qualité d’eau que celle qui sort de la source ! Ellen White s’exprima ainsi au sujet de la vie que nous recevons de la Fontaine :
Il possédait une vie originelle, non empruntée, non dérivée. Cette vie n’est pas inhérente à l’homme. Celui-ci ne peut l’obtenir que par Christ. Il ne peut la gagner ; elle lui est accordée comme un don gratuit pourvu qu’il accepte le Christ comme son Sauveur personnel. (The Signs of the Times, 8 avril 1897).
Sœur White affirme ici que l’homme peut avoir la vie « originelle, non empruntée, non dérivée », mais qu’il ne peut que la recevoir en cadeau de la part de Christ. Christ peut accorder la même qualité de vie que la sienne, parce qu’il l’a reçue de son Père afin de la donner. « Car, comme le Père a la vie en lui-même, ainsi il a donné au Fils d’avoir la vie en lui-même. » (Jean 5 : 26) Jésus l’a reçue, parce qu’il est le seul Fils engendré de Dieu.
Le « poids de l’évidence » révèle clairement que Sœur White croyait que Jésus était littéralement le Fils de Dieu. [33] La question se pose : Qu’en est-il des affirmations de Sœur White au sujet de la nature éternelle du Christ ? Si Jésus était éternel, ne serait-il donc pas impossible pour lui d’être le Fils engendré de Dieu avant Bethléhem ? Considérons d’abord une citation typique :
Le monde a été fait par la Parole, « et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle ». (Jean 1 : 3) Pour pouvoir faire toutes choses, le Christ a dû exister avant toutes choses. Ce qui est dit à ce sujet est d’une clarté qui ne laisse subsister aucun doute. Le Christ était Dieu essentiellement, dans le sens le plus élevé du terme. Il était Dieu de toute éternité, Dieu suprême, éternellement béni.
Le Seigneur Jésus-Christ, le divin Fils de Dieu, a existé depuis l’éternité en tant que personne distincte, et cependant une avec le Père. (The Signs of the Times, 26 avril 1899) (Voir également The Review and Herald, 5 avril 1899, et Selected Messages, vol. 1, p. 247)
Cette affirmation semble très claire pour la plupart des gens. Les passages bibliques suivants semblent aussi très clairs :
Et la fumée de leurs tourments monte aux siècles des siècles. (Apocalypse 14 : 11)
Et le diable, qui les séduisait, fut jeté dans l’étang de feu et de soufre, où sont la bête et le faux prophète. Et ils seront tourmentés jour et nuit, aux siècles des siècles. (Apocalypse 20 : 10)
Les étudiants Adventistes de la Bible ont conclu que ces textes veulent dire ce qu’ils disent ; ils n’enseignent pourtant pas ce que la plupart des personnes, dont la lecture est superficielle, pensent qu’ils disent. Il en va de même avec certaines des citations de Sœur White. Ses écrits doivent être accordés avec les concepts bibliques. Lorsqu’elle écrivit « éternité », nous n’avons aucune raison de penser qu’elle pensait autre chose. Mais que dit la Bible de « aux siècles des siècles » ? Cela ne veut il pas dire éternité, au sens usuel du terme ? Oui et non. Les Ecritures doivent être comparées aux Ecritures pour trouver la signification Biblique de passages qui seraient autrement interprétés selon la sagesse humaine, et non selon la sagesse divine. Si les différentes affirmations que Sœur White écrivit au sujet de Jésus-Christ, de sa nature éternelle, et de son engendrement sont vraies, elles doivent pouvoir s’accorder. Nous ne pouvons pas utiliser six ou sept citations qui semblent enseigner une doctrine de la Trinité, et ignorer les centaines de références qui parlent différemment !
L’élément de 1888
L’élément de 1888 nous aide à clarifier les choses. Sœur White écrivit que Dieu envoya un « message des plus précieux » par l’intermédiaire des Pasteurs Jones et Waggoner. Quelle en était la compréhension de la nature du Christ, et de sa relation avec le Père ? E.J. Waggoner écrivit :
La Parole était « au commencement ». L’esprit ne peut saisir les âges qui sont embrassés dans cette phrase. Il n’est pas donné à l’homme de savoir quand ou comment le Fils fut engendré ; mais nous savons qu’il était la Parole Divine, pas seulement avant d’être venu sur cette terre pour y mourir, mais dès avant la création du monde. Juste avant sa crucifixion, il pria, « Et maintenant toi, Père, glorifie-moi de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde fût. » Jean 17 : 5. Et plus de sept cents ans avant sa première venue, cette venue fut annoncée ainsi par les paroles de l’inspiration : « Et toi, Bethléhem, Ephrata, petite entre les milliers de Juda, de toi sortira pour moi celui qui dominera sur Israël, et dont les issues sont dès les temps anciens, dès les jours de l’éternité. » (Michée 5 : 1) Nous savons que Christ [a dit] « c’est de Dieu que je suis sorti et que je viens, » (Jean 8 : 42), mais c’était si loin dans les âges éternels que l’esprit de l’homme ne peut le saisir. (Christ and His Righteousness, [34] p. 9, 10)
Waggoner cite Michée 5 : 2, et l’interprète en disant que Christ reçut la vie « si loin dans les âges éternels que l’esprit de l’homme ne peut le saisir. » Le mot Hébreux traduit par « éternité, » ou « éternel, » est עולם (owlam). Owlam est définit comme « Point de fuite ; de façon générale, une durée de temps insaisissable (passée ou future) ; (pratiquement) éternité. » (Strong’s #5769) Ce mot est utilisé dans des passages tels que 1 Samuel 1 : 22, où nous lisons que Samuel allait être « présenter à l’Eternel et reste(r) là pour toujours ». Les mots « pour toujours » viennent du mot owlam, et les Adventistes ont été rapides à signaler que cela ne se réfère qu’à la durée de sa vie. On trouve une autre utilisation de owlam dans Jonas 2 : 7, où Jonas décrit son expérience dans le poisson : « Je suis descendu jusqu’aux racines des montagnes, les barres de la terre m’enfermaient pour toujours [owlam]; mais tu m’as fait remonter vivant de la fosse, Eternel, mon Dieu ! » Ce n’était là qu’une période de trois jours. Owlam est aussi traduit « éternité » dans proverbes 8 : 23, un texte que Sœur White applique au Christ. Les utilisations de owlam varient, et ne doivent pas violer le poids de l’évidence d’autres textes bibliques.
Andreasen et le temps
Il y a quelques années, un conflit s’est livré dans mon esprit suite à la lecture de ce que Waggoner avait écrit. Je savais que sœur White avait recommandé son œuvre. J’avais aussi lu les affirmations de Sœur White sur la filialité du Christ comme ceux que nous avons relevés, mais je ne pouvais pas encore comprendre comment elles pouvaient entièrement et totalement s’accorder avec ses citations sur la nature éternelle du Christ. C’est alors qu’un jour, je lus le livre de M.L Andreasen, The Sabbath, et tout s’éclaircit, comme si on avait allumé la lumière. Andreasen écrivit :
Nous pouvons comprendre comment Dieu peut bénir des êtres humains. Nous pouvons même comprendre comment Il peut bénir des animaux, et leur donner leur tâche à accomplir dans le plan de Dieu ; mais comment peut-il bénir un jour, une division du temps, ni animée, ni inanimée, ni vivante, ni morte, une chose sans substance, un concept plus qu’une réalité ; le temps qui défie la définition, bien que toute l’humanité soit consciente de son existence et de sa réalité ? Comment le temps peut-il être béni afin d’être une bénédiction pour l’homme ?
La réponse est que le temps n’a en lui-même aucune vertu, ni aucune puissance pour être en bénédiction à quelqu’un, ou lui venir en aide. Le temps est aussi impersonnel que l’espace, et pareillement inconcevable. On peut remarquer une différence entre les deux : l’espace s’étend dans toutes les directions, alors que l’on compare le temps à une route à sens unique, ne permettant la circulation que dans un sens. L’homme n’a aucun pouvoir sur le temps, il ne peut ni l’accélérer, ni le faire ralentir. Qu’il le veuille ou non, il est transporté avec lui, et malgré toutes ses protestations, il est aujourd’hui plus âgé d’un jour que hier. Il ne peut inverser le processus, peu importe combien il aimerait pouvoir le faire. Le temps lui est supérieur, et il obéit à ses mandats.
Il en est qui croient que Dieu n’a pas créé le temps, mais que d’une façon où d’une autre, il le trouva déjà existant. Mais cela ne peut pas être. Le temps et l’espace ne sont pas des entités séparées, opérant d’elles-mêmes, indépendamment de Dieu. Si cela était vrai, elles serait égales à Dieu, ou bien même Ses supérieurs ; car ce qui est existe indépendamment de Dieu, ou avant lui, doit au moins lui être égal ; et ce qui n’a pas été créé par Dieu existe de soi-même, et est Dieu. Le Chrétien croit que « toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle, » (Jean 1 : 3) et que le temps et l’espace ont été créés par Dieu aussi bien que toutes ses autres œuvres.
Bien que les deux concepts du temps et de l’espace sont au-delà de la compréhension humaine, chacun aide à la compréhension de l’autre. Par exemple, notre conception de l’espace nous aide à mieux comprendre le temps, et la façon dont Dieu peut le bénir. (The Sabbath, p. 54, 55)
Sans le concept du temps, le concept d’éternité ne peut pas exister. Comme l’a relevé Andreasen, si toutes choses ont été faites par Jésus-Christ, Jésus créa alors aussi le temps. Par manque de mots plus appropriés, et parlant, comme le dit Paul, « à la manière des hommes », il y eut une période de l’histoire avant l’existence du temps ou de l’éternité. Etant donné que Christ est l’auteur du temps, il doit aussi être l’auteur de l’éternité, telle que nous la connaissons. C’est pourquoi Christ, le Fils de Dieu, a été engendré avant l’existence du temps ou de l’espace, puisque c’est lui qui amené ces choses à l’existence. Avec cette compréhension, nous pouvons saisir comment Jésus « était avec Dieu de toute éternité », et comment il est aussi le fils littéral de Dieu, né avant Bethléhem.
Si Ellen G. White ne croyait pas en la doctrine de la Trinité, comment pouvons-nous comprendre des citations telles que « Il y a trois personnes vivantes dans la triade céleste » ? (Evangéliser, p. 550) Ce sera le sujet du chapitre suivant.
[1] Pour en savoir plus, voyez Did They Believe in the Trinity ? (Croyaient-ils en la Trinité ?) de Smyrna Gospel Ministries. N.T. : Ce livre n’est pas traduit en français, mais son équivalant La voix vivante des Témoins du Seigneur, est disponible. retour
[2] Il devrait être relever que tous les hommes mentionnés par Haskell étaient anti-Trinitaires. retour
[3] Témoignages pour les pasteurs et les ouvriers de l’Evangile. retour
[4] Voir The Seventh-day Adventist Evangelical Conferences of 1955-1956, publiées par la fondation Adventist Laymen, PO Box 69, Ozone, AR 72854. retour
[5] Tiré d’une présentation par Walter Martin et Ken Samples au campus de Hill Church, Loma Linda, CA, le 26.01.1989. Voir p. 331 pour lire l’affirmation de Martin. retour
[6] Voir le livre de A.T. Jones, The Two Republics (Les deux républiques), le chapitre 14, « L’établissement de la foi Catholique » (p. 329, 396), pour un compte rendu historique du Concile de Nicée, et le chapitre 16, « La foi Catholique réinstaurée », pour un compte rendu historique du Concile de Constantinople. Ces chapitres incluent également les credo déclarés lors des conciles respectifs. retour
[7] N.T. : Lorsque Ellen White parle du « seul Fils engendré de Dieu », du « seul engendré de Dieu », ou du « seul engendré du Père », les traductions françaises remplacent le groupe nominal « seul engendré » par « unique ». Il en est de même pour les textes bibliques tels que Jean 1 : 14 ou Jean 3 : 16. retour
[8] Cela correspond à ce qui fut écrit dans l’édition de The Great Controversy (La Grande Controverse) : « Christ, le seul engendré de Dieu, était un avec le Père éternel, - un par sa nature, par son caractère, par ses desseins, - le seul être dans tout l’univers qui pouvait entrer dans tous les conseils, et partager tous les desseins de Dieu. » (p. 493) retour
[9] Commentaire Biblique des Adventistes du Septième Jour. retour
[10] N.T. : Dans Patriarches et Prophètes, ce passage est manquant. retour
[11] N.T. : Dans Patriarches et Prophètes, ce passage est traduit : « Sur un même trône étaient assis le Père et le Fils ; une même auréole de gloire les entourait ». A qui appartient le trône ? La gloire de qui entoure les deux ? Quelles sont ses caractéristiques ? retour
[12] 2 Corinthiens 5 : 21. retour
[13] Actes 5 : 31. retour
[14] Jean 3 : 16 – N.T. : En grec, monogenes = mono+genes = seul/unique + engendré/enfanté. Le terme engendré, bien qu’absent des traductions françaises, se trouve dans la King James Bible qu’utilisait Ellen G. White : « For God so loved the world, that he gave His only begotten Son... » retour
[15] Alors que nous poursuivons cette étude, il serait bon de noter qu’une clé importante pour bien comprendre les témoignages se trouve dans les témoignages eux-mêmes. « Les témoignages eux-mêmes serviront de clé pour expliquer les messages, tout comme un passage de l’Ecriture se trouve expliqué par un autre. » (Messages Choisis, vol. 1, p. 47 ; Lettre 73, 1903) Ainsi, pour bien comprendre les témoignages, il nous faut les comparer avec d’autres témoignages, tout comme nous comparons les Ecritures avec les Ecritures. retour
[16] N.T. : Dans Patriarches et Prophètes, le terme Souverain a été remplacé par Maître : Voir p. 10. retour
[17] N.T. : Page douze dans Patriarches et Prophètes. retour
[18] Documents de la librairie de Elmshaven. Lettre 48. retour
[19] Voir Patriarches et Prophètes, p. 83. retour
[20] Voir également The Seventh-day Adventist Bible Commentary, vol. 4, p. 1163. retour
[21] L’éducateur des jeunes. N.T. : Il s’agit d’une revue contemporaine d’Ellen G. White, dans laquelle elle écrivit de nombreux articles à l’intention de la jeunesse. retour
[22] Mt 16 : 22. retour
[23] Voir Luc 2 : 52, Marc 13 : 32, Apocalypse 1 : 1, Jean 5 : 19, et Jean 14 : 10. Voir aussi le chapitre 14 pour une étude détaillée du sujet considéré. retour
[24] Luc 4 : 5-7. retour
[25] Luc 4 : 8. retour
[26] N.T. : The Desire of Ages a été traduit en français sous le titre Jésus-Christ. A la page 526, « original, unborrowed, underived, » a été traduit par « originelle, non empruntée, qu’il ne tient de personne ». Le terme underived veut dire non dérivée. Qu’il ne tient de personne est une interprétation, et non une traduction du texte anglais. retour
[27] N.T. : Dans Messages Choisis, la traduction est fidèle au texte anglais : underived est bien traduit non dérivée. retour
[28] Une bibliographie des bibliothèques privées et des bibliothèques du bureau de Ellen G. White. retour
[29] Lectures sur le Nouveau Testament pour le Sabbat soir. retour
[30] Ces références (les références sources en gras) sont les suivantes : ST, 8 avril 1897 réimprimé dans ST, 13 février 1912 ; 5 BC, p. 1130 ; 1 SM, p. 296-300 ; et Maranatha, p. 302 ; DA, p. 530 réimprimé dans Ev. P. 616 ; 7A BC, p. 438 ; LHU, p. 17 ; et FLB, p. 47, 187 ; Lettre #309, 1905 publiée partiellement dans Special Testimonies, Série B, no. 19, p. 23 ; RH, 6 août 1914 ; et MM, p. 7. (Textes anglais) retour
[31] Parfois appelés « parallèles littéraires » (A Bibliography of Ellen G. White’s Private and Office Librairies, p. iii) Dans la bibliographie se trouve un appendice spécial de livres absents des bibliothèques de Sœur White, mais listés parce que « Cette liste inclut des livres qui ne se trouvent sur aucune des autres listes, mais que Sœur White a très bien pu utiliser étant donné qu’elle les a mentionnés dans ses lettres et ses manuscrits, ou bien dû à l’évidence de parallèles littéraires. » (Idem) retour
[32] N.T. Idem pour le Petit Larousse. retour
[33] En ce qui concerne le poids de l’évidence, Sœur White a écrit : « Il [Dieu] demande à Son peuple une foi qui repose sur le poids de l’évidence, et non sur une connaissance parfaite. » (Testimonies for the Church, vol. 3, p. 258) « Ceux qui désirent douter en auront largement l’occasion. Dieu ne se propose pas d’éliminer tout ce qui pourrait nous faire douter. Il donne des preuves qui doivent être examinées avec soins, d’un esprit humble et ouvert, et tous devraient se décider d’après le poids de l’évidence. (Testimonies for the Church, vol. 3, p. 255) retour
[34] Christ et sa justice. retour