La perle du vieux pêcheur
La perle du vieux pêcheur
par Samuel Grandjean (tous droits réservés)
Avec l’aimable autorisation de l’auteur.
— Que c’est beau ! quelle splendeur !
— Et dire que bientôt nous ne verrons plus l’océan. Ah ! qu’il est dur de partir, après les belles années passées ici !
Sur cette côte africaine, le coucher du soleil est chaque fois une merveille. Dans le ciel embrasé, on dirait une boule de feu qui lentement, à l’horizon, s’enfonce dans l’océan.
Près de leur case plantée sous les palmiers, le missionnaire et sa femme se sont assis pour contempler, une fois encore, ce spectacle grandiose.
— C’est vrai que nous allons laisser ici beaucoup d’Africains devenus nos amis, mais les gens de la brousse ont aussi le droit de connaître l’Evangile. Il faut que nous allions vers eux ! Et là-bas, Dieu nous réserve certainement d’autres joies. Mais tu sais, c’est surtout pour le père Joé que je regrette de quitter ces lieux !
— Le père Joé ?
— Oui, le vieux pêcheur de perles. Plusieurs fois j’ai essayé de lui parler de Dieu, mais il n’a jamais voulu écouter. Comment saura-t-il tout ce que le Seigneur Jésus a fait pour lui ?
— Tiens, regarde ! le soleil a disparu. Il fera bientôt nuit.
— Allons ! Il faut que je finisse de nettoyer les fûts qui nous serviront de bagages !
Plus le jour du grand départ approche, plus il y a du mouvement autour de la case des missionnaires. C’est quand un ami nous quitte qu’on sait vraiment combien on lui est attaché.
Plusieurs Africains viennent prendre congé de leur cher frère blanc et de sa femme. Tous se sentent tellement redevables à ce couple qui leur a fait connaître la Bible, les a enseignés avec tant d’amour, leur apportant la bonne nouvelle du Sauveur.
Certains indigènes arrivent avec toute la famille, et souvent aussi avec un cadeau pour leurs grands amis.
Un matin, à pas lents, un vieil Africain se dirige vers la case des Blancs…
— Comment ? se dit le missionnaire en l’apercevant, il vient aussi, lui qui n’a jamais rien voulu savoir ?
— Ecoute ! explique bientôt le vieux pêcheur de perles, j’ai voulu te dire au revoir. Tu as été très bon pour toute la tribu, très très bon ! Alors… il faut que tu aies aussi un souvenir du père Joé !
En disant cela, le vieillard tire de sa poche une petite boîte en carton. Un instant, il la regarde comme s’il s’agissait d’un objet de valeur, puis il la met résolument dans la main du missionnaire étonné. Le serviteur de Dieu est touché bien plus par la visite du Père Joé que par ce petit cadeau. De son cœur monte vers Dieu une prière silencieuse :
— Seigneur ! c’est sûrement ma dernière occasion de lui parler de toi. C’est peut-être sa dernière chance d’apprendre combien tu l’aimes. Oh ! emploie ce contact inattendu pour que le père Joé comprenne !
— Tu n’ouvres pas la boîte ? demande le vieux pêcheur, impatient de voir l’effet que fera son cadeau.
— Si, si… je me demande ce qu’elle peut bien contenir. Voyons…
Délicatement, le missionnaire soulève le couvercle. Mais, surprise ! il ne voit qu’un vulgaire chiffon.
— Quelle drôle d’idée ! pensa-t-il, heureusement sans rien dire.
— Non, c’est dedans, c’est dedans ! interrompt le père Joé, mais… va doucement !
Averti, le missionnaire fait très attention. Que découvre-t-il bientôt ? Une splendide perle !
— Oh ! quelle merveille ! s’exclame-t-il.
— Tu sais, explique le vieil Africain, moi, j’ai souvent plongé pour chercher des huîtres. J’ai trouvé beaucoup de perles. Maintenant, je ne peux plus, je suis trop âgé !
— Et c’est toi qui as pêché l’huître qui contenait cette magnifique perle ?
— Ah, non ! cette perle, ce n’est pas moi. Pourtant je l’ai toujours gardée précieusement. J’y tenais beaucoup, tu sais, mais je veux te la donner.
— Et pourquoi tenais-tu spécialement à cette perle, père Joé ?
— … A cause… à cause de mon fils !
— Comment ? Je ne comprends pas !
— Oh ! c’est une longue histoire.
— Alors viens t’asseoir dans la case, père Joé, et raconte, veux-tu ?
Les deux hommes sont entrés. Ils sont bien mieux, à l’ombre, et plus tranquilles, dedans.
— Avant que tu viennes chez nous, raconte le vieux pêcheur, j’avais un fils. Il savait plonger aussi bien que moi Il était fort pour trouver les huîtres au fond de la mer. Nous partions ensemble, dans notre petite barque, toujours les deux.
Et voilà : un jour, mon fils a plongé. C’était profond, très profond. Quand il est remonté, il m’a dit : « Il faut que je redescende, je ne suis pas arrivé tout en bas ! » Après un nouvel essai, il est revenu en surface, mais il n’avait pas encore réussi. Il a repris son souffle, puis il m’a dit : « Il faut que j’y arrive. J’ai vu une grosse huître. Je la veux, je l’aurai ! » Alors il a plongé une troisième fois. Moi, j’attendais dans la barque. La mer était toute calme, ce jour-là. A la surface de l’eau, je voyais monter des petites bulles : l’air qui s’était échappé des poumons du plongeur. C’était la preuve que tout allait bien. Mais tout à coup… plus rien ! Mon fils était descendu trop bas. Son corps n’avait pas pu résister à la pression de l’eau !
Combien de temps j’ai attendu ? Je ne peux pas le dire. Dans des moments pareils, une minute paraît plus longue qu’une heure. Enfin, il est remonté à la surface. Seulement, j’ai tout de suite compris : c’était fini. Mais la main crispée de mon fils tenait l’huître. Et l’huître contenait la perle que je t’apporte !
Dans la case, le père Joé s’est tu. L’histoire est finie.
Le missionnaire, aussi ému que le vieil Africain, pose affectueusement la main sur l’épaule du père Joé.
— Merci, merci, mon ami ! Je la conserverai précieusement, cette perle. Je te le promets. Jamais je n’oublierai son histoire. Elle me fait penser à un autre fils. Il s’appelait Jésus. Un jour, il a quitté son Père dans la gloire du ciel pour descendre jusqu’au niveau des hommes. Il est venu parmi eux pour leur permettre un jour de monter jusqu’à Dieu. Il savait d’avance que ça lui coûterait la vie. Et c’est bien ce qui est arrivé Il avait accepté de faire tout cela pour nous, parce qu’il nous aimait. Mais je suis heureux de pouvoir te dire que Jésus a repris vie. Il est retourné au ciel où il attend tous ceux qui l’aiment et croient en lui.
Tu sais bien, père Joé, que les huîtres ne sont jamais très belles, extérieurement. Mais le pêcheur ne s’occupe pas de ça. Il pense aux perles, lui.
Nous ressemblons aux huîtres, nous autres. Et Dieu s’intéresse à nous. Il sait ce qu’il pourra faire en nous, si nous nous laissons trouver par lui. Regarde ! Il a transformé ma vie. Il m’a rendu heureux et même utile pour lui. Il peut faire la même chose avec toi, mon ami. Laisse-toi trouver par Dieu !
C’est ainsi que le vieux pêcheur de perles a entendu et compris l’Evangile. Peu avant la fin de sa vie, il a cru en Jésus-Christ. Nous le verrons un jour dans le ciel, car la Bible nous parle d’une grande foule qui sera là, de toute nation, de toute tribu, de tout peuple et de toute langue, pour toujours avec Dieu dans la gloire du ciel. Là, plus de larmes, plus de souffrances, plus de nuit. Que ce sera beau !
Y seras-tu, toi ?
Dieu a tout fait pour que tu puisses être sauvé. Mais maintenant, tout dépend de toi, seulement de toi. Que vas-tu décider ?
« Crois au Seigneur Jésus », dit la Bible, « et tu seras sauvé. »